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Dani Alves, l’homme qui aboyait à l’oreille du PSG
À 35 ans, l’infatigable latéral brésilien devrait à nouveau être titulaire contre Manchester United en 8e de finale retour de la Ligue des champions, mercredi soir. Triple vainqueur de la compétition, l’ancien Turinois et Barcelonais est, peut-être encore davantage que Gianluigi Buffon, l’homme de la situation pour le PSG : celui qui n’hésite pas à taper là où ça fait mal quand ça va mal. Tout en gardant le vestiaire dans sa poche.
À Paris, tout le monde n’a d’yeux que pour lui depuis son arrivée. L’expérience, le standing, le palmarès, la mentalité de vainqueur. Déjà un cadre du vestiaire, comme à la Juventus, déjà un « joueur-entraîneur adjoint » de Thomas Tuchel. Lui, c’est Gianluigi Buffon, bien sûr. Le portier italien devrait encore garder les buts du PSG contre Manchester United, mercredi soir. Pourtant, un autre joueur du club de la capitale coche également toutes les cases de ce profil : Dani Alves, lui aussi pressenti pour démarrer face aux Red Devils sur l’aile droite de l’attaque.
Au détriment de l’ancien Barcelonais : un chouïa d’aura, d’expérience et de classe à l’état brut en moins que le quadragénaire italien. Des performances légèrement sur le déclin, aussi, quand Buffon ne semble pas avoir pris une ride sur le terrain. Pourtant, il existe bien un domaine où le Brésilien semble faire passer son aîné pour un vieil oncle : une capacité à secouer, ébranler, voire rudoyer ouvertement ses coéquipiers.
Bousculer ses troupes
Taulier du vestiaire par excellence, Buffon est peut-être plus un leader charismatique, un fédérateur qui rassure, conseille, donne confiance dans un vestiaire. Alves, lui, qui reconnaît aller « toujours à l’extrême limite sur un terrain » , est davantage dans le franc-parler, le coup de gueule quand il le faut. Lorsque le PSG fait les choses à l’envers en Ligue des champions, comme l’an dernier en 8es contre le Real (1-3, 1-2), c’est lui qui monte au créneau pour dire le fond de sa pensée. « Il n’y a pas de connexion, de lien général. On manque de liant et ça finit par se refléter sur le terrain. Ça ne peut pas fonctionner. »
La force d’Alves est aussi qu’il a compris mieux que quiconque l’importance de la parole médiatique pour bousculer ses troupes. Son discours ne semble pas passer au sein du groupe ? Que le monde entier le sache, et la pression médiatique fera le reste sur ses partenaires. En novembre dernier, avant l’importantissime choc contre Liverpool en poules, il sent qu’un recadrage est nécessaire pour bousculer ses coéquipiers. « Ils(les joueurs du PSG)doivent comprendre la compétition dans laquelle ils jouent. Ils sont très à l’aise en Ligue 1, mais ont besoin d’élever leur niveau pour les matchs contre les plus gros clubs(…). Je ne pense pas que le PSG ait vraiment compris qui il affrontait quand il a joué contre Liverpool(défaite 3-2 au match aller). Ils sont en train de le comprendre. Sinon, ils vont payer le prix fort pour l’apprendre » , tonne l’homme aux 107 sélections avec le Brésil dans le Telegraph. Un message sans ambiguïté et un ton cash auxquels s’ajoute l’oubli du « nous » de rigueur pour un « ils » irrévérencieux. Quand d’autres redouteraient de créer une fracture au sein du vestiaire, Alves, avec ses trois sacres en Ligue des champions, revendique un positionnement « au-dessus des mortels du PSG » pour envoyer un message à ses compères : faites comme moi et vous gagnerez aussi un titre.
Le chaud au quotidien, le froid par intermittence
Et cela fonctionne : comme une coïncidence, le déclic du PSG en Europe intervient contre les Reds (victoire 2-1). Et à l’approche du 8e de finale retour contre Manchester United, le « liant » réclamé par l’homme aux 42 titres n’a jamais semblé aussi intense. Alves semble enfin avoir apporté ce soupçon de « négativisme » au PSG pour le faire progresser, tout en réussissant le tour de force de rester l’un des principaux ambianceurs du vestiaire. Le chaud au quotidien, le froid par intermittence.
Et avant la deuxième manche contre Manchester, c’est encore la voix d’Alves qui se fait entendre pour prévenir tout excès de confiance. « Nous ne pouvons pas être trop confiants, nous savons que dans le football, tout peut arriver.(…)Il faut du respect, car (Manchester United) est une équipe historique en Ligue des champions. L’équipe vierge dans cette compétition, c’est nous, pas Manchester United, qui l’a déjà gagnée » , affirme-t-il dans un entretien à l’AFP. Et cette fois, le « nous » a remplacé le « ils » …
Par Douglas De Graaf