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Dani Alves, de pestiféré à encensé
Chahuté, vilipendé, annoncé sur le départ, toujours est-il que Dani Alves porte encore la liquette barcelonaise. Pas en odeur de sainteté depuis déjà deux ans, il profite de la situation bancale du Mes que pour se refaire une place au soleil. Avant une prolongation ?
Il y a de l’Épicure en Daniel Alves. Sourire aux lèvres en permanence, expansif à souhait sur le dotcom, le Brésilien offre sa dose d’hédonisme au football. Même critiqué de tout bord, y compris dans son propre camp, il reste fidèle à lui-même et ses principes basés sur un bonheur inextinguible. Il lui fallait bien ça, à Dani, pour « survivre » à un été des plus compliqués. Sitôt de retour à Barcelone après un Mondial au pays raté, il ne se cache pas : « Il me reste un contrat, et après nous être réunis, nous déciderons si je reste ou non. Ce sont des options dont je dois parler avec Luis Enrique. » Fraîchement à la barre de ce FC Barcelone en fin de cycle, Lucho ne souhaitait plus d’un latéral qui aurait fait son temps et dont les émoluments annuels flirtent avec les 11 millions d’euros brut. Six mois plus tard, les mouches ont changé d’âne. De par ses performances, la situation houleuse entre sa direction et la FIFA, et un certain manque de concurrence, Dani Alves est redevenu un indéboulonnable de l’aile droite. Pis, en fin de contrat en juin, il récupère toutes les cartes en main pour être en position de force. Le fameux sens du vent.
Merci Zubi, merci Sepp
La première bonne nouvelle intervient le 27 août dernier. En cette fin de mercato, le FC Barcelone annonce son ultime recrue estivale. Ce sera le Brésilien Douglas, 24 ans au compteur et un CV d’illustre inconnu. Latéral droit de son état, il est la surprise de Zubizarreta. Pendant deux mois, le nom de Cuadrado, génial animateur des Cafeteros durant le Mondial et joueur de la Fiorentina, a squatté les arcanes du Camp Nou. Pour rien. Trop onéreux – son prix était estimé entre 35 et 40 millions d’euros –, ce transfert capotera finalement. Bref, c’est donc avec un trio Alves-Montoya-Douglas que Luis Enrique devra composer toute la saison durant. Jamais aligné, en bisbille avec Lucho, et dans l’attente d’un départ, Montoya est abonné au banc des remplaçants. Douglas, pour sa part, est considéré à l’unanimité comme une farce. Pas du tout – mais alors pas du tout – au niveau, il est un boulet rarement aligné. De fait, et sans même avoir besoin de scruter de près ses performances, Daniel Alves reste la seule alternative crédible au poste de latéral droit. Merci qui ? Merci Zubi !
Intervient alors un second imprévu. Trop sûre de son bon droit, ou juste inconsciente, la direction blaugrana emmenée par Josep Bartomeu reçoit de la part du Tribunal administratif du sport la confirmation de la suspension de recrutement imposée par la FIFA. Patatras. Alors que les noms de João Pereira et d’Allan Nyom – encore du gros calibre, hein – sont annoncés en renfort dès cet été, il n’en sera rien. Le Barça est bel et bien persona non grata pour les deux prochaines périodes de mercato, il faudra donc faire avec les moyens du bord. Montoya ? Ses velléités de départ sont reportées. Douglas ? Peuchère, il reste abonné à couper des citrons. Pour la deuxième fois en l’espace de quatre mois, Daniel Alves est confirmé comme la seule alternative crédible. De but en blanc, Luis Enrique se retrouve à encenser un Brésilien qu’il ne voulait plus : « Alves est très important, je suis satisfait de ses performances jusqu’à présent. » En position de force, l’ancien de Séville lâche que la suspension « n’est pas mon problème » : « Il me reste six mois de contrat avec le Barça, qui pour le moment ne m’a pas proposé de prolongation. C’est tout ce qu’il y a. » Merci qui ? Merci Sepp !
Messi, allier et ailier de circonstances
Ces querelles institutionnelles mises à part, Dani Alves n’a cessé de reprendre du poil de la bête depuis le début de saison. En dedans depuis déjà deux ans, il retrouve un niveau plus en phase avec celui d’un club du standing barcelonais. Toujours aussi peu fiable défensivement, ses montées deviennent de plus en plus tranchantes. Et le repositionnement de Lionel Messi sur son couloir droit originel n’y est pas étranger. Avec un Luis Suárez installé en pointe, Luis Enrique a, sur le papier, demandé à la Pulga de se placer en ailier. Et donc en allier de Dani Alves. Cette doublette du côté droit était d’ailleurs l’une des clés de voûte des succès du Barça de Guardiola – avant que ce dernier ne fasse de Messi son attaquant de pointe. En chiffres, sur les plus de 250 buts de Lionel Messi en Liga, le Brésilien l’a servi à 25 reprises – soit plus qu’Andrés Iniesta ou Xavi. À l’instar de l’Argentin, Alves est un homme à réaction. « Ils m’ont donné pour finir. Je sais ce que c’est que jouer dans cette équipe, je sais que c’est une place très chère et ce que cela coûte de jouer. Ici, ça ne sert à rien de jouer seul. Ici, il faut gagner » , racontait-il au Pais l’an dernier. Des paroles aux actes, il y a, ce mercredi, un Atlético de Madrid.
Par Robin Delorme, à Madrid