Curry and Coco: « Ribéry, c’est nul à vomir ! »
Groupe électro-pop originaire du bassin minier, Curry and Coco, c'est deux demi-frères. Soit un frère. Vainqueurs du tremplin « Découvertes du Printemps de Bourges » et B.O des défilés Castelbajac, le duo se voit muter hors du Nord-Pas-de-Calais. Dans l'au-delà, ils n'oublient pas d'où ils viennent. Lensois et fiers de l'être.
« Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch’tis » . Vous faites partie de quelle C.S.P ? En fait, on a monté une équipe autour de chacun des attributs cités. Le miracle a été de réunir un pédophile, un chômeur, un consanguin et un mec qui est plus que tout. Mais lui, je ne sais pas si on peut en parler. Il est né à Courrières. C’est peut-être pire que Lens. Le plus dur a été de les réunir tous. Curry and Coco, c’est comme dans le foot : c’est une équipe.
Les Housse de Racket misent tout sur le registre tennisman. Sur scène, vous vous sapez en survêts. Pour ressembler aux footeux ? Pas du tout. C’est un style de vie. On vient de Lens. Quand tu veux être à l’aise, tu te mets en jogging. C’est le principe de base. Sur scène, on a besoin d’être à l’aise. C’est comme dans le sport. Il fait chaud. On bouge. Il faut des joggings. C’est simplement une raison technique.
Pourtant, l’expression « T’as le look Coco » , c’est de vous… Oui, nous l’avons inventé pendant l’été 1984. Il y a la chanson de l’été. Notre truc à nous, ce sont les expressions de l’été. En 1987, « Yo » , c’était nous. 1989, c’était « Wouaich Beau gosse » .
Un de vos titres s’intitule “Sex is fashion”. Et le foot ? Football is fashion ? Ça se discute. Si tu prends juste le style des joueurs dans leur vie de tous les jours, c’est nul à vomir. Mais le football en tant que sport, c’est fashion oui. Après t’as des cas particuliers. Tony Vairelles dans la vie, c’est la classe. Le perfecto trop grand, le fait d’habiter dans le garage de ses parents, partir jouer en Belgique, c’est chic. Par contre, Ronaldinho et ses cheveux plaqués ou Ribéry avec les fausses lunettes, les trucs Dolce&Gabbana mes couilles, ça c’est nul. C’est du Franck Ribéry. C’est nul à vomir.
Pour être hype, il faut être has been en fait? Vraiment oui. Pour nous, George Best, c’est le best des footballeurs au niveau du style de vie. Bien joué le jeu de mots !
Vous le chantez, vous êtes des enfants des années 80. C’était mieux avant ? On regrette surtout Bernard Lama. Quand j’ai (Thöma) commencé le foot, je voulais être comme lui. Mais premier problème, j’étais nul en foot. Le deuxième, je n’étais pas noir. Pourtant c’était mon idole. Je me coiffais comme lui. Mais ça a pas duré longtemps. Ma mère m’a mis une claque. (Rires). Pour le look vestimentaire et le style de vie, les années 70 sont encore mieux. Les mecs picolaient comme des porcs. Ils faisaient la fête à fond. Ils s’en branlaient. Aujourd’hui, ils s’affichent moins. Georges Best, lui, c’était une rock star.
Une batterie et un clavier, un style très épuré. Inspiré du jeu des « Allemands qui finissent toujours par gagner » ? Il y a un petit côté Allemagne de l’Est 75. Ce placement ultra rigide, qui permet très peu de souplesse, mais très efficace. C’est la meilleure solution existante au final.
Vous chantez en anglais. C’est parce que quand vous chantiez en français, personne ne comprenait ? (Rires). Ouais, ça ne passait pas. Et Dany Boon n’a pas suffi. On comptait vachement sur lui pour qu’il fasse comprendre aux gens ce qu’on racontait. Mais non, ça ne marche toujours pas.
Nés à Lens, vous vivez à Lille. Pourquoi cette trahison ? Ce n’est pas une trahison. On importe la culture, ou plutôt on l’exporte. C’est selon. Le tout est qu’on fonctionne par objectif. En 2010, des écharpes du LOSC, tu n’en vois plus à Lille. Il y aura que du sang et or. Les tags sur le magasin du LOSC, c’est nous. On a marqué sur la vitrine : « Changez de métier les gars » . (Rires). « Au Nord, c’était les corons. La terre, c’était le charbon » . Même les stabilisés ? (Rires). Bien sûr. À la télé, les politiques demandent qu’on recycle. Dans le Nord, on recycle. À Bollaert, y a pas d’herbe. C’est du charbon taillé en pique et peint en vert. C’est solide en fait. (Rires). La pelouse à Bollaert, c’est le même truc qu’il y a à Nœux-les-Mines pour la piste de ski. C’est des bouts de plastiques mouillés.
Ça vous évoque quoi la pression : un fût de Jupiler, la faible quantité d’air dans les mines ou Laure Manaudou ? (Rires). Le premier réflexe est de penser à la bière. Donc t’as ta réponse. Mais on va dire Laure Manaudou au fond d’une mine qui est en train de devenir dingue, parce qu’elle ne trouve pas de pression.
Curry and Coco, parce que vous en aviez marre des moules-frites ? Pas du tout. Notre nom dans le Nord, c’est Moule et Frite. Ici, dès que tu vois un panneau marqué moules-frites, c’est qu’on y joue. Curry and Coco, c’est juste pour l’export.
Dans une interview, vous avez déclaré : « Avant on était Batman et Robin, pendant une dizaine d’années » . La légende urbaine veut qu’ils soient gays. Votre expérience ? Ça serait un peu dégueulasse vu que nous sommes frères. Ça veut dire consanguinité. En même temps, faut pas oublier qu’on est Ch’ti. Il y a des traditions à respecter. On devait le faire, mais on n’y arrivait pas. C’était plus fort que nous. On habite ensemble, mais on n’arrive pas à aller plus loin.
Propos recueillis par Maxime Marchon
http://www.myspace.com/curryandcoco
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