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Cyril Garcia : « On veut se confronter à toutes les stars du PSG »
Gardien et capitaine de l’US Revel, club de R1 qui recevra le Paris Saint-Germain en Coupe de France ce dimanche au stade Pierre-Fabre de Castres, Cyril Garcia a connu de nombreuses péripéties dans sa carrière. Montée en Ligue 2 et signature pro envolées avec Luzenac, chômage, blessures graves, il raconte son histoire avant un match de gala au goût de revanche.
Quelles pensées traversent l’esprit d’un gardien amateur à quelques jours d’un match contre le PSG ?
Je ne me mets pas de pression particulière, je sais ce qui nous attend, je vais sûrement être très sollicité. Le soir quand je me couche, je pense à plusieurs scénarios, bien plus que pour des matchs de championnat classiques, mais je me sens détendu. Ça doit être l’âge qui fait ça ! (Rires.) Les jeunes sont comme des fous, c’est logique. À l’unanimité dans le vestiaire, on veut que toutes les stars de Paris soient là pour pouvoir se confronter à eux. On est peut-être un peu suicidaires, mais quitte à vivre ce moment, autant que ça se passe avec tout le monde.
À 32 ans, tu as joué des centaines de rencontres, mais aucune comme celle-ci. Comment tu l’appréhendes ?
C’est le match d’une vie, il faut le prendre avec beaucoup de plaisir. On a la chance de jouer dans des conditions que connaissent les footballeurs de très très haut niveau, devant un stade comble, avec une retransmission télé, à un horaire de grande audience (à 20h45 contre beIN Sports). Il y a d’ailleurs eu tellement de demandes que la billetterie du Castres Olympique a explosé, alors que c’est un club de Top 14 qui fait guichets fermés régulièrement. Je pense qu’ils n’avaient jamais connu ça avant, c’est dire l’engouement qu’il y a autour de cette rencontre.
À titre personnel, cette affiche ressemble à une belle récompense après des années de galères…
Ma mère m’a envoyé un message qui m’a fait chaud au cœur quand elle a vu le tirage en me disant que c’est un joli clin d’œil du destin par rapport aux coups de malchance que j’ai eus dans ma carrière. Je le prends vraiment comme ça. C’est vraiment un cadeau et je vais le savourer. Il y a des choses que j’ai vécues dans le football à l’époque de Luzenac où j’ai eu l’impression que ça n’arrivait qu’à moi. D’ailleurs, il n’y a pas eu de cas similaire dans le football jusqu’à présent. Cette fois-ci, c’est aussi quelque chose de très rare, donc je le prends comme un juste retour des choses et ça viendra peut-être récompenser mon parcours et les sacrifices que j’ai faits jusqu’à présent pour vivre du foot.
Lors de la saison 2013-2014, tu es donc dans l’effectif de Luzenac qui termine deuxième de National et est promu en Ligue 2, mais ne connaîtra jamais cet échelon. Comment as-tu vécu ce moment ?
Olivier Lagarde, le coach des gardiens de Luzenac qui suivait beaucoup les matchs régionaux, m’avait fait venir de DH en 2012 pour être numéro 2 derrière Quentin Westberg. Je n’avais jamais connu le haut niveau et c’était exceptionnel d’avoir ce tremplin. On se maintient difficilement la première saison, et la deuxième tout se passe bien, on est premiers à la trêve et on finit second en fin de saison. Durant l’été, le club se renforce au poste de gardien de but et signe Régis Gurtner en tant que numéro 2, mais ils me proposent un contrat pro, parce qu’en Ligue 2, il y a trois gardiens par effectif. Quand je pars en vacances, je pense que je vais signer pro, mais quand je rentre, j’apprends que ça va passer au tribunal et tout s’est enclenché. Je n’ai jamais vraiment signé pro, mais j’avais signé un accord avec contrat assuré si la montée du club était validée.
Régis Gurtner, Quentin Westberg et Cyril Garcia, déguisés en drapeau de l’Arménie.
L’attente a été longue jusqu’au dénouement en votre défaveur…
Ça a été compliqué parce qu’au fur et à mesure qu’on s’entraînait, on était persuadés que ça allait passer, les dirigeants étaient optimistes sur le dossier. On s’entraînait en se disant que ça allait le faire, même si l’effectif se décimait. Une fois que le coup fatal a été donné, je me suis retrouvé sans structure, sans club. Au départ, on continuait à faire des spécifiques gardien avec Quentin, parce qu’Olivier Lagarde réussissait à trouver des mairies autour de Toulouse qui voulaient bien nous prêter des terrains. Psychologiquement, cette période-là a été très compliquée parce que même si je n’allais être que numéro 3, signer un contrat pro, c’est important pour la suite. Outre le plaisir de réaliser un rêve d’enfant, il y a surtout le fait de pouvoir t’ouvrir des portes avec plus de crédibilité au niveau inférieur.
Tu te retrouves donc sans club alors que la saison a déjà commencé. Comment tu rebondis ?
J’ai décidé de rester dans ma région, et le district du Tarn m’a proposé un poste de technicien avec des charges administratives. C’était pour moi l’opportunité de revenir à la vie socialement. J’ai fait un premier passage à Revel où mon frère jouait dans les buts pour garder ma condition physique, mais comme je marquais quelques buts à l’entraînement, le coach m’a dit de me prendre une licence. J’ai joué attaquant six mois. En juillet, je suis allé à Balma dans la région toulousaine en CFA2, mais l’histoire s’est arrêtée vite parce qu’on ne s’est pas entendu avec le coach. J’ai ensuite signé à Castanet où je suis resté 8 ans.
Après les espoirs de devenir professionnel déchus, ce sont les blessures qui vont te freiner…
Exactement. Trois ans après mon arrivée à Castanet, il m’arrive deux grosses blessures coup sur coup. D’abord une fracture de la malléole en septembre sur un dégagement anodin où ma cheville glisse et se bloque dans la pelouse. Je reviens en mars pour aider l’équipe qui était relégable, je joue jusqu’à la fin de saison et sur le dernier match, un adversaire avec qui je suis au duel retombe sur ma jambe en porte-à-faux et je me fais les croisés. Sportivement, ça a été l’une de mes périodes les plus sombres, parce que revenir d’une fracture, c’est beaucoup de temps passé à se soigner, à travailler pour revenir à ton niveau et quand tu y arrives, rechuter c’est très dur.
C’est finalement avec Revel, au niveau régional, que tu vas connaître, selon tes mots, le match de ta vie. La boucle est bouclée ?
Un tel match à 32 ans à Revel, c’est génial et c’est un joli clin d’œil. Quand je suis arrivé, le club venait de descendre en R2, mais le niveau m’importait peu, je voulais me rapprocher de la maison et coller au projet de vie que j’avais avec ma femme. J’arrivais de N3 avec l’exigence que ça demande entre les trois entraînements par semaine, à 1h15 de route de chez moi, et les longs déplacements chaque week-end. Je voulais être dans l’encadrement des jeunes et faire progresser une équipe. Je n’imaginais pas vivre ce genre de match ici, je pensais vraiment que j’allais terminer en aidant le club, mais ça relance un dernier évènement. Enfin, dernier…
Propos recueillis par Maël Russeau // Photos : Idriss Imelhaine