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Damso : « J’avais envie de lancer un big up à Marc Wilmots »

Propos recueillis par Alexandre Doskov
10 minutes
Damso : « J’avais envie de lancer un big up à Marc Wilmots »

Prince du rap belge, protégé de Booba, Damso passait par chez nous voir comment l'Euro avançait, sereinement installé dans son canapé. Un peu pour présenter son album, mais aussi pour affirmer dès qu'il le pouvait que ses Diables rouges allaient rafler la mise.

Tu es belge, on est en plein Euro, est ce que je parle à un homme en pleine confiance ?La Belgique va gagner l’Euro. Je le dis depuis avant, je le sens, je l’ai ressenti. Je me suis levé un matin, je me suis dit : « Ils vont le faire. » Depuis la Coupe du monde en fait. Au Mondial, ils ont perdu parce qu’ils avaient la pression contre Messi. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai perçu. Là, je me dis que les mecs ont appris, et qu’ils vont gagner.

Tu n’as pas peur qu’ils se mettent à paniquer à nouveau en cas de match face à un autre gros joueur ? Au hasard Ronaldo, en cas de demi-finale Portugal-Belgique ?Messi, c’est l’équivalent de Ronaldo, il n’y a pas plus haut qu’eux. Maintenant qu’ils connaissent le truc… Tu vas voir, tu vas voir ! Ils vont retrouver l’Italie en finale.

Et l’équipe de France dans tout ça ?Vous allez perdre ! Je ne sais pas contre qui, sûrement sur la route.

Je te cite, dans le titre Périscope, tu parles de Marc Wilmots. Qu’est-ce qu’il vient faire ici, le sélectionneur ? Ouais, je dis : « Belgium vie, Marc Wilmots. » Je lance le big up, j’avais envie. C’est dès la première phrase, c’est Bruxelles vie, on est là quoi ! Et il y en a une sur Serge Aurier aussi, c’était sympa, c’était Périscope, « Je vais te Sergeaurier » , dans le sens je vais te cramer.

Marc Wilmots, il est très populaire en Belgique ? Les gens le croient capable de vous emmener au bout ?C’est quand même le mec qui a marqué contre le Brésil, normalement la Belgique devait passer en quarts, et on lui a annulé. Et quand il est devenu entraîneur, la Belgique a progressé. En 2014s on fait un quart de Coupe du monde. Avant, la Belgiques on n’y croyait pas vraiment. Lui, il a repris le truc et « bam » , c’était parti.

Dans la chanson Bruxelles vie, tu sors : « Je joue contre Bilbao, je suis sûr de faire la dif’ » . C’est quoi cette attaque contre Bilbao, ils ont fini cinquièmes de Liga quand même ! (Rires) Je me suis fait niquer ! J’ai écrit la phrase l’année passée, je pense. Ils étaient pas top l’année passée, ils étaient combientième ? Mais là, j’ai vu, je me suis fait niquer (rires). Du coup, la punchline, elle perdait un peu son sens. Après, pourquoi j’ai pensé à Bilbao à ce moment-là ? Je sais pas, quand j’écris, c’est instinctif.

Je reviens sur Serge Aurier. C’est lui qui t’a donné l’idée de faire un son qui s’appelle Périscope ? Non, à la base, je l’utilisais pas, l’application. Un jour, je suis arrivé chez mon ingé, il faisait un Périscope, il a envoyé des prods, et j’ai écrit le son en direct, toujours sur Périscope. Je l’ai écrit et enregistré en live, et fait écouter en live. Donc c’est pour ça que je l’ai appelé Périscope.

Tu fais partie de l’entourage proche de Booba, qui s’exprime beaucoup quand il y a une affaire concernant un footballeur. Il a défendu Benzema, Aurier. Vous en parlez ? Tu as ton avis là-dessus ?

Quand Booba fait des soirées avec des footballeurs, moi je ne sors pas beaucoup, donc je ne suis pas là. Mais s’il m’invite, j’y vais.

Quand on parle, c’est surtout professionnel, on parle de musique. Je crois que c’est mieux, au final. On peut délirer sur deux ou trois trucs, mais la base, c’est la musique. On n’a pas le temps de se perdre à parler de polémiques. Je vois ce qu’il poste sur Instagram, mais quand il fait des soirées avec des footballeurs, moi je ne sors pas beaucoup, donc je ne suis pas là. S’il m’invite, j’y vais, mais lui, il peut sortir. Il a déjà bossé. Moi, j’ai pas encore bossé, je dois travailler !

