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Danke und Tschüss, Robert Lewandowski

Par Ali Farhat
Danke und Tschüss, Robert Lewandowski

Samedi dernier, Robert Lewandowski a disputé son dernier match au Westfalenstadion en tant que joueur du Borussia Dortmund. L’été prochain, l’attaquant polonais portera les couleurs du Bayern Munich, après quatre ans de succès et de rires, et aussi d’embrouilles et de larmes sous le maillot du BVB. Mais au final, on retiendra qu’il a apporté beaucoup de bonheur et de joie dans le cœur des supporters. Parce que Robert Lewandowski, c’est avant tout la magie.

Ça y est, Robert. Ça y est, tu vas partir. Oh, bien sûr, il te reste un petit échauffement en championnat sur la pelouse du Hertha avant d’affronter le Bayern en finale de DFB-Pokal, mais en soi, ton histoire avec le Borussia Dortmund est terminée. Après quatre ans à gambader joyeusement sur la pelouse du Westfalenstadion, tu fais tes valises, direction la Bavière. Tant mieux pour toi. Tu dis quitter la Ruhr avec « un œil qui rit et l’autre qui pleure » . Sache qu’à Dortmund, du côté des supporters, c’est à peu près pareil. À ceci près qu’il y a un œil qui pleure et l’autre… qui pleure aussi.

Quatre ans déjà que tu as débarqué en Allemagne, en provenance de ta Pologne natale. Tu te rappelles ton premier but ? Un retourné en amical, contre Lotte. Dès ton arrivée, tu t’es montré agressif (dans le bon sens du terme) : toi, le gamin de Varsovie, tu as brisé ton pacte. Tu voulais être titulaire, quoi qu’il arrive. Seulement, Jürgen Klopp t’a appris à ronger ton frein, à mater Lucas Barrios empiler les buts avec le BVB. Bien sûr, tu étais en colère au début, tu ne comprenais pas. Mais tu es quelqu’un d’intelligent. Tu as appris à fermer ta bouche, et à bosser. Et surtout, en bon attaquant, tu as su saisir la chance qui s’est présentée à toi. L’occasion fait le larron, dit-on. Au début de ta deuxième saison, tu as profité de la blessure du Paraguayen pour t’imposer sur le front de l’attaque. Non seulement en tant que buteur, mais avant tout en tant que joueur.

Tu as montré que tu étais capable de marquer des buts de crevard, mais aussi tenter (et réussir) des gestes de grande classe. Le plus beau étant certainement ton contrôle « porte-manteau » que tu places comme si tu enfilais ton short. Les balles longues n’ont plus de secret pour toi. Quand tu tends la jambe, tu sais d’avance que tu vas réussir ton geste. M’enfin, un père judoka, une mère volleyeuse et une femme karatéka, ça doit aider à mieux connaître son corps. Et ça doit aider pour effectuer ce fameux travail de sape sur les défenseurs. T’es mignon, mais passer une soirée à côté / sur toi, ça doit être un vrai calvaire.

Où sont passées les roues de ta voiture ?

Tu as montré à toute la Bundesliga que tu savais caresser le ballon comme personne. Ou plutôt comme un certain Dimitar B., la vitesse en plus. Même si en vrai, tu aimes bien faire le nonchalant de temps en temps. Ta technique, c’est peut-être ce qu’il y a de plus beau en toi. Ces dribbles, ces feintes de corps, ces passes en profondeur que personne d’autre que toi ne voit, cette impression que tu donnes de sentir les choses quelques secondes à l’avance. Pour ce faire, tu n’hésites pas à quitter ta surface, à dézoner, pour aider tes coéquipiers, et pourquoi pas tromper ton monde en les mettant dans de bonnes dispositions pour marquer. Plus qu’un buteur, plus qu’un dribbleur, tu es joueur, avant tout.

Ils étaient rigolos, ceux qui t’ont découvert un soir d’avril 2013, après que tu as claqué quatre buts au Real Madrid en Ligue des champions. Ce n’est pas comme si tu avais déjà marqué des tas de buts, des buts qui t’ont permis de remporter deux fois la Bundesliga et une Coupe d’Allemagne. Forcément, après de telles émotions et cette finale germano-allemande que Dortmund pouvait gagner (et que le Bayern devait gagner), tu as pris la grosse tête, tu t’es dit qu’il fallait que tu partes, que Dortmund devenait trop petit pour toi. Tu avais fait ta part du boulot, tu voulais ton bon de sortie. Pour le Bayern, bien sûr, amené à régner sur l’Europe. Mais les dirigeants t’ont sommé de rester. Perdre un Mario Götze, c’était déjà trop. Un Robert Lewandowski en plus, le BVB ne l’aurait pas supporté.

Une fois de plus, tu n’as pas compris. Mais une fois de plus, tu as fermé ta bouche. Et tu as travaillé. Tu as continué à empiler les buts, comme si de rien n’était. Comme si rien ne pouvait te perturber. Comme d’habitude, quoi. Tu as beau t’être embrouillé avec tes compatriotes Kuba et Piszczek, tu as tout fait pour que ça se passe bien sur le terrain avec eux. La preuve : les meilleurs matchs du BVB ces dernières années, c’est quand le « Borussia Polska » (ou le « Polonia Dortmund » , c’est selon) était sur le terrain. Tu as fermé ta gueule, parce que tu es le genre de mec qui se rend d’un point A à un point B, et qui sait comment faire pour s’y rendre. Tu n’as pas fait le malin : tu n’as jamais dit que tu passerais ta vie dans la Ruhr (coucou Mario !). Tu es resté inflexible quand le peuple de Dortmund s’est fâché suite à l’officialisation de ton transfert au Bayern et t’a enlevé les roues de ta voiture. Mais tu t’es tu, et tu as tenu tes promesses : tu as dit que tu te donnerais à fond pour le BVB jusqu’à la fin de saison, et tu le fais. Et semaine après semaine, le public a cru en toi. Et voilà que tu t’en vas, maintenant. Tout a une fin, Robert, sauf la banane qui en a deux. La banane qui est jaune et noire. Comme le Borussia, donc…

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