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Damião, du neuf pour le Brésil
Opportunisme de renard des surfaces, présence physique, gestes acrobatiques, dribbles venus d'ailleurs... A 22 ans, « Damigol » a tout pour devenir le grand-avant centre dont la Seleção a tant besoin.
« Leandro Damião, c’est sans doute le jeune attaquant brésilien qui a le plus de chances de faire une grande carrière en Europe » . L’éloge est signé Fernandão, ex-attaquant de l’OM et de Toulouse, qui vient de prendre sa retraite pour devenir dirigeant de l’Internacional Porto Alegre, où évolue la nouvelle perle du foot brésilien. Au pays, la plupart des observateurs le comparent déjà à Van Basten, mais l’ancien Marseillais revoit en lui son ancien coéquipier Didier Drogba. « Comme Didier, Leandro est grand, puissant et il utilise parfaitement son physique pour peser sur les défenses adverses » , décrit Fernandão.
Deuxième meilleur buteur du championnat brésilien, à égalité avec Ronaldinho, avec 13 buts au compteur, il affiche un total ahurissant de 40 pions en 47 matchs depuis le début de l’année. Pas mal pour un gamin qui a débuté dans le groupe pro de l’Inter l’année dernière, en se faisant remarquer en tant que « super sub » , claquant pratiquement à chaque fois qu’il entrait en jeu lors de la Copa Libertadores 2010. Il est entré à jamais dans le coeur des supporters en marquant après une course de plus de 50 mètres balle au pied lors de la finale remportée par les rouges du sud du Brésil contre les mexicains du Chivas Guadalajara.
Bicyclette et mobylette
Depuis, cet avant-centre ultra-complet est titulaire indiscutable et continue d’inscrire des buts d’anthologie. Parmi eux, un bicyclette de toute beauté pour arracher le point du match nul au nez et à la barbe de Ronnie contre le Flamengo.Leandro Damião a aussi squatté YouTube grâce à son grand classique, toujours sur deux roues, la lambretta (mobylette en portugais), geste technique tellement hallucinant qu’une bonne vidéo vaut mieux qu’un long discours pour l’expliquer.
Comme on peut le voir sur cette séquence, sa dernière lambretta a été réalisé contre l’Argentine, lors du match aller du « superclasico des Amériques » , disputé exclusivement avec des joueurs évoluant au pays. Malheureusement, il n’a pas participé au retour, n’a pas joué vendredi contre Costa-Rica et sera absent mardi contre le Mexique à cause d’une vilaine blessure à la cuisse. Mais ce beau bébé d’1,87m en a vu d’autres. Contrairement à la plupart des jeunes joueurs brésiliens d’aujourd’hui, il n’a pas fait ses classes dans un centre de formation dès l’adolescence. Il a galéré jusqu’à l’âge de 17 ans dans le « futebol de varzea » , foot amateur informel joué sur des terrains précaires.
Un parcours atypique
Quand il débarque dans l’équipe réserve de l’Inter en 2009, il n’est qu’un diamant brut. C’est le moment que choisit Ortiz, ancienne star du futsal reconvertie en entraîneur des jeunes attaquants du club, pour le prendre en main: « J’ai tout de suite senti qu’il avait de belles aptitudes physiques, mais il avait clairement de grosses carences techniques. Rien à voir avec Pato, avec qui j’ai bossé quelques années auparavant, qui était un vrai surdoué. Damião, lui, ne savait pas frapper du gauche ni faire des têtes correctement et surtout, il était incapable de faire un bon contrôle et de protéger le ballon quand il le recevait dos au but » . Pour y remédier, Ortiz va lui préparer des séances aux petits oignons. Il s’y connaît en protection de balle, vu qu’au futsal il jouait au poste de pivot: « Il se plaçait au milieu d’un carré que je traçais sur la pelouse. Il recevait une passe du milieu de terrain et devait contrôler sans que la balle sorte du carré. On a fait l’exercice avec et sans défenseur, dans des périmètres de plus petits, jusqu’à ce que le ballon lui colle littéralement au pied » .
Cela dit, si Damião est arrivé à un tel niveau aujourd’hui, c’est surtout grâce à ses qualités mentales. « C’est un joueur doté d’une rare détermination. A l’issue des séances, on sentait qu’il était crevé, mais il en redemandait » , assure son mentor. A Damigol de montrer s’il sera digne des espoirs placés en lui en brillant avec la Seleção. Mis à l’écart de la Copa América au profit du revenant Fred, il a inscrit son premier but en équipe nationale le 5 décembre dernier contre le Ghana. En tous cas, si un club européen veut le débaucher de l’Internacional, il faudra mettre le paquet : pas moins de 50 millions d’euros. C’est déjà 5 de plus que la clause libératoire fixée pour Neymar par Santos…
Par Louis Génot, à Rio de Janeiro