Avec sa notoriété et son influence, il s’exprime sur ces polémiques qui sont liés à des sujets de société. Est-ce que tu te vois le faire, si une affaire du style Benzema arrive un jour en Belgique ?C’est au feeling. Je ne vais pas me dire : « Je dois le faire » . Par exemple, imaginons que demain, je me lie d’amitié avec Eden Hazard et qu’il a un truc, bien sûr, je vais dire quelque chose. Et même si je ne suis pas son ami, mais que je trouve que ce qui lui arrive est dégueulasse, je vais le dire aussi. Si ça me prend, en fait.

Je reste sur la polémique Benzema. Ça a tourné à l’explication entre plusieurs couches de la société, avec un Benzema qui jouait parfaitement son rôle de banlieusard qu’une partie du pays adore détester. Avec ton œil extérieur, tu avais pensé quoi, de tout ça ?C’est pas nouveau. On fait toute une polémique, on sait quelle type de classe sociale c’est. On sait qui est raciste, et qui ne l’est pas. Ça ne me choque même pas, le racisme il existe, il existera toujours. Il y en aura peut-être moins, mais il y en aura toujours. Pour moi, c’est une des composantes de l’affaire. On se dit « encore une nouvelle affaire, une nouvelle polémique » …

Si c’était arrivé en Belgique, les réactions auraient été les mêmes ?En Belgique, il y a plus de duplicité, d’hypocrisie. Ici, au moins les Français ont l’audace de dire les choses telles qu’elles sont. Le racisme, il est là, et bam, tiens, il y a le FN. En Belgique, on va essayer de faire passer ça par plein de chemins. Ici, en France, on ne dit pas explicitement que c’est raciste parce qu’on ne peut pas, mais tout le monde le sait, c’est plus affirmé. En Belgique, ça va passer derrière plein de petits trucs, une pseudo-loi, un truc inutile. C’est la même chose, mais en plus hypocrite, plus caché. Dites la vérité, c’est tout.

On va revenir au football côté terrain. Le moment de l’Euro qui t’a le plus marqué, jusqu’à maintenant ?Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de mater beaucoup de matchs, j’étais tout le temps en studio ou en promo. J’ai regardé les actions, après, quand je revenais. Mais ce qui m’a fait rire, c’est le dernier match. J’avais dit : « Vous allez voir, Hazard il va tout niquer. » Et puis il a été fort ! Juste avant, on le critiquait, on disait qu’il faisait des matchs pourris. Il fallait lui laisser le temps. Ce qui m’a juste marqué, c’est les supporters, je me suis dit que c’étaient des tricheurs ! Ils n’y croyaient plus, limite j’étais le seul. Maintenant, ils sont là : « Ouais, je croyais, mais sauf que… » Non, tu triches !

Être en promo pendant une compétition, ça doit être rude parfois. Imagine que tu as une session studio ou un concert le soir de la finale et qu’il y a la Belgique, tu fais quoi ?J’annule ! J’annule, j’annule. S’il y a un concert… Nan, t’es fou ! Écoute, je mets le match dans la salle, on mate le truc, et après je fais le show.

En France, on sent très moyennement l’engouement autour de l’Euro. L’animation vient surtout des fans étrangers, et les plus funs sont déjà partis. Les Belges, ils vivent la compétition avec un peu plus de folie ?Moi, je ne peux plus trop me balader dans Bruxelles, malheureusement.

D’habitude, les Français, ils sont chauds. Mais là, franchement, j’ai même pas l’impression que l’Euro se passe ici…

C’est petit, c’est un million de personnes. Donc quand tu fais un million de vues, ou deux millions, ça devient chaud. Mais quand je prends le taxi ou que je suis en voiture, je vois toutes sortes de trucs. Les gens, dès qu’il y a un match, c’est pire. Tu sens que les gens sont motivés. En France, je pense qu’avec la polémique, ça a cassé un truc. On en parle comme d’une affaire d’État, c’est bon les mecs, c’est du foot. Il ne faut pas tout mélanger, je pense que c’est ça qui casse. D’habitude, les Français, ils sont chauds. Franchement, j’ai même pas l’impression que l’Euro se passe ici !

