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Daniel Congré : « Je n’ai que 34 ans ! »
Daniel Congré, joueur le plus utilisé cette saison à Montpellier, était à un carton rouge près de réaliser un carton plein cette saison : 38 matchs entiers sur les pelouses de Ligue 1. Suspendu pour l'avant-dernière journée, il avait donc 90 minutes pour faire le bilan de la belle saison du MHSC avant de se rendre à Marseille pour clôturer l'année juste devant, ou derrière, l'OM.
À la suite de votre suspension contre Nantes, vous avez loupé l’occasion de décrocher un titre honorifique cette saison : celui d’avoir joué toutes les minutes du championnat de Ligue 1.C’est dommage; car c’est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur; de faire les 38 matchs. Même s’il n’y a rien de glorifiant, c’est quand même assez rare en tant que joueur de champ d’arriver à jouer tous les matchs d’une saison. J’avais déjà fait deux saisons à 37 matchs par le passé avec Toulouse et en début de saison je m’étais fixé cet objectif personnel. Malheureusement, je vais le louper de peu. C’est un petit regret, mais ça reste une saison accomplie pour moi.
Si on revient sur ce carton rouge contre l’ASSE, à la suite de l’intervention de la VAR, beaucoup l’ont trouvé sévère, voire « incompréhensible » pour votre entraîneur. Vous sentez-vous victime de la VAR ?Je dirais plutôt que j’ai été victime de l’utilisation de la VAR. Car sur le coup, aucun des arbitres de terrain n’a signalé de faute ou de contact, c’est ensuite que la VAR intervient pour revenir sur l’action. Beaucoup de personnes ont effectivement trouvé que le carton était sévère et je partage cet avis, car c’est un geste naturel que je fais sur le dégagement, c’est biomécanique. Honnêtement, je ne peux pas faire autrement sur l’action. De façon plus générale, pour moi, l’utilisation de la VAR robotise un peu l’arbitrage et je trouve ça dommage, car quelque part, on perd une partie de l’essence du football. Par rapport à mon carton rouge, je ne me considère pas forcément comme une victime, car il y a des cas plus injustes que le mien.
Depuis la saison dernière, vous étiez sur une série de 43 matchs consécutifs en Ligue 1, signe d’une grande forme à 34 ans. Pas mal pour un joueur souvent blessé en début de carrière !C’est vrai qu’à Toulouse, j’ai mangé mon pain noir, mais je pense savoir pourquoi. À la suite de ma première année avec le groupe pro, pendant laquelle je fais une vingtaine de matchs, alors que j’étais encore sous contrat stagiaire, j’ai enchaîné avec le tournoi de Toulon avec les Espoirs. Directement, derrière, le coach de l’époque, Erick Mombaerts, me demande de rejoindre l’effectif pour faire la préparation physique avec les pros. Bien sûr, je suis ravi, mais je n’ai pas vraiment de coupure et, du coup, j’ai ma première blessure peu de temps après. Par la suite, j’ai enchaîné les pépins pendant deux ans. Mais ça m’a forgé mentalement, j’ai appris beaucoup de choses sur mon corps et sur moi-même. Et depuis, j’ai eu la chance de ne plus connaître ce genre de problèmes.
À Montpellier, vous jouez avec Hilton (41 ans) et Camara (36 ans). On semble se bonifier avec l’âge du côté de la Mosson.J’ai devant moi deux exemples à suivre à tous les niveaux. On dit souvent qu’en France, les jeunes sont trop dilettantes ou que le travail fourni n’est pas suffisant. Souley et Vito sont vraiment exceptionnels : ils arrivent tous les jours avec le sourire, l’envie de travailler, de progresser malgré les années. Ce sont des exemples en matière de professionnalisme et d’état d’esprit. Du coup, leurs performances dépassent les lois physiques ! Dans le groupe, on est vraiment tous stupéfaits par leur longévité et on espère les garder encore avec nous un bout de temps !
