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Blind : « Les succès de Gérone se construisent comme un puzzle »
Débarqué en Catalogne l’été dernier, Daley Blind vit à fond le départ rêvé du FC Gérone en Liga 2023-2024. Leaders surprises du championnat après douze journées, les Blanquivermells déjouent tous les pronostics grâce à la meilleure attaque du championnat (29 buts). Entretien total avec l’international néerlandais.
Depuis ce nul sur le terrain de la Real Sociedad lors de la première journée, le FC Gérone n’a fait que gagner en championnat, à l’exception d’une défaite à domicile contre le Real. Comment peux-tu nous expliquer rationnellement ce démarrage en boulet de canon ?
Nous ne nous attendions pas à cela. Déjà, nous avons un entraîneur (Míchel, mais pas celui passé par l’OM, NDLR) qui a une vision claire de la manière dont il souhaite jouer au foot. Notre stratégie fonctionne très bien et parfois, nous avons aussi un peu de chance. Je mentirais si je disais que nous projetions d’être à cette place de leader à cet instant de la saison, mais si nous en sommes là, c’est parce que nous faisons les efforts pour que notre travail porte ses fruits.
Au cours de ta carrière, tu as connu des entraîneurs comme Mourinho, Van Gaal, Ten Hag, Nagelsmann… C’est grâce à Míchel que tu as choisi Gérone ?
En fait, Gérone s’était déjà renseigné sur mon profil avant même que je m’engage au Bayern Munich pour six mois. Le Bayern, c’était un challenge que je ne pouvais pas refuser. Cet été, Gérone est revenu, et j’avais accordé de l’importance au discours de mon futur entraîneur. Après notre entretien, j’étais convaincu que signer ici serait une bonne option. J’ai senti qu’il me voulait vraiment, et la manière dont il souhaitait jouer était exactement celle que nous développons en ce moment. Je suis très heureux de voir qu’il ne m’avait pas menti. À Gérone, nous avons un plan collectif précis et établi. Míchel est un coach très humain, il prend du plaisir à participer aux toros et il y a toujours de la place pour une blague ou deux. Il a le potentiel pour faire partie des meilleurs entraîneurs dans le futur.
Comment as-tu vécu ton adaptation à Gérone, sachant que tu ne maîtrises pas beaucoup l’espagnol ?
C’était une autre donnée importante dans mon arrivée. Le football, c’est ma vie, mais la vie, ce n’est pas que le football. Et cela, je l’ai rapidement compris quand je suis devenu père ! Sans enfant, il est plus facile de changer de maison ou d’environnement. J’ai pris le temps de m’assurer que mes enfants ne seraient pas perturbés par un changement d’école et d’amis. Finalement, c’est comme avec Gérone : le succès se construit comme un puzzle. Quand toutes les pièces sont bien assemblées, tu comprends l’ampleur de la réussite.
Ces performances inattendues doivent apporter une certaine folie dans les rues de Gérone, non ?
J’avoue ne pas me balader très souvent en ville, mais l’ambiance autour du stade avant chaque match montre qu’il se passe quelque chose d’unique dans l’histoire du club. L’ambiance est chaleureuse, les ventes de maillots se multiplient… C’est assez fou ce que nous réalisons, mais il ne faut pas trop y prêter attention et rester concentrés sur notre saison. Il faut continuer à kiffer !
En douze rencontres, vous êtes parvenus par cinq fois à marquer au moins trois buts dans un même match. C’est ça, le football total ?
Nous pratiquons un football d’attaque. Par exemple, Savio est excellent dans ce domaine. Je l’avais déjà croisé l’an passé en Eredivisie avec le PSV, mais désormais, je peux le voir de plus près. C’est un joueur talentueux, il file à toute allure avec une qualité de dribble évidente, c’est un bon élément à la passe comme à la finition. Notre connexion se fait instinctivement sur le terrain, car je ne maîtrise pas bien l’espagnol, encore moins le portugais, et pour lui, l’anglais ou le néerlandais sont difficiles. Du coup, on communique par les signes ! (Rires.) Aussi, Artem Dovbyk nous fait beaucoup de bien dans son positionnement, ses déplacements et sa capacité à garder le ballon. Mais globalement, l’équipe entière joue un rôle dans cette philosophie.
Savio appartient à Troyes depuis deux ans, mais il n’a jamais joué pour l’ESTAC, descendue en Ligue 2 entre-temps et membre du City Group comme Gérone. Que penses-tu du développement de la multipropriété des clubs de football ?
Faire partie du City Group, cela ne garantit pas automatiquement la réussite. Il faut savoir mettre la bonne personne à la bonne position avec les capacités nécessaires pour amener la performance. Maintenant, j’avoue ne pas trop penser au phénomène de la multipropriété. Ce que je peux ajouter, c’est que le fait que Gérone fasse partie de ce processus n’a pas joué dans ma décision de signer ici.
Tu as pu faire connaissance avec Cristhian Stuani. À 37 ans, il est le meilleur buteur de l’histoire du club. Qu’apporte-t-il au quotidien ?
Son statut parle de lui-même. À chaque fois qu’il entre sur le terrain, les occasions de but sont générées. Qu’il joue 90 ou 5 minutes dans le match, son instinct du but et son professionnalisme restent les mêmes. Il se place toujours au bon endroit au bon moment pour le service de l’équipe. Avec Dovbyk, nous avons deux belles options en pointe. Les jeunes attaquants du club doivent le prendre en exemple. Lorsque j’étais plus jeune à l’Ajax, je me souviens que tout était dans la répétition. Plus tu répètes une action, plus tu vas t’améliorer dans la simplicité de sa réalisation.
En tant que milieu de terrain de 33 ans, c’est dur d’être un exemple sur le plan physique ?
C’est une question de mentalité. Il faut concevoir son corps comme un temple et le traiter d’une bonne manière. Garder la santé, bien manger, bien dormir, bien s’entraîner… Bon, la génétique de mon père doit aussi jouer. Il a joué jusqu’à ses 37 ans, j’ai encore peut-être quelques années devant moi ! (Rires.)
Dans ton pays natal, Bas Dost a récemment subi un malaise cardiaque en plein match. Cela t’était également arrivé avec Manchester United lors d’un match de C1 contre Valence. Depuis cet évènement, tu joues avec un défibrillateur sous-cutané. Penses-tu que les clubs doivent être plus attentifs à ce problème ?
La médiatisation du football est importante et à chaque fois qu’un évènement de ce type se produit, nous en sommes tout de suite informés. Pour Bas Dost, j’ai l’impression que les médecins ont rapidement pris la mesure de ce qui lui arrivait, donc c’est une bonne chose. J’ai la sensation que les clubs sont de plus en plus concernés par la santé des joueurs. Il faut que ça devienne une priorité.
Toujours aux Pays-Bas, l’Ajax Amsterdam souffre d’une grosse crise sportive actuellement. Tu as quitté le club au début de l’année 2023. Est-ce que tu avais senti la chose arriver ?
(Direct.) Non, ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai décidé de partir. C’est une autre histoire, et ce n’est pas le moment d’en parler. Comme tout amoureux de l’Ajax, cela me fait mal au cœur de les voir dans cette situation. Cela dit, ils ont remporté leurs deux derniers matchs* et j’espère que cette dynamique va se poursuivre.
Propos recueillis par Antoine Donnarieix
* L’entretien a été réalisé avant Ajax-Brighton en Ligue Europa.