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Dani Alves, comme un boomerang
Opposé au PSG pour une troisième double confrontation européenne en trois ans, le FC Barcelone part encore une fois favori. Pourtant, une certaine instabilité plane sur le futur du club catalan et des choix pour la saison prochaine sont déjà à faire. Et ça, Daniel Alves le sait mieux que personne.
Entre le PSG et le Barça, la Coupe d’Europe s’assimile au lien du sang depuis la reprise du club francilien par QSI en mai 2011. Et même dans ce duel représentatif du football business entre Fly Emirates et Qatar Foundation, il y a toujours une première fois. En ce 2 avril 2013, le Parc des Princes tient son premier grand choc européen depuis un bail. Opposé au FC Barcelone en quarts de finale de la Ligue des champions, le Paris Saint-Germain croit en ses chances de faire chuter le demi-finaliste de la dernière édition de C1. La succession de Pep Guardiola par Tito Vilanova laisse à la Ville Lumière une opportunité de faire tomber l’ogre catalan. Mais ce soir-là, le Paris 2.0 va se frotter à la crème de la crème. Le premier symptôme de l’élimination intervient à la 38e minute de jeu. Plein axe à 25 mètres du but de Salvatore Sirigu, Daniel Alves reçoit le ballon suite à un renvoi pénible de la défense sur corner. En deux touches, le blond peroxydé trouve Lionel Messi d’une magnifique ouverture de l’extérieur du pied. La Pulga ouvre le score d’une frappe croisée, et l’objectif C1 du père Nasser s’éloigne déjà. La faute à une inspiration géniale du Vampire de Bahia, que Leo s’empressera de congratuler. Depuis son arrivée au Barça à l’été 2008, Dani Alves est l’essuie-glace indétrônable sur le côté droit du Barça. Un statut qui perdure cette année, malgré des performances en dents de scie. Dernièrement, le joueur s’est offert le luxe de refuser la dernière prolongation de contrat offerte par les dirigeants culés. Ses prétentions salariales sont claires : à 31 ans, il souhaitait signer un bail de trois années supplémentaires, et ce, sans voir ses émoluments actuels bouger d’un iota. Au point de vue comptable, cet accord signifiait une rallonge de 33 millions d’euros brut pour garder un homme moins porteur d’avenir que représentatif d’une période dorée à peine passée. En fin de saison, Daniel ira sûrement voir ailleurs, d’aucuns murmurent même que c’est acté. En attendant, il lui reste une saison à terminer avec son employeur. Pour le meilleur et pour le pire.
Les malheurs de Dani
À vrai dire, les premiers signes du déclin de Daniel sont apparus à la fin de la saison 2012-2013, lorsque l’ancien arrière du FC Séville a su se faire aimer pour autre chose que pour son jeu. Abidal transféré à l’AS Monaco, le Brésilien décide de récupérer le numéro 22 porté par « Abi » . Son hommage à lui. Bien sûr, le geste envers son ancien camarade, touché par une tumeur au foie en mars 2011, émeut le peuple catalan. Mais son rendement sur le pré, lui, s’effrite à feu doux. D’une, ses qualités diminuent. Comme sa faculté à quadriller son couloir ou la qualité de sa frappe de balle par exemple. De deux, ses défauts deviennent des boulets. Outre ses contestations incessantes envers le corps arbitral et ses fautes à répétition qui commencent à écorner l’image d’un Barça moins sûr de sa force, ses performances individuelles ne sont plus à la hauteur de sa réputation. Au terme de la saison 2013-2014, conclue sans le moindre titre en club, l’international auriverde s’apprête à disputer un Mondial à la maison. Et la logique suit son cours. Transparent en sélection, Alves perd sa place de titulaire au profit de Maicon lors du quart de finale contre la Colombie qui, pour ne rien arranger, constitue le match le plus abouti des quintuples champions du monde dans la compétition. Une spirale négative qui engendre pourtant deux bonnes nouvelles. Primo, il échappe à une titularisation face au peloton d’exécution allemand. Et secundo, il rentre en Catalogne pour retrouver un Barça puni par les hautes instances. Interdits de recrutement, les Blaugranas démarrent la saison avec une concurrence de façade entre lui, la farce Martin Montoya et l’invisible Douglas. Un mal pour un bien. Face au faible niveau des deux lascars, Dani devient l’arbre qui cache la forêt qu’est son poste. Celui qui sauve la face, aussi.
Le déclin de Dani
Rapidement catalogué comme un excellent comédien par le rival madrilène, notamment après un duel engagé amenant à l’expulsion de Pepe en demi-finale aller de C1 2010/2011, Daniel Alves compensait jadis ses vices par des qualités intrinsèques incontestables. Et si, aujourd’hui, le joueur pense être le même feu follet qu’à ses débuts avec le FC Barcelone, sa direction reste persuadée du contraire. Daniel Alves imaginait peut-être pouvoir finir sa carrière à Barcelone, titulaire à plus de 900 000 euros mensuels comme c’est encore le cas aujourd’hui. Il s’est visiblement fourré le doigt dans l’œil. Et quand on s’y penche de plus près, cette exigence financière semble surévaluée. Pour bénéficier d’une telle somme, il faudrait déjà commencer par éviter les erreurs grossières. Comme sur cette passe en retrait mal assurée à Bravo, dont profite Juanmi, pour le seul but du match à domicile contre Málaga en février dernier (0-1). Il s’agirait aussi de penser à mieux contrôler ses nerfs. À l’image de cette expulsion ridicule contre le Rayo Vallecano en position de dernier défenseur, quand le score était déjà de 5-0. Enfin, il serait de bon ton d’arrêter de se prendre pour le sauveur de la nation, et de tenter des frappes insensées comme celle catapultée à 30 mètres des buts du FC Séville le week-end dernier, réduisant à néant les espoirs des Catalans de sortir vainqueurs du Sánchez-Pizjuán en toute fin de match (2-2). Bref. Si Daniel Alves considère que le Barça ne lui offre pas ce à quoi il estime avoir droit, la porte de sortie reste grande ouverte. Et autant le dire, ses futurs hôtes sont déjà présents sur le palier. Selon toute vraisemblance, des tops clubs comme le Paris Saint-Germain, Manchester United, Arsenal ou Liverpool semblent prêts à s’aligner sur les exigences du latéral. En attendant, la seule certitude est que sa préférence ira vers un club où tout le monde trouve ça normal de poser ainsi.
Par Antoine Donnarieix