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Danny Welbeck, héros local
Natif de Manchester, l’attaquant des Red Devils vient de claquer quatre buts en un mois. Une chose rare chez ce jeune attaquant souvent moqué pour sa maladresse offensive. Pourtant, David Moyes croit beaucoup en lui. Il a bien raison.
Danny Welbeck et Wesley Brown ont joué ensemble à Manchester United avec une coupe de cheveux atypique, mais ce n’est pas leur seul point commun. Comme le défenseur central « rouquin » , Danny a poussé ses premiers cris à Manchester. C’est un mec du coin. Un autochtone. Cela ne lui confère aucun droit en particulier si ce n’est celui d’évoluer sous les couleurs du club de sa ville natale depuis qu’il a fêté son sixième anniversaire. Et compte tenu de son niveau, c’est presque un miracle. Car, avouons-le, à 23 ans, Welbeck est un attaquant qui ne marque jamais. Ou très rarement. C’est embêtant. En général, quand on cherche à dresser la liste des qualités footballistiques du numéro 19 de United, le mot « finition » n’est jamais mentionné. C’est dommage car l’homme a tout ce qu’il faut pour être un excellent footballeur. Par exemple, et c’est devenu rare chez un professionnel, il est intelligent. Il comprend le football. Que ce soit en pivot, dans les remises, les appels, les combinaisons ou le jeu dans les petits espaces, Welbeck sait tout faire. Et avec n’importe qui. Qu’il soit associé avec Rooney, Januzaj, Hernandez ou Van Persie, Welbeck est un formidable duettiste. Il prend la mesure et donne du rythme. Il suffit de revoir son caviar pour Januzaj contre West Ham pour s’apercevoir que Danny est un footballeur conscient.
En revanche, face au but, c’est une catastrophe. Et dans un club qui a vu défiler des snipers de la trempe de Van Nistelrooy, Hughes, Yorke, Cole ou Van Persie, ça fait tâche. Pendant longtemps, on a rangé cette maladresse sur le compte de sa jeunesse. Après tout, Welbeck n’a que 23 ans. Mais son nom circule sur les prés depuis ses 18 ans. En cinq saisons chez les professionnels, l’attaquant n’a jamais franchi la barre des dix buts en championnat (son meilleur total remonte à 2012 avec neuf buts en Premier League). Cette inexpérience supposée ne doit plus servir d’excuse. Et cette saison, l’attaquant a déja marqué 6 fois en seulement 13 matchs. C’est très honnête.
Le Nwankwo Kanu 2.0 ?
À sa décharge, le jeune homme a été longtemps trimballé sur un côté, là où sa pointe de vitesse devait servir son équipe, mais nettement moins sa lucidité dans le dernier geste. C’est oublier que Welbeck est avant tout un attaquant axial. Ironique et dramatique à la fois, mais c’est comme ça. Dans son jeu, il y a un peu de Kanu ou d’Adebayor. Des longues tiges techniques capables de gestes fous, mais aussi de ratés incroyables dans la même action. Sur internet, on trouve facilement des vidéos de Welbeck tentant n’importe quoi. C’est drôle. Ou Ridicule. Souvent les deux, d’ailleurs. Les deux Africains ont réussi à vite se débarrasser de cette étiquette après des débuts prometteurs mais maladroits à Arsenal. Pour Welbeck, il serait grand temps de couper le cordon. Il faut s’affirmer. On attend plus de lui. Son côté sprinteur jamaïquain façon Rasta Rockett, c’est mignon quand on s’adresse à des enfants. Aujourd’hui, United n’a plus envie de rire et le pur produit de la formation locale doit renvoyer l’ascenseur. À l’instar de son pote de promotion Tom Cleverley, le potentiel ne suffit plus. À un moment donné, pour s’imposer à MUFC, il faut être constant. On sait que le gamin en est capable, lui qui avait éclaboussé la pelouse de Santiago Bernabéu de son talent en février dernier…
Et dernièrement, Welbeck a fait quelque chose de rare chez lui : il a marqué des buts de manière régulière. Que ce soit à Aston Villa (doublé), West Ham ou Norwich (un but à chaque fois), l’attaquant a fait le job. Tout le monde s’est d’ailleurs empressé de saluer la performance du wonder kid. Son coach, Moyes, en premier : « Je pense que Danny Welbeck a fait une grande différence pour nous à son entrée en jeu. » Puis Patrice Évra : « Il a fait la différence. Je suis tellement content pour lui, parce qu’il travaille dur, et il commence à marquer beaucoup de buts. J’espère que ça va continuer. » Assuré d’être du voyage au Brésil avec la sélection anglaise (le poste d’avant-centre est globalement sinistré, il faut dire), le jeune espoir doit profiter de cette seconde partie de saison pour confirmer son retour en forme en club. De belle promesse, il rêve de passer à titulaire indiscutable. Après tout, sur son talent pur, il mérite quand même mieux que la sortie de route de Wesley Brown.
Par Mathieu Faure