- Euro 2012 – Groupe B – Danemark
Danemark : une mort promise ?
Tombé dans le terrible groupe B en compagnie des Pays-Bas, du Portugal et de l’Allemagne, le Danemark semble, de prime abord, promis à une rapide élimination. Et pourtant, vingt ans après un sacre européen conquis à la surprise générale, certains éléments permettent d’imaginer une possible future nouvelle surprise. Si, si.
Le parcours
Déjà, le Danemark arrive dans la compétition avec un avantage psychologique indéniable sur l’un de ses adversaires : le Portugal. Dans le groupe H de qualification, la bande à Morten Olsen s’est ainsi classée tranquille première, laissant CR7 et les siens à trois longueurs, avec un dernier match décisif parfaitement géré à Copenhague (victoire 2-1). En comptabilisant six victoires pour un nul et une défaite, le parcours des Danois est celui d’habitués des joutes qualificatives, qui se sont seulement égarés le temps de deux campagnes ces dernières années, pour la Coupe du monde 2006 et l’Euro 2008. Les deux autres adversaires dans ce groupe B n’ont pas non plus à faire trop les malins. Les Pays-Bas trouveront face à eux une sorte d’équipe-bis, avec même schéma de jeu, même philosophie portée vers l’avant, du talent offensif en moins, de la solidité défensive en plus. Quant à l’Allemagne, elle doit se souvenir que lors de la dernière confrontation, en août 2010, elle s’était fait accrocher 2-2. Bon, ok, c’était en amical et ce n’était pas la Mannschaft-type, mais quand même.
Le jeu
En poste depuis 2000, le sélectionneur Morten Olsen a toute la confiance de ses joueurs cadres, qui n’ont pas hésité à le soutenir publiquement, quand ce dernier envisageait de se chercher un successeur. La base du jeu danois à la sauce Olsen, c’est une grosse discipline tactique pour bien quadriller le terrain, des passes en veux-tu en voilà pour chercher la faille dans la défense adverse et un soupçon d’audace pour créer le surnombre. Voici pour l’idée de base, quant à la mise en pratique… « Nous devrons avoir nos joueurs clés en pleine forme » , a reconnu le sélectionneur, conscient de n’avoir à disposition qu’un effectif limité. Problème, il a déjà perdu l’un de ses hommes de base, son gardien Thomas Sørensen, écarté sur blessure et qui sera suppléé par le portier d’Évian Thonon Gaillard, Stephan Andersen. Devant lui, c’est du brutal, avec un axe central composé de Daniel Agger et Simon Kjær. Simon Poulsen à gauche et Lars Jacobsen à droite complètent la défense, avec Daniel Wass, ETG n°2, en recours. À la récupération, trois hommes sont en balance pour deux postes : Christian Poulsen, ETG n°3, Niki Zimling et William Kvist. Christian Eriksen a la charge de mener l’attaque (avec Thomas Kahlenberg, ETG n°4, en remplaçant naturel), les ailes étant occupées par Michael Krohn-Dehli à gauche et Dennis Rommedahl ou Lasse Schøne à droite. En pointe, cette tête à claques de Nicklas Bendtner est sans concurrence. C’est, assurément, le point faible de cette équipe, orpheline d’un tueur des surfaces depuis la retraite de John Dahl Tomasson.
La star
Leader plus que star, Daniel Agger est le capitaine de la sélection et son incontestable meneur d’hommes. Très apprécié à Liverpool pour son mental de guerrier et son jeu défensif bien rugueux comme il faut, le joueur d’1m91 arrive, à 27 ans, à maturité. Il sort pourtant d’une saison pas folichonne, perturbée en plus sur la fin par une blessure aux côtes contractée lors de la finale de la League Cup gagnée par les Reds en février (5-4 face à Cardiff). Revenu progressivement à la compétition depuis avril, il va devoir assurer le travail en phase de poules, avec son compère de défense Simon Kjær, face aux meilleurs attaquants de la compétition : van Persie, Huntelaar, Gomez, Cristiano Ronaldo… Perfectionniste, le Viking aux impressionnants tatouages a estimé, après le dernier match de préparation remporté, samedi, face à l’Australie (2-0), qu’il y avait encore matière à s’améliorer. « On a donné l’impression d’être fatigués et le jeu n’était pas assez rapide. On a laissé trop d’espaces et on n’a pas été assez compacts. Mais dans une semaine, on sera au point » , a promis celui qui a peut-être la chanson de fans la plus marrante. Ou ridicule, au choix.
L’espoir
Christian Eriksen est annoncé comme la possible grande révélation du tournoi. À 20 ans, le meneur de l’Ajax, plus jeune joueur de la Coupe du monde 2010, a confirmé cette saison les énormes espoirs placés en lui, signant 19 passes décisives et 7 buts en Eredivisie. Doté d’une intelligence de jeu remarquable, « Marshall » Eriksen s’est rapidement vu confier les clés de l’attaque danoise. Souvent comparé, au pays, à l’idole Michael Laudrup, il va être intéressant de voir comment il va parvenir à assumer ce rôle dans une grande compétition et toute cette pression nouvelle. Manquant parfois d’agressivité et de clairvoyance face au but, le petit prodige n’a disputé qu’une mi-temps lors du dernier match de préparation du Danemark, le week-end dernier. Préservé, le seul artiste du gang Olsen sera assurément l’un des joueurs à surveiller de très près, lors de cet Euro.
Par Régis Delanoë