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Dani Alves, un procès sous haute tension
Accusé de viol depuis plus d'un an, Dani Alves était jugé depuis lundi par la justice espagnole. Trois jours de procès où les versions des deux camps se sont affrontées, alors que la décision du tribunal devra encore se faire attendre.
Il aura fallu attendre mercredi en fin d’après-midi pour le voir prendre la parole, en conclusion de trois jours de procès. Décrit comme impassible face aux multiples témoignages donnés devant le tribunal supérieur de justice de Catalogne, Daniel Alves a livré sa version des faits. Dans un procès suivi par plus de 270 journalistes, l’ancien défenseur brésilien a assuré que la relation sexuelle était consentie. La plaignante, quant à elle, réclame une peine maximale de douze ans de prison, tandis que la procureure a requis neuf ans derrière les barreaux pour l’ancien international auriverde.
« Il m’a fait beaucoup de mal »
Depuis lundi, l’ancien latéral du Barça est jugé pour des faits qui se seraient déroulés dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022, dans une boîte de nuit de Barcelone. Le procès s’est ouvert par le témoignage de la victime présumée, à huis clos pour préserver son anonymat. Une amie et sa cousine, toutes deux présentes dans l’établissement catalan au moment des faits, ont ensuite apporté certaines précisions, racontant l’horreur vécue par la jeune femme. En commençant par décrire l’état de choc dans lequel elle se trouvait en sortant des toilettes, où elle a passé une quinzaine de minutes, seule avec Alves. « Il m’a fait beaucoup de mal », avait-elle tout de suite dit selon les deux témoins. « Elle ne dort plus, elle prend des médicaments, elle sort à peine de chez elle », abondait sa cousine devant la juge, avant de décrire une ambiance « malsaine » tout au long de la soirée avec l’ancien joueur et son ami, Bruno.
Ce dernier a également été appelé à la barre mardi, ainsi que dix-huit autres témoins de la défense. « Il est revenu danser, dans la même ambiance qu’avant », a-t-il assuré à propos d’Alves au moment de sa sortie des toilettes. Avant de faire le décompte de l’impressionnante consommation d’alcool de l’intéressé tout au long de la soirée, ce qui a fait tiquer la juge, Bruno ayant affirmé pendant l’enquête que son ami avait « peu bu ». L’alcoolémie de Dani Alves aura été au cœur des débats, cette dernière pouvant être considérée comme une situation atténuante en Espagne, faisant passer la peine d’un maximum de douze à six ans en cas de condamnation. « Il est rentré complètement bourré, a embrayé Joanna Sanz, ex-femme d’Alves. Il était 4 heures et quelques du matin. Il sentait l’alcool. Quand il est entré dans la chambre, il s’est cogné contre une petite table et s’est effondré sur le lit. »
Alves affirme que la relation était consentie
Mais la prise de parole la plus attendue était forcément celle de l’ancien joueur, placé en détention provisoire depuis plus d’un an. Un témoignage donné en dernier à la demande de son avocate. Après la diffusion de plusieurs vidéos – dont une issue de la caméra placée sur le torse du premier policier arrivé sur les lieux et dans laquelle on entend la victime présumée pleurer – et une longue interruption liée à des soucis techniques, Dani Alves s’est finalement exprimé. « Bien sûr que je me rappelle ce que j’ai fait. On est sortis avec mes amis vers 14h, au début seulement pour déjeuner. On a commandé cinq bouteilles de vin, et du whisky japonais. J’ai bu plus ou moins deux bouteilles de vin et du whisky, puis du gin tonic dans un bar », a-t-il tout d’abord listé. Avant d’affirmer, en pleurs, n’avoir jamais manqué de respect à la victime présumée. « À aucun moment, elle ne m’a dit qu’elle ne voulait pas ou quoi que ce soit. Je ne l’ai pas giflée, je ne l’ai pas jetée à terre. Je ne suis pas un homme violent. Elle ne m’a pas dit qu’elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles. »
Après avoir d’abord nié connaître la victime présumée lors de son arrestation puis assuré qu’il n’y avait pas eu de relation sexuelle, l’ancien joueur a changé sa version des faits à cinq reprises depuis le début de l’affaire. Un changement de version pointé du doigt en conclusion par la procureure, qui a écarté l’hypothèse d’une consommation d’alcool trop importante (« Il savait parfaitement ce qu’il faisait ») et jugé la version de la plaignante « absolument crédible », appuyant sur le fait qu’il y a « des indications ou des preuves qui corroborent l’histoire », à commencer par le fait que la victime présumée n’a jamais changé de version. Ce jeudi soir, Dani Alves dormira à nouveau en prison, dans l’attente d’un délibéré qui pourrait être annoncé d’ici deux à trois semaines.
Par Tom Binet