À une journée de la fin, Montpellier est 5e. Vous attendiez-vous à une telle saison ? En toute honnêteté, je crois qu’on fait une très bonne saison, mais je ne pense pas, comme beaucoup le disent, qu’on « surperforme » .
On est plutôt dans la continuité de la saison dernière. L’an passé, on finit 10es, mais ce classement ne reflétait pas notre saison. Car à trois matchs de la fin, on jouait encore l’Europe, mais on s’est écroulé sur la fin, peut-être par manque d’expérience ou de manque de banc de touche. Le club a bien pointé du doigt les lacunes de l’année passée, et le recrutement a été fait en conséquence cet été. Cette année, les recrues sont très efficaces : avec Laborde, Delort et Mollet, on a une équipe compétitive encore plus intéressante devant. Notre classement viendra clôturer une très bonne saison et confirmer le bon travail de tout le monde au sein du club.
Effectivement, on parle beaucoup de l’attaque du MHSC cette saison. Paradoxal pour une équipe et un coach, Michel Der Zakarian, avec une étiquette « défensive » …Ça peut paraître une phrase bateau, mais elle est pourtant bien réelle : on peut avoir tous les schémas qu’on veut, mais c’est l’animation qui est mise en place qui permet de proposer du jeu. Certaines équipes jouent à quatre derrière, mais très bas et avec un milieu récupérateur entre les deux centraux et attendent l’adversaire. Nous, on est à cinq défenseurs sur le papier au départ, mais on se retrouve souvent à quatre dans la façon de coulisser sur les côtés et on cherche à produire du jeu, on met l’accent sur les combinaisons offensives à l’entraînement. Cette image d’équipe défensive est plutôt erronée et je pense qu’on l’a montrée tout au long de cette saison.
La victoire contre le PSG à domicile fin avril (3-2), c’est un peu le symbole de votre saison réussie ? Pleinement ! En plus, cette victoire nous a permis de continuer à croire en l’Europe. Et jouer à guichets fermés, c’est un vrai plus, on a vécu une osmose magnifique avec notre public sur ce match ! Cela nous est arrivé deux autres fois cette saison, pour le derby contre Nîmes et contre l’OM, avec des résultats positifs dans ces trois matchs. Ce sont des matchs qui marquent une saison.
Ce dernier match contre Marseille aurait pu être une finale pour l’Europe si la 5e place avait été qualificative… C’est vrai que quand il y a deux mois, on a regardé le classement et le calendrier, on a pensé que cette dernière journée pouvait être décisive pour l’Europe. Ce ne sera peut-être pas le cas, mais jouer à Marseille, c’est toujours une affiche.
Du coup, vous allez finir cette saison avec plus de matchs en Ligue 1 sous le maillot du MHSC qu’avec la tunique du TFC. Pour vous que l’on voyait comme le « Puyol toulousain » dans les travées du Stadium, ça doit être un sentiment étrange.C’est vrai que ça fait bizarre pour moi, Toulousain de naissance et au club depuis tout petit. J’avais joué 201 matchs avec le TFC et il se trouve que mon 201e match avec Montpellier, c’était au Stadium contre le TFC. Je le vois comme un joli symbole. Je suis fier d’avoir pu débuter en pro et de faire autant de matchs avec mon club. Pour dire la vérité, je ne me voyais pas forcément quitter Toulouse quand j’étais au club. J’ai toujours Toulouse dans mon cœur aujourd’hui : le club, la ville, les supporters… Mais la vie nous réserve des surprises, et en 2012, j’avais vécu une saison un peu particulière et j’ai senti que c’était le moment de changer de cap, que ma carrière était à un tournant. J’avais envie de tenter une expérience à l’étranger. Mais j’ai fait le choix de Montpellier qui était champion de France en titre et qui m’offrait la possibilité de jouer la Ligue des champions. Je suis ici depuis sept ans maintenant et je ne le regrette pas ! Aujourd’hui, je suis montpelliérain et fier de l’être ! Et je ne pense pas encore à la fin de ma carrière, j’ai encore pas mal de matchs à jouer… je n’ai que 34 ans !
Propos recueillis par Benjamin Laguerre