- Ligue des champions
- 3e journée
- Groupe F
- Lille/Bayern Munich
Dante est de retour, et il a bien changé !
Mine de rien, le Bayern Munich réalise un excellent début de saison. 8 matchs, 8 victoires et cinq points d’avance sur le second, l’imprononçable Eintracht Francfort. Grand artisan de cette réussite, Dante sera une nouvelle fois titulaire ce soir face à Lille, son ancien club. Avec pour sérieuse ambition de se relancer après la défaite à Borisov il y a deux semaines.
Des Brésiliens passés par le championnat de France dans une discrétion qui confine à l’injustice avant d’exploser à l’étranger, on en connaît pas mal : Luis Fabiano (passé par Rennes avant d’affoler les défenses adverses avec Séville), Marcelinho (passé par Marseille avant de dynamiter l’attaque du Hertha Berlin) ou même Nilmar (peu ou mal utilisé avec Lyon avant de faire le bonheur de Villarreal). Depuis juin 2012, date à laquelle il signe un contrat de quatre ans avec le Bayern Munich, on pourrait donc rajouter Dante Bonfim Costa Santos, dit « Dante » . Pourtant, en conférence de presse hier soir, le Brésilien ne semblait pas révolté contre Lille, son ancien de club de 2003 à 2006 : « Mes années passées au LOSC restent une bonne période pour moi. Je suis arrivé ici à l’âge de 20 ans, j’avais un peu le mal du pays et des difficultés à apprendre la langue. Je m’y suis fait des amis et ma famille aussi. J’ai beaucoup appris au niveau du football, mais aussi de la culture. »
Brandão du riche
Sous ses allures de « Brandão du riche » , Dante est un défenseur robuste, du genre à ne pas laisser la moindre liberté à l’attaquant adverse. Loin de se la jouer poète, du haut de son mètre 87, c’est d’une main de maître qu’il dirige la défense du Bayern depuis le début de saison. Une défense qui n’a concédée que deux malheureux buts en Bundesliga. Depuis les premières années de Van Buyten au sein du club bavarois, franchement, aucun défenseur n’avait aussi bien mis le pied sur le ballon et renforcé les fondations. Geoffrey Dernis, son ancien partenaire au LOSC, se dit surpris, mais pas étonné : « Je ne vais pas dire que ça ne me surprend pas, ce serait lui manquer de respect. C’est un joueur qui est reparti de très très loin, qui a su rebondir comme beaucoup de joueurs ne savent pas le faire parce qu’ils s’obstinent à vouloir jouer dans des clubs où ils n’ont pas leur place. Lui a choisi de ne pas griller les étapes et, petit à petit, ça l’a construit. »
Avec toutes ces louanges, on en oublierait presque d’où vient Dante. Expatrié de son Brésil natal un soir d’hiver 2003 par Jean-Luc Buisine, le jeune homme, 20 ans à peine, débarque à Lille. Autant le dire tout de suite, le gaillard n’a pas marqué les esprits du côté des Dogues. Geoffrey Dernis confirme : « C’est un joueur qui n’a pas toujours eu la confiance des entraîneurs et des dirigeants. Peut-être est-ce à cause de son jeune âge. Mais quand d’autres se rebellent, lui a toujours été très exemplaire, rigoureux et avait énormément envie d’apprendre. » Son bilan ? Une Coupe Intertoto en 2004, une deuxième place en championnat en 2005, 12 matchs en Ligue 1 et un prêt souhaité par tous à Charleroi en janvier 2006. Pas de quoi frimer, c’est sûr. Alors pour se refaire un peu, le gus change de méthode. Finis les tacles ratés et les appels d’air dans son dos, désormais, il sera intraitable. Le Brésilien est back in the game, bien décidé à imposer son style. Et pour se refaire une crédibilité, c’est en Belgique, au Standard de Liège plus exactement, et au Borussia Mönchengladbach qu’il pose tour à tour ses bagages. Ben quoi ? Certains choisissent le Barça, le Real ou l’Inter, lui a tout simplement le triomphe modeste.
Sur un air de samba
Aujourd’hui, alors qu’il revient dans le Nord pour affronter son ancien club, peut-on vraiment croire que la nostalgie le gagnera ? La bonne blague. Si on était parieur, on miserait plus sur un gros match en forme de message adressé à ceux qui ont mis ses compétences en doute plutôt qu’un joli salut de la main façon Miss France. De toute manière, hormis les jeunes du centre de formation, seul reste Debuchy de cette épopée lilloise. Même la pelouse et le stade ne sont plus les mêmes, alors… « Je suis non seulement pressé, mais je suis aussi curieux de découvrir le Grand Stade. À part Mathieu Debuchy et certains salariés administratifs, tout a beaucoup changé. Le LOSC a grandi et mérite vraiment de jouer aujourd’hui dans une belle et grande arène. L’équipe lilloise reste dangereuse offensivement et possède des joueurs de très bon niveau comme Martin, Roux, mais aussi Kalou qui vient de remporter la Champions League avec Chelsea, sans oublier le coach, Rudi Garcia. Nous allons devoir être à 100% concentrés pour éviter que le LOSC ne nous pose des problèmes. » . Pas avare en compliment, le Dante.
Or, on le sait, les joueurs évoluant contre leur ancien club ont tendance à faire un gros match. Même les éternels « c’est bon, il est défenseur, aucune chance qu’il ne mette un but » ne peuvent être crédibles. Car, outre l’excellente forme du Bayern, son armada offensive et ses certitudes dans le jeu, Dante est bel et bien un atout précieux, aussi solide que dangereux offensivement. S’il y a un supporter intelligent dans les tribunes – ce qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas si rare dans le Nord – on ne lui conseillera que trop peu de mettre un air de samba dans son haut-parleur. Sait-on jamais, cela pourrait le distraire. Et inspirer De Melo !
Par Maxime Delcourt