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Dans la sauce Grbić
Courtisé sur le marché des transferts, Adrian Grbić s’est senti pendant un moment avec le maillot du Stade brestois sur les épaules. Cependant, c’est bien du côté du FC Lorient, rival du club finistérien, que l’Autrichien d’origine croate pose ses valises. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette arrivée ne s’est pas faite en douceur.
Quel poids peut-on donner à une promesse verbale ? Au moment de se pencher sur le dossier d’Adrian Grbić, la réponse serait sans doute plus proche de la plume plutôt que de l’enclume. En tout cas, Grégory Lorenzi appuie dans ce sens dans les colonnes du Télégramme. « Il avait donné sa parole, dévoile le directeur sportif du SB29. Je considère qu’à partir du moment où le joueur me rappelle pour me dire « C’est bon, j’ai choisi, c’est sûr que je viens chez vous, je suis content », le dossier est bouclé. Et de l’entourage du joueur, dont j’avais aussi l’accord, je pensais qu’à partir de là, par professionnalisme, il n’écouterait plus les autres propositions non plus. » Hélas, croire à un accord oral dans un monde aussi concurrentiel que celui du football est une belle erreur. En voici encore la preuve : depuis mercredi soir, Grbić est officiellement le nouvel attaquant de Lorient pour les cinq prochaines saisons.
Nouveau joueur en approche : opération aéroportée en cours pic.twitter.com/Tg32LXbgbm
— FC LORIENT (@FCLorient) July 8, 2020
La bataille de Bretagne, épisode 2
Aujourd’hui, un attaquant de Ligue 2 aussi performant que Grbić possède une valeur marchande relativement élevée. Auteur de 17 buts et 4 passes décisives en 26 matchs de championnat pour sa première saison avec Clermont, l’ancien joueur d’Altach (Autriche) est donc devenu une cible potentielle logique pour plusieurs clubs dans l’Hexagone : l’OM, Saint-Étienne, Brest et Lorient se sont rapidement manifestés pour témoigner leur intérêt. Si les deux premiers n’ont jamais formulé d’offre concrète et préfèrent attendre une saison de confirmation de l’avant-centre en Ligue 1, Brest a rapidement proposé un beau chèque au Clermont Foot 63 : sept millions d’euros plus un million supplémentaire en cas de maintien du club finistérien en Ligue 1. « Samedi, le joueur nous a appelés pour nous dire qu’il venait à Brest, détaille Lorenzi à Ouest-France. Il a appelé le coach et a même demandé si le numéro 7 ou le numéro 9 étaient disponibles. Il désirait l’un des deux. »
Ce ne sera finalement aucun des deux. La faute à quoi ? À la surenchère. Bien décidé à s’offrir un joueur de grand standing malgré son statut de promu, Lorient passe à l’action durant le week-end et fait passer à Clermont une offre estimée à dix millions d’euros – un chiffre démenti par le club – conforme aux souhaits initiaux du club auvergnat. Autre détail important : le salaire du joueur fixé à 130 000 euros mensuels, soit le double de la proposition brestoise. De quoi laisser le voisin bouche bée. « Moi quand je donne ma parole, je ne reviens pas dessus, enrage Lorenzi à Ouest-France. Je ne m’attendais pas à ça. » Difficile, mais pas impossible de prévoir une telle issue quand on connaît la force de persuasion de Loïc Féry. Durant l’été 2015, le président lorientais avait déjà coupé l’herbe sous le pied d’un autre voisin en allant chercher Abdul Majeed Waris, alors attaquant à Trabzonspor en partance pour Rennes, directement à l’aéroport de Roissy sous les yeux médusés des émissaires du Stade rennais. Cinq ans plus tard, le FC Lorient frappe encore et prouve qu’il sait bien entretenir les querelles de clocher. « On est en concurrence avec Brest et son directeur sportif, Grégory Lorenzi, mais nous avons travaillé en toute sérénité et nous n’avons jamais abandonné, tempère Christophe Le Roux, directeur sportif des Merlus, dans Ouest-France sans vouloir s’épancher sur cette affaire. On a convaincu Grbić de venir autour d’un projet sportif très cohérent, ce que le club pouvait lui apporter, nos infrastructures et nous avons bouclé ce transfert. »
« Le projet du club m’a beaucoup plu »
Dans le Morbihan, Adrian Grbić va devenir le transfert le plus cher de l’histoire des Merlus. Il succède ainsi à l’achat de… Waris (5 millions), dont le passage avait laissé de bons souvenirs aux supporters du Moustoir. « Ma volonté était de rester en France, confie le joueur de 23 ans sur le site officiel de son nouvel employeur. Le projet du club, exposé notamment par le coach, le directeur sportif, le directeur général et le président avec qui j’ai échangé à de nombreuses reprises, m’a beaucoup plu. » À un an de l’Euro et pour sa première saison en Ligue 1, le joueur formé entre le Rapid Vienne et Stuttgart se retrouve dans des conditions optimales pour poursuivre sa collection de buts et attirer l’œil d’une sélection nationale, qu’il s’agisse de l’Autriche ou la Croatie. À lui d’en tirer profit, tout en sachant que personne ne lui fera de cadeaux en Ligue 1, surtout pas les supporters du Stade brestois, le 20 septembre prochain, lors d’une réception des Merlus qui sent déjà la poudre.
Par Antoine Donnarieix