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Dans l’abondance, l’Argentine cherche son Batigol

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires
Dans l’abondance, l’Argentine cherche son Batigol

Agüero. Tévez. Higuaín. Icardi. Dybala. Vietto. Di Santo. Ils sont sept buteurs argentins à postuler sérieusement pour le poste de numéro 9 de l'Albiceleste à la Copa América ayant lieu en juin au Chili. Mais Tata Martino le dit et le répète : un seul avant-centre a sa place en haut de son 4-3-3. Une abondance qui génère de l'injustice et de la polémique, mais pas forcément plus de buts. Une histoire d'excès et de talent, qui rappelle le sombre destin de la paire Batistuta-Crespo au Mondial 2002, mais aussi les exploits de Batigol en 1991…

L’Argentine, le pays des démesures, est le titre d’un essai économique signé Juan J. Lach et Martin Lagos. Si leurs idées traitent surtout d’inflation grave et de protectionnisme aigu, elles pourraient aussi aborder une géographie gargantuesque, des bouts de matambres à la longueur infinie, et un amour curieux pour des chaussures plateformes qui feraient de Messi un géant. Surtout, ce titre pourrait être celui de l’histoire des vingt dernières années d’un football qui n’arrive pas à se tenir droit. Lors de la Copa América 1993, l’Albiceleste remportait son dernier titre sur un doublé de Gabriel Batistuta. En cette année 2015, un an après l’épopée finaliste du Mondial brésilien lors de laquelle Higuaín, Agüero et Palacio auront déçu, le débat est donc classique : qui sera le Batigol de Tata Martino ?

L’abondance et l’injustice

Les candidatures d’Agüero, Tévez et Higuaín ne sont plus à présenter. Mais derrière, certains continuent à taper à la porte. Et ils tapent de plus en plus fort. Mauro Icardi, pourtant peu aidé par l’animation offensive de l’Inter, a déjà marqué 19 fois toutes compétitions confondues, et présente le profil de tueur batigolesque que l’Argentine n’avait pas au dernier Mondial. Une sorte d’anti-Higuaín, n’ayant peur de rien, ni de l’enjeu, ni du ridicule. Paulo Dybala, désigné meilleur joueur de la première moitié de saison de Serie A par les notes de la Gazzetta dello Sport, est la dernière sensation du football italien (12 buts, 8 passes décisives). Lucky Vietto, successeur de Javier Saviola dans la catégorie des lapins bondissants, réalise une première saison européenne inattendue à Villarreal (16 buts, 6 assists toutes compétitions confondues). Enfin, un autre attaquant de surface est attentivement examiné par le staff de Martino : Franco di Santo, géant du Werder aux 11 buts en Bundesliga. Pour revenir dans l’histoire, cela donne l’héritier de Batistuta, le nouvel Agüero, une copie de Saviola et la réincarnation de Martin Palermo. Derrière, il faut bien entendu compter sur la candidature de certains revanchards du dernier Mondial, qui pourraient monter en puissance d’ici le mois de juin : Lavezzi et Palacio. Et aussi sur les talents des championnats sud-américains : les noms de Lucas Pratto et Gustavo Bou ont aussi été avancés, avec plus ou moins de sérieux. D’après Martino, « environ 70 joueurs sont suivis, au niveau local et international. »

En novembre dernier, Martino avait affronté la Croatie avec deux trios différents : Di María-Messi-Agüero, puis Lamela-Messi-Tévez. Un joueur capable de faire voler une aile, Lionel Messi, et un avant-centre. Il y a un mois, dans un entretien accordé au quotidien cordobés La Voz del Interior, le sélectionneur tranchait : « Pour le schéma en 4-3-3 qui nous plaît, en principe, entre Agüero, Tévez et Higuaín, il y a seulement une seule place. » En clair, l’Argentine jouera la Copa América chilienne avec un seul numéro 9. Cela pourrait être un partenaire de jeu pour Messi, à la Tévez ou Agüero, mais cela pourrait aussi être un finisseur travailleur, à la Higuaín ou Icardi. Dans tous les cas, d’immenses talents – qui plus est en pleine forme – seront laissés au pays. Une injustice dont Tata Martino est parfaitement conscient, comme il l’a montré dans un discours à la Bielsa : « L’abondance n’est pas une mauvaise nouvelle pour moi, mais la seule chose qu’elle garantit, c’est l’injustice. Mis à part dans un contexte de pénurie, c’est très difficile d’être juste dans le football » .

Lumières individuelles et bazars collectifs

Justement, Marcelo Bielsa. Mondial 2002, l’Argentine s’envole vers le Japon avec la conviction de maîtriser un bon football, et une abondance d’options offensives. Batistuta, Crespo, Lopez, Caniggia devant. Ortega, Gallardo, Aimar juste derrière. Cela faisait beaucoup. Beaucoup trop pour Bielsa, qui choisit le schéma plutôt que le talent malgré le cri de rage de tout un pays : Batistuta est aligné seul en pointe, sans Crespo. Trois matchs plus tard, l’Albiceleste est éliminée en poule par la Suède de Larsson, Ljungberg et Svensson. Cette année-là, quelque part, le football argentin se ment en essayant de faire remporter le collectif. Écrivain renommé pour ses contes de football, Eduardo Sacheri aime raconter les nuances des coups de pinceau qui ont formé le tableau du football argentin d’aujourd’hui : « Notre football est rempli de feintes, d’astuces, de témérité, de déséquilibre. Et d’individualisme, anarchie, insolence, indiscipline. C’est un football d’esthètes et de camaraderies. Un football de lumières individuelles et de bazars collectifs. » Qui préfère attendre la lumière que ranger le bazar : « On a ce côté-là« j’attends mon sauveur ».En fait, l’Argentin fait très peu confiance aux réponses collectives. On aime tout résoudre individuellement. Et ça ne peut pas marcher. Regarde comment on conduit. On est un danger pour l’humanité et pour nous-mêmes. » Un pays de 9 et de 10 qui, en finale de Coupe du monde, met sur le banc Agüero et laisse à la maison Tévez, pour aligner Lucas Biglia et Marcos Rojo. La démesure, toujours.

En attendant, cette Copa América ne devrait pas être celle du renouveau. Sauf blessures graves, Tévez, Agüero et Higuaín semblent aussi intégrés dans cette Copa América que le sont les noms de Belgrano, San Martin ou Puyrredon dans les murs des cités argentines. Si toutes les jeunes candidatures sont attrayantes, Tata Martino a bien l’intention de mettre à profit le grand acquis du Mondial d’Alejandro Sabella : l’union du groupe. D’ailleurs, il a tenu à mettre les choses au clair à propos des places à prendre. « Dybala est en train de réaliser une grande saison, il a mis 12 buts. Mais il se trouve qu’Higuaín en a mis 12 et Tévez, 15. Si Dybala marquait à tous les matchs et que les autres étaient remplaçants, là le discours serait différent, et je regarderais les choses de plus près. Mais tant que les attaquants de la première ligne continuent à jouer à ce niveau, ils vont conserver leur avance. » Si Bielsa avait dû choisir entre le schéma et le talent, Martino doit faire son choix entre la stabilité du groupe et la surprise de la nouveauté. En 1991, Gabriel Batistuta avait 22 ans. Sélectionné pour la première fois dix jours avant le début de la Copa América, le buteur avait finalement marqué six fois en six matchs, dont le but décisif de la finale. Une histoire qui vaut bien une surprise.

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Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires

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