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Daniel Azcona, le mur d’Independiente del Valle

Par Bastien Poupat, à Buenos Aires
5 minutes
Daniel Azcona, le mur d’Independiente del Valle

Independiente del Valle disputera cette nuit la première finale de Copa Libertadores de son histoire face à l'Atlético Nacional de Medellín. Pour définitivement entrer dans la légende, Daniel Azcona, gardien de but qui n'aurait jamais dû l'être, devrait jouer une fois de plus un rôle déterminant. Portrait.

Jeudi 7 juillet, 70e minute de jeu à la Bombonera, alors que Independiente del Valle mène 1-3 et a déjà un pied en finale de la Copa Libertadores, Daniel Azcona est une nouvelle fois décisif et capte le penalty de l’international uruguayen Nicolás Lodeiro, mettant fin a tout espoir pour les 50 000 fans Xeneizes venus s’entasser dans la mythique enceinte argentine en compagnie d’un certain Diego Armando Maradona. « Même dans mes rêves les plus fous je n’avais pas imaginé cela. C’est un groupe très jeune certes, mais nous sommes en marche pour écrire l’histoire et nous jouerons la finale pour remporter ce titre » , confie-t-il à Fox Sports juste après le coup de sifflet final. 32 piges et le brassard de capitaine solidement attaché au bras, il emmène en finale avec lui une équipe qui possède à peine sept saisons de première division équatorienne dans les pattes.

Un rêve Monumental

Ça fait quelques semaines que l’on blague en se disant que ce serait fou de remporter la Copa Libertadores sans jamais avoir été sacré champion d’Équateur

« Dans le vestiaire ça fait quelques semaines que l’on blague en se disant que ce serait complètement fou d’arriver en finale et de remporter la Copa Libertadores sans jamais avoir été sacré champion d’Équateur. Mais putain, cette éventualité n’est plus à écarter » , s’amuse celui que l’on surnomme Dani et qui préfère Librado, son deuxième prénom, à Daniel. Pour se faire, il faudra obtenir un bon résultat en altitude dans le stade Olimpico Atahualpa de Quito, avant d’affronter la terrible ferveur de Medellín en Colombie. Une ferveur a laquelle Azcona commence a être habitué et qui ne l’effraie plus. La Bombonera de Boca Juniors en demies, les Pumas de Mexico en quarts et le Monumental de River Plate en huitièmes, là où cet addict de téréré, une infusion paraguayenne, a sûrement réalisé le match le plus abouti de sa carrière, ce qui l’a propulsé sur le devant de la scène médiatique.

Ce soir-là, après une victoire 2-0 au match aller, Daniel Librado Azcona ne s’est incliné qu’une seule fois sur 22 tentatives des Millonarios. Dani ne mesurait pas son mètre quatre vingt quatre habituel, mais 7,32 mètres sur 2,44 mètres.

Deux jours après le match face à River, j’ai revu la rencontre avec ma femme et j’ai pu m’apercevoir a quel point je ne voulais pas que le ballon rentre dans mon but.

« Dans la presse, on pouvait lire partout que River allait se qualifier après le tirage. Cela nous a donné encore plus de motivation et tout le monde a été à la hauteur » , étaye le natif de Ypacarai au Paraguay et récemment nationalisé équatorien pour être appelé avec la sélection lors de la Copa América 2015 au Chili. Il ajoute : « Lors de la rencontre, avec la concentration, je ne m’en suis pas rendu compte. Mais deux jours plus tard, j’ai revu le match avec ma femme et j’ai pu m’apercevoir a quel point je ne voulais pas que le ballon rentre dans mon but. En revoyant cette rencontre, où certes nous avons eu la réussite avec nous, j’étais nerveux de voir que toute les deux minutes River avait une occasion, alors que je savais très bien que nous étions qualifié, que c’était seulement une rediffusion ! » , avant de conclure : « C’est le rêve de n’importe quel joueur de football de faire un tel match au Monumental et j’ai réalisé ce rêve. »

De Gamarra à Cabanas

Avant de réaliser ce rêve, Daniel Librado Azccona Salinas, de son nom complet, est né et a grandi à Ypacarai, connu pour son lac du même nom, tout près de la ville de Caacupé en banlieue d’Asunción. « Pour la petite anecdote, Ypacarai est aussi la ville où est née une légende du football ici au Paraguay, Carlos Gamarra. Pour en revenir sur Daniel Azcona, il vient d’une famille très humble et faisait souvent les 30 kilomètres qui séparent Ypacarai à Asunción en vélo pour venir jouer au football. Par la suite, Dionisio Cabanas, le père de Salvador, l’a pris sous son aile pour l’emmener à 12 de Octubre, un club professionnel basé à Itaugua où a évolué son fils avant de connaître ce drame au Mexique quand il s’est fait tirer dessus » , confie Lorenzo Villalba, journaliste à Ultima Hora, le plus grand quotidien paraguayen.

Il complète : « Il a ensuite signé en 2009 à la Liga de Loja en Équateur, puis en 2010 il a rejoint ce jeune club qu’est Independiente del Valle. On le suivait d’assez loin, mais cela fait deux saisons qu’il nous surprend et dans le bon sens du terme. En tant que Paraguayens, au-delà de sa naturalisation, on ne peut que lui souhaiter de soulever la Copa Libertadores la semaine prochaine en Colombie » .

Ancien attaquant

J’étais attaquant et je me suis improvisé gardien de but. Je n’avais même pas de gants ! J’ai joué 20 minutes et j’en ai pris six…

Ce qu’a peut-être oublié de préciser Villalba, c’est que Dionisio Cabanas est aussi un visionnaire. Ce fut le premier à avoir conseillé à Azcona d’évoluer à un poste dont il ne connaissait pas grand-chose « À la base j’évoluais au poste d’attaquant, mais quand je suis arrivé pour m’entraîner il y avait 900 gamins comme moi et 400 jouaient attaquant. Je me suis rappelé de ce que m’avait dit Dionisio et je me suis improvisé gardien de but. Je n’avais même pas de gants ! J’ai joué 20 minutes et j’en ai pris six… » , se remémore Dani sans oublier celui a qui il doit tout. « Quand je n’avais plus assez de force pour parcourir les 30 kilomètres a vélo, Dionisio était toujours là pour me payer un billet de bus ou venir me chercher. Il m’a toujours soutenu pour ne pas que j’abandonne, cela je ne l’oublierais jamais. »

Après quatre années sous le maillot de Independiente del Valle et avec deux participations en Copa Sudamericana et le même nombre en Copa Libertadores, Azcona et le club équatorien peuvent encore rêver plus grand avec cette finale à l’horizon. Tellement grand que la sœur de Dani a déjà aménagé un petit musée à la gloire de son frère à Asunción, là où maintenant toute la famille vit. « J’ai déjà pas mal de choses a mettre dedans. Rogerio Ceni m’a offert ses gants, Barovero son maillot et j’ai aussi garder les gants et le maillot que j’ai porté au Monumental de River Plate. J’espère pouvoir le remplir encore plus lors de ces prochaines années. » Pourquoi pas avec une Copa Libertadores…

Pourquoi la Libertadores est devenue aussi violente ?

Par Bastien Poupat, à Buenos Aires

Propos de Daniel Azcona issus de FIFA.com, ceux de Lorenzo Villalba recueillis par Bastien Poupat

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