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Dacourt : « En Italie, les footeux sont des rock stars »
Gros choc à San Siro ce soir : l'Inter Milan rencontre la Roma avec la première place en jeu. Et s'il y a un Français qui connaît bien ce duel, c'est Olivier Dacourt, puisqu'il a arpenté les terrains de Serie A avec les deux équipes. L'occasion de revenir sur la riche carrière du joueur avec le principal intéressé. Entre la France, l'Angleterre et l'Italie.
Ce week-end, c’est le choc Inter Milan – Roma. Toi, tu as porté le maillot des deux clubs.
Et l’Inter ?
Justement, ce n’est pas un peu paradoxal de rejoindre un club qui perd alors qu’on désire être champion ?
Bien avant la Serie A, tu as commencé en France, à Strasbourg. Comment tu as atterri là-bas ?
Avant ce « transfert » , tu pensais déjà faire carrière ?
Cette expérience à Strasbourg, c’était comment ?
Comme qui ?
Après 6 ans au club, tu pars à l’étranger, à Everton. Pourquoi ?
Pourtant, tu t’amusais en Premier League…
Ça a été conforme à tes attentes ?
Et en 2000, direction Leeds.
C’était sans compter sur les problèmes financiers.Exactement. Le club a décidé de vendre Rio Ferdinand à Manchester United et Harry Kewell à Liverpool, donc ça puait. C’était le début de la fin. Et puis, il y a eu un nouvel entraîneur qui a débarqué, Terry Venables, et on n’avait aucun atome crochu.
C’est pour ça que tu es parti en Italie ?Oui, mais aussi parce qu’il y avait le meilleur entraîneur de l’époque, selon moi, qui me réclamait : Fabio Capello. Et moi, j’avais très envie de travailler avec le meilleur coach du monde.
Dans quel club tu as été le meilleur ?Je ne saurais pas dire. On dit souvent qu’à 28 ans, on est au top de sa carrière. C’est le moment où on est encore en pleine forme et on commence à avoir de l’expérience. Donc à Leeds, c’était pas mal quand même. Mais je ne peux pas dire que j’étais meilleur que lors de mon passage en Serie A.
Si tu devenais retenir un joueur que tu as croisé ?Je ne peux pas choisir. J’ai eu la chance de côtoyer des joueurs plus exceptionnels les uns que les autres.
Il y en a bien un qui t’a particulièrement marqué…Je ne sais pas. Il y a évidemment Zidane, en équipe de France. Aldair aussi, c’était la classe absolue. Ibra, un phénomène. Recoba, Adriano, Crespo, Cruz, Figo, Vieira… Je peux en citer un paquet. Je n’ai pas joué avec des grands joueurs, mais avec des champions. Et c’est une grosse différence.
Tu comptes 21 sélections en équipe de France. Tu penses que tu aurais pu faire mieux ?Pas vraiment. C’était une période où c’était vraiment difficile d’être appelé en sélection. Aller en A’ déjà, c’était énorme. Il y avait trop de monstres à mon poste : Deschamps, Petit… Quant tu vois que Vieira était remplaçant en EDF et n’est devenu titulaire qu’en 2000, alors qu’il avait déjà fait le doublé en 1998 avec Arsenal et qu’il était l’un des meilleurs joueurs d’Angleterre, tu comprends le truc. Même Makelélé n’était pas là ! À l’époque, il y avait des joueurs qui réalisaient de super carrières en club et qui n’ont même pas été appelé une seule fois. Prends Jérôme Leroy, par exemple, qui a une très belle carrière en Ligue 1 et qui n’a jamais connu l’EDF. Même chose pour Peter Luccin.
Tu regrettes ta fin de carrière, avec tes passages contrastés à Fulham et au Standard ?Non. Je m’étais fait les croisés en Italie, et tout le monde me disait qu’il ne fallait pas finir une carrière sur une blessure. Donc j’ai été prêté à Fulham pour prendre un max de plaisir. Je devais arrêter, mais j’ai terminé au Standard de Liège. C’était surtout pour observer comment Lucien D’Onofrio, le vice-président, gérait le club. J’étais déjà dans l’après-carrière. Après, j’ai suivi les cours de manager général de club sportif, et j’ai eu mon diplôme en 2014.
Dernière chose : tu n’as jamais eu envie d’entraîner ? Pourquoi devenir consultant plutôt que coach ?Je sais pas, je n’ai peut-être pas la vocation. Pourquoi tu es journaliste et pas écrivain ? (rires) Ce qui me plaît dans ce rôle de consultant, c’est de découvrir et faire découvrir l’histoire du joueur, l’homme qui se cache derrière le footballeur. On parle toujours de l’argent que touchent les joueurs, mais on oublie souvent leurs sacrifices. Quitter sa famille très jeune par exemple, c’est pas facile.
Propos recueillis par Florian Cadu