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Darren Kedzierski : « J’ai juste eu les couilles de le faire »
Il a fait le tour du web avec son entrée fracassante sur le terrain lors d’un Coventry-Forest Green de League Two, la quatrième division anglaise. À 47 ans, ce fan inconditionnel des Sky Blues reconnaît avoir dépassé les bornes, mais moins que les dirigeants de son club, qu’il accuse d’avoir enterré Coventry City.
Parlons de ce fameux match face à Forest Green. Pourquoi as-tu décidé d’entrer sur le terrain ?J’étais tellement furieux ! Après toutes ces années à voir Coventry jouer au plus haut niveau, j’en avais juste marre de voir ça. En plus, les dirigeants qui possèdent le club ne font que s’adresser aux journaux, jamais aux fans. C’était ma façon d’exprimer mon mécontentement.
Quand on repense au niveau qu’a connu Coventry, qui gagne cette FA Cup en 1987, Dion Dublin meilleur buteur de Premier League avec Owen en 1998… Le club peut-il retrouver ce niveau un jour ?Non, jamais. Ce n’est pas possible. Nous sommes descendus trop loin pour revenir à ce niveau-là, les dirigeants nous ont définitivement enterrés.
Tu étais donc déjà là pour la victoire en FA Cup en 1987 ?Je suis fan de ce club depuis 1976. Cette année 1987 nous voit d’ailleurs finir dixièmes de Premier League, ce qui est un super résultat pour Coventry (le troisième meilleur classement de l’histoire de Coventry, ndlr).
Et donc, en allant sur le terrain, tu pensais changer l’état d’esprit de l’équipe ? Faire qu’elle joue mieux ?Je voulais aller voir le capitaine, Michael Doyle, pour lui demander de bouger son équipe. J’avais juste les boules de voir leur façon de jouer et de courir. Il m’a répondu de quitter le terrain. C’était une façon d’exprimer ce ras-le-bol, pas seulement sur le match, mais sur les résultats du club en général. Nous sommes bien trop faibles en ce moment. Cela fait un certain moment maintenant que nous n’avons pas réellement dominé un match. Nous ne jouons pas avec nos qualités, avec nos forces.
Tu étais déjà entré sur un terrain auparavant ?Oui, une fois avec d’autres supporters, on jouait contre Sheffield United et c’était retransmis à la télévision… J’étais entré sur le terrain quasiment pour les mêmes raisons, pour montrer aux propriétaires du club que c’était loin d’être suffisant ce qui nous était proposé. Je n’avais jamais fait ça seul ; mais il restait une poignée de minutes, et la physionomie du match indiquait que le score ne bougerait pas. J’avais besoin d’agir, de faire quelque chose pour changer ça.
Qu’est-ce que ça t’a fait d’être applaudi par toute la tribune ?C’était sympa, j’ai reçu la plus grande ovation du match. Je ne suis pas sur Twitter, même si j’ai pensé m’inscrire, mais je suis sur Facebook et énormément de personnes m’ont contacté pour me témoigner leur sympathie.
Comme si tu matérialisais le ressenti de pas mal de gens ce soir-là…Je pense que pas mal de gens avaient l’envie de faire ce que j’ai fait. Il n’y a pas que le foot dans la vie, j’ai juste eu les couilles de le faire. Maintenant, j’ai eu ce courage à cet instant et j’en paierai le prix fort. Mais je suis prêt à l’accepter.
Tu penses que des changements doivent avoir lieu ?Oui, les dirigeants auraient dû partir il y a bien longtemps. Mais ils vont rester encore suffisamment longtemps et finir de détruire le club.
Qu’est-ce que tu risques comme sanctions ?Je ne suis pas sûr encore. Je dois voir les policiers mardi pour faire un état des lieux, et je serai probablement banni du stade après cela. Ce n’est pas la première fois que j’ai des ennuis avec le club, j’ai déjà été banni deux fois.
Enfin, qu’est-ce que tu feras la prochaine fois que Coventry perdra un match et jouera mal ?Je ne pourrai rien faire… J’attends juste de parler à la police pour savoir si j’aurai le droit d’aller aux matchs à l’extérieur. J’espère revenir au stade un jour, mais tant qu’il y aura cette équipe dirigeante, je sais que ce ne sera pas possible.
Propos recueillis par Andrea Chazy et Hervé Des Graviers