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Dans la tête d’Élie Baup
L'entraîneur de l'OM est actuellement le coach le plus contesté de Ligue 1. Trop frileux pour certains, pas assez autoritaire pour d'autres, il a pourtant fait des choix. Plongée sous la casquette du technicien.
Si, en Angleterre, c’est Martin Jol et Chris Hughton qui ont la faveur des pronostics lorsqu’on se demande dans un centre de paris qui sera le prochain à se faire éjecter d’un poste d’entraîneur de Premier League, en France, tous les suffrages ou presque portent sur le nom d’Élie Baup. Justifié ? Certes, l’OM reste sur une série de 7 matchs sans victoire, indigne de son histoire, de son standing, et surtout de son recrutement qui a largement passé la barre des 40 millions d’euros. Pour autant, l’homme à la casquette a le mérite de faire certains choix, pas forcément visibles de loin.
Pourquoi il laisse Mario Lemina sur le banc
Le dernier jour du mercato, Loïc Féry décroche son téléphone et appelle Vincent Labrune : « Yo, Vince Vega, faut que tu me dépannes là, achète-moi un mec, faut que j’équilibre mes comptes. » Labrune rappelle une heure plus tard pour Lemina. Féry feint d’être piégé, d’avoir pensé à Monnet-Pacquet, mais en vrai, il a ce qu’il veut : le Super Mario du Morbihan part pour le Vélodrome contre 5 millions d’euros avec les bonus, le meilleur jeune de la promo 94 de la Commanderie, et le second en prêt avec option d’achat légère. Mais à part couler Lorient (1 victoire pour 7 défaites et un père Gourcuff qui ne décolère pas depuis), on se demande à quoi a servi ce transfert. Car s’il y a bien un secteur où Baup ne voulait pas recruter, c’était là. Garant de l’équilibre de son équipe entre l’attaque et la défense, il voulait faire de Romao son pilier indéboulonnable. Maintenant que l’équipe tourne moins, que chacun veut sauver l’équipe devant et, de fait, pense moins au replacement et au harcèlement de la relance, il sait que lancer Lemina serait tout sauf un cadeau. Mais avant que la crise ne se révèle, il avait commencé à l’intégrer, le faisant jouer 6 en fin de match contre Saint-Étienne avec un Romao plus haut, histoire de lui faire prendre la mesure du poste.
Pourquoi il surexploite Mathieu Valbuena
Si Mathieu Valbuena est dans sa huitième saison à l’OM, il a vraiment pris une autre dimension la saison dernière avec un Élie Baup qui lui a fait un 4-2-3-1 sur mesure. Phocéen d’or de la saison, et d’assez loin, le milieu offensif traîne un peu plus la patte cet automne et enchaîne pourtant les rencontres. Il a besoin de souffler et, vu ses stats, le coup du « on le laisse parce qu’à tout moment il peut marquer un but tout seul d’un autre monde » ne tient pas vraiment. Mais même si Valbuena, quand ça tourne moins bien, a logiquement envie de jouer au sauveur, il est le seul de l’effectif capable de renverser le jeu, de faire une passe de plus de 40 mètres. Ce qu’un Cheyrou par exemple n’arrive plus à faire, désolé. Et l’ancien entraîneur de Toulouse aimerait tout autant éviter de concocter un onze seulement avec Ayew, Imbula, Thauvin, Payet, bref… des mecs qui ont beaucoup de qualités, mais qui sont meilleurs pour foncer que pour lever la tête, si on veut rester positif.
Pourquoi il ne se sert pas plus de Saber Khalifa
Ce n’est que plusieurs semaines après son recrutement que les dirigeants marseillais expliqueront pourquoi ils ont pris l’homme qui a mis un but de 64 mètres. Pour eux, il était acquis que, d’ici la fin du mercato, Jordan Ayew allait rallier la Premier League. Mais l’une des plus belles crêtes de Ligue 1 a décidé de prolonger l’aventure dans son club formateur. Alors, dans la dernière ligne droite du mercato, Labrune, qui voulait absolument recruter Thauvin, a mis un léger coup d’épaule à son entraîneur : « Oh Élie, je sais que tu t’attends à ce qu’on prenne un avant-centre, mais moi, je veux le jeune Thauvin, alors ce qu’on n’a qu’à faire, c’est qu’on se dit désormais que Khalifa, c’est un attaquant de pointe. En plus, regarde, il est grand. » Si Baup n’a rien de personnel contre le Tunisien, dur de ne pas voir en lui le symbole de ce recrutement qui n’est pas le sien. Surtout que Khalifa a déclaré qu’à choisir, il préférait jouer à gauche. Si ces entrées ont presque toujours été intéressantes, il n’a pas échappé à Baup que le joueur décrochait au moins autant que Gignac. Cela s’est vérifié contre Reims où l’ancien joueur d’Évian a été aligné en pointe sans peser sur la rencontre. Tant qu’à faire, l’entraîneur préfère mettre Jordan Ayew, qui a le mérite de harceler la défense adverse lorsqu’elle cherche à se dégager.
Pourquoi ses changements interviennent si tard
S’il y a une explication à trouver, elle vient de l’organisation du staff. En effet, Franck Passi, l’adjoint de Baup, est muni d’une oreillette et il discute des changements avec un membre du staff en tribunes, le responsable de la cellule vidéo de l’OM, recruté par Baup (et qui est le fils de son meilleur ami pour être complet). Les mauvaises langues à Marseille racontent que José Anigo s’inviterait de temps à autre sur la ligne. Quand on est beaucoup à prendre une décision, forcément, ça demande du temps.
par Romain Canuti