Cyril Jamet : « J’ai laissé parler mon cœur sur le but de Sotoca »

Bonjour Cyril ! Comment as-tu vécu cette soirée avec ce huis clos ? C’était ma toute première fois dans un stade complètement vide. Dans un stade comme Bollaert, tu ressens une grande tristesse en tant que speaker. Voir la Marek vide, ça fait un choc. Personnellement, je me sentais seul au monde. Tous les speakers prennent leur pied avec l’ambiance, et là, il n’y avait rien. Moi, je suis animateur radio chez Horizon à Béthune, donc je suis aussi habitué à des plateaux. Mais là vraiment, c’était spécial. Au total, on devait être une cinquantaine de personnes à observer le match, dont plus de la moitié était de la presse. Malgré cela, j’ai essayé de faire mon travail du mieux possible, et Lens en ressort avec trois points supplémentaires, donc c’est cool.

Sur le but inscrit par Florian Sotoca sur penalty, tu as décidé de lâcher les chevaux malgré l’absence de public. Est-ce que tout cela était prémédité ou pas du tout ? Ce n’est absolument pas prémédité. Sur le coup, je n’y pense pas une seule seconde, mais on va dire que je suis un speaker qui ne cache pas sa joie dans les moments chauds ! (Rires.)

Au moment où il y a ce penalty, il y a une réelle pression, car ce match était très important pour Lens. Il nous fallait ces trois points, mais on savait que ça allait être délicat étant donné l’atmosphère particulière de la rencontre. Quand Sotoca marque, c’est l’explosion ! En une fraction de seconde, je me dis : « Qu’est-ce que je fais ? » Bah j’y vais, je m’en fous. J’ai laissé parler mon cœur. Je me suis dit que c’était un bon clin d’œil pour les supporters qui auraient aimé être là pour célébrer ce but avec moi. Pour l’anecdote, je savais qu’il y avait aussi une poignée de supporters sur le parking. Au moment du but, j’entends même des klaxons. À la base, tout cela est vraiment venu naturellement.

Incroyable séquence au Stade Bollaert grâce au speaker du @RCLens après le but de Florian Sotoca pic.twitter.com/0EmQODacid

— Canal Football Club (@CanalFootClub) March 9, 2020

Est-ce que tu as entendu des gens te répondre ? Sur le direct, il y a vraiment un énorme silence… Quand je crie « FLORIAN… » , je pensais avoir deux ou trois personnes dans la tribune derrière pour scander le nom du buteur, histoire que cela m’encourage pour continuer le truc. Mais là, je n’ai vraiment rien entendu ! Du coup, ça crée un vide monumental et c’est ce qui fait que j’en rigole à la fin parce que je suis vraiment tout seul. (Rires.)

Qu’est-ce qu’il se passe autour de toi à ce moment précis ? J’étais à côté du banc lensois, donc j’ai vu quelques joueurs qui étaient morts de rire. Mais ils me connaissent, ils savent que je suis un peu chaud. Aussi, la sécurité était pliée en deux, notamment un qui s’est accroupi par terre tellement ça le faisait marrer. J’ai tout de suite senti que cette séquence allait marquer les esprits de certains… Dans les secondes suivantes, nous en avons parlé avec mon équipe et on se bidonnait. Y a même un journaliste de terrain de Canal + qui est venu m’interviewer ! Là, tu réalises que tu amuses la galerie.

Ensuite, tu as également pris la parole pour les changements respectifs de Lens et Orléans. Avais-tu également l’envie de t’enflammer là-dessus ? Il y avait les changements c’est vrai, mais il y avait aussi la composition des équipes avant le match. C’est un moment clé pour entrer dans la rencontre, car en temps normal, tu testes la température du public à ce moment-là. Là, c’était forcément plus compliqué !

Donc je me suis un peu lâché aussi, mais je ne te cache pas que vu le nombre de joueurs sur la feuille de match, ça allait être long tout seul. Du coup, j’ai quand même accéléré le rythme même s’il y avait une musique pour m’accompagner. J’étais au milieu de la pelouse et… (Rires.) C’était une drôle de sensation quoi ! Mais avec mon équipe, on s’est dit que ce n’était pas parce que la rencontre était à huis clos qu’il ne fallait rien dire. Si ça peut aider les joueurs à se motiver pour gagner, il faut y aller ! Quitte à être là, autant faire le taf et se faire plaisir comme on peut.

Quels étaient les retours autour de ta prestation à la fin du match au bord du terrain ? Je n’ai pas croisé les joueurs, car je crois qu’ils ont autre chose à faire. Ils ont fêté ensemble une victoire qui était très importante à leurs yeux, c’est une priorité, et je le comprends totalement. En revanche, je ne pensais vraiment pas qu’une telle séquence de quinze secondes puisse prendre de telles proportions sur les réseaux sociaux. J’ai reçu des milliers de messages, et depuis hier soir, mon téléphone flambe. Ça me fait plaisir d’être félicité par des gens qui, comme moi, aiment le RC Lens. C’est un pur bonheur.

Et maintenant, est-ce que tu prévois de faire la même chose dans chaque match à huis clos à Bollaert jusqu’au 15 avril ? Ah, je te le confirme : huis clos ou pas, j’aurai toujours cette même célébration de but marqué par Lens ! J’espère simplement que la prochaine fois, il y aura certaines personnes dans la tribune pour me répondre. Mais je ne change rien, on fera comme d’habitude.