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Danny Mwanga, de Kinshasa à Orlando

Par Gabriel Cnudde
Danny Mwanga, de Kinshasa à Orlando

À seulement 23 ans, Danny Mwanga, nouvel attaquant d'Orlando, a déjà tout connu : cinq clubs différents, une naturalisation, une dictature et une guerre civile. Un parcours atypique qui a de quoi lui donner la hargne nécessaire pour devenir footballeur professionnel.

Miniature du Stars and Stripes et certificat de nationalité en main, Jean-Marie Daniel Mwanga, dit « Danny » , récite, en même temps que la dizaine d’autres personnes présentes dans ce bâtiment public de Portland, le serment d’allégeance aux États-Unis d’Amérique. En connaissance de cause, il répète : « Je fais le serment d’abandonner et d’abjurer toute allégeance et fidélité à quelque prince étranger, potentat, État ou souveraineté dont j’ai été précédemment le sujet ou le citoyen. » Nous sommes le 24 juin 2013, et cela fait déjà plus de sept ans que Danny Mwanga vit dans l’Oregon. Il aurait pu rester en République démocratique du Congo, où il est né, et il aurait sans doute pu devenir footballeur en Europe. Mais la première guerre du Congo, qui a secoué le pays de 1996 à 1997, a complètement chamboulé les plans de Jean-Marie Daniel. De réfugié politique à footballeur professionnel, le chemin qu’il a emprunté est long et tumultueux, mais lui permet aujourd’hui de jouir d’une détermination à toute épreuve.

Le Zaïre, la RDC et les États-Unis

Entre 1971 et 1997, le dictateur Mobutu Sese Seko, désireux de rapprocher le Congo de ses origines en supprimant tous les mots à consonance occidentale, renomme le pays Zaïre. Pendant cette phase de « zaïranisation » , le chef de l’État est conseillé par un certain monsieur Mwanga, le père de Danny. Seulement, lorsqu’éclate la guerre civile, les rebelles, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, traquent le dictateur et ses proches. « J’essaye de ne pas trop en parler. Un matin, il a quitté la maison, il est parti au travail, et c’est la dernière fois que je l’ai vu » , se souvenait Danny Mwanga lorsqu’il évoquait son parcours à l’émission MLS Insider, en 2013. La disparition de son père, dont la mort n’a jamais été officialisée, contraint la mère de Danny à partir pour Portland, et de confier son enfant à son oncle, en 2001. « À cette époque, je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer dans le futur. Même pas spécialement en tant que joueur de football, mais en tant que personne » , expliquait-il il y a deux ans. À dix ans, Danny vit la période la plus sombre de sa vie.

Heureusement, le football est pour lui une timide éclaircie dans ce ciel bien sombre. Son oncle, coach influent dans la région, a bien essayé de lui organiser des essais en Europe, mais Danny n’a qu’un seul souhait. « À cette époque, tout ce que je voulais, c’était retrouver ma mère après tout ce temps que j’avais passé sans elle » , confiait-il au Denver Post alors qu’il évoluait encore pour les Colorado Rapids. En 2006, ses sœurs et lui montent dans un avion pour l’Oregon et laissent derrière eux l’Afrique centrale. À 15 ans, Danny débarque dans un pays qu’il ne connaît pas, dont il ne parle pas la langue, et avec juste un ballon pour l’aider à se faire des amis – ce qui, bien souvent, est suffisant. « À cette époque, j’étais jeune, je comprenais un peu la situation, mais pas complètement. Avec du recul, j’ai compris pourquoi ma mère a agi de la sorte, et je me rends compte de la chance que j’ai eu de pouvoir quitter le pays et de pouvoir venir recommencer une vie ici » , expliquait-il au Denver Post. Une nouvelle vie de footballeur.

« C’était comme si une météorite était tombée en Oregon »

À force de taper dans un ballon au parc, Danny finit par taper dans l’œil de Monty Hawkins, l’entraîneur des West Side Metros, qui ne tarit pas d’éloges à son sujet : « C’était comme si une météorite était tombée en Oregon, avec ses capacités techniques et son niveau de jeu. On avait des bons joueurs ici, mais on n’avait jamais vu quelqu’un de similaire. » Petit à petit, Danny prouve que ces éloges étaient amplement mérités. Après avoir obtenu une bourse et passé deux ans à Oregon State, Danny devient le number one pick lors de la draft 2010 en Major League Soccer. Seulement, après deux saisons convaincantes avec le Philadelphia Union, puis une un peu plus compliquée avec les Portland Timbers, Danny connaît un désert footballistique qu’il semble avoir bien du mal à traverser. Muet depuis 2012 en MLS, le néo Américain espère pouvoir rebondir à Orlando, la nouvelle franchise avec laquelle il s’est engagé.

« Nous savions en le recrutant que ça allait être un processus lent de rebâtir sa confiance. Il a prouvé qu’il pouvait jouer à ce niveau, marquer à ce niveau, mais s’il a besoin de temps, nous lui donnerons » , confiait Andrian Heath, coach des Lions, à l’Orlando Sentinel, en février. Du temps, il lui en faudra sûrement, puisque la hiérarchie des attaquants fait de Danny Mwanga un joueur cantonné au banc de touche. Mais une chose est certaine, Danny ne regrette rien, bien au contraire. Comme il l’expliquait à l’Orlando Sentinel, le tout jeune citoyen américain sait qu’il a eu une chance inouïe : « J’avais beaucoup d’amis qui était probablement aussi bons que moi, mais tous n’ont pas eu ma chance. Alors quand je regarde derrière moi, que je repense à tous ces garçons, et à tous les autres, coincés là où j’ai grandi, cela me donne énormément de motivation. »

Par Gabriel Cnudde

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