Chez nous, c’est courant de voir footballeurs et rappeurs afficher leur amitié. Ça l’est moins en Belgique, pourquoi ?Le problème, c’est qu’il n’y a pas de star du rap en Belgique. Moi, sans prétention, je suis le premier à avoir fait un million de vues, deux fois même. Donc ce n’est pas un truc qu’on a installé, on va peut-être le faire. Il n’y a pas vraiment de footballeur qui donne de la force aux rappeurs, et vice versa. Moi, j’ai cette envie de donner de la force à tout le monde. Moi par exemple, je ne connais pas de footballeur. Je connais des types qui connaissent un mec qui est devenu professionnel, mais c’est toujours loin.

Et justement, de voir des footballeurs belges, qui viennent d’un petit pays, réussir à un niveau mondial, ça t’inspire en tant que rappeur ? Ça fait d’eux des modèles ?Hazard, je kiffe. Je ne le connais pas personnellement, mais t’as l’impression qu’il est vrai. Il fait son truc, il kiffe, c’est un capitaine, il gère l’équipe. Tu as l’impression que s’il n’est pas là, ça fait chier tout le monde. C’est ça que je kiffe bien. Après, inspiré, je n’irai pas jusque-là, parce que je suis inspiré par d’autres choses.

Au-delà du football, tu ne te vois pas rapper sur ce qui fait l’actualité belge de ces derniers mois ? Les attentats, l’agitation autour de la ville de Molenbeek, ça ne pourrait pas t’inspirer ? Car à t’écouter, tu parles souvent des mêmes thèmes que les rappeurs français.Je ne vois pas ce que je vais dire. Dans un son, je dis « Ferme ta gueule journal télévisé, le monde entier s’est fait daechiser » , mais faire un son entier dessus, ça ne m’intéresse pas. C’est de la triche, tu fais un buzz sur des morts. Sauf si tu as une autre idée en tête. Tu vas dire quoi ? Moi, j’ai perdu des proches dedans, c’est peut-être pour ça que je n’ai pas assez de distance. Quelqu’un qui est mort dans une explosion, je ne me vois pas faire un truc dessus.

Rien à voir, mais pourquoi tu n’as pas d’accent belge ?C’est quoi, l’accent belge ?

Celui de Jacques Villeret dans Le dîner de cons. C’est l’accent liégeois, ça ! Il y a beaucoup de trucs, l’accent liégeois, namurois. Bruxelles, on n’a pas vraiment d’accent, voire pas du tout.

Niveau foot, à Bruxelles, il n’y a pas de gros club. Anderlecht en banlieue ouest, et c’est tout. On fait comment quand on est supporter ?

Il n’y a pas de star dans le championnat belge. À chaque fois qu’il y a un mec bon, il part.

On supporte Anderlecht, mais on n’a pas cette culture de supporter un club réellement. Enfin, moi, je ne le vois pas. Dans mes potes, en tout cas les jeunes, on supporte un peu Anderlecht, mais c’est pas comme en France. C’est peut-être parce qu’il y a moins d’argent dedans, il n’y a pas de star dans le championnat belge. À chaque fois qu’il y a un mec bon, il part. Lukaku, il a commencé à Anderlecht, et il est parti.

Tu es né et as passé une partie de ton enfance au Congo. Le foot africain, tu suis un peu ?Ouais ! TP Mazembe, bien sûr. Ça, c’est le club. Ils ont gagné la Ligue des champions d’Afrique, c’est notre club, très très chaud. Mais je connais moins les joueurs. Mais dès qu’ils jouent, j’appelle mon frère pour savoir comment ça se passe.

Le mot de la fin, ton album s’appelle Batterie faible. Quelle équipe a la batterie faible en ce moment ? C’est la France ! (Rires) Nan, batterie faible, je crois que c’est la Hongrie. On les a tabassés, les pauvres. Mais là, franchement, on arrive à un niveau où tout le monde est chaud. En fait, la France, je dis ça parce qu’on a vraiment l’impression qu’il n’y a pas d’unité, et c’est pour ça qu’ils ne vont pas gagner. C’est peut-être qu’une impression, mais c’est pour ça que je dis ça. Comme si l’affaire avait créé un truc qui fait qu’il n’y a pas d’unité. Ils jouent, mais je ne le sens pas. Comme s’ils ne se connaissaient pas, maintenant c’est ma vision. On est obligé d’être ensemble pour gagner.

Damso – Bruxelles Vie

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