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Cufré : « Je comparerais Ménez à Cassano »

Propos recueillis par Thomas Goubin, à Guadalajara
Cufré : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je comparerais Ménez à Cassano<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ex-Monaco, ex-As Roma et ex-international argentin, Leandro Cufré vit son présent à l'Atlas Guadalajara. Il y évolue depuis début 2012 et en est le capitaine. Idole des supporters locaux, le défenseur central de 35 ans nous en dit davantage sur ce qui devrait être son dernier club, et cause Pékerman, Riquelme et Principauté.

Pour commencer, pourrais-tu présenter l’Atlas, un club méconnu en France ? C’est le seul club sans propriétaire du Mexique. Il fonctionne comme une association, avec 124 socios. Pour les gens de Guadalajara, l’Atlas est une passion. Ses supporters sont connus sous le nom de « la Fiel » , un surnom qui célèbre une fidélité qui résiste aux mauvais résultats. Le club n’a pas gagné de titre depuis 1951. Notre budget est limité et il est difficile d’être réellement compétitif, même si on sort d’une bonne saison (nda : l’Atlas a atteint les quarts de finale du championnat la saison dernière, cette saison le club n’a pas gagné un seul match après treize journées).

Il semble que tu aies déjà signé un accord pour intégrer l’équipe dirigeante du club au terme de ta carrière. Est-ce gravé dans le marbre ? À Guadalajara, j’ai reçu de l’affection comme si j’avais joué ici toute ma vie. Quand l’ancienne équipe dirigeante m’a proposé d’intégrer la direction du club au terme de ma carrière, j’ai tout de suite été partant. On a signé un accord, mais l’important, c’est le présent. Les dirigeants ont changé, donc on verra… Mon intention est de rester ici, mais cette reconversion pourrait aussi ne jamais se concrétiser.

Comment juges-tu le niveau du championnat mexicain ?C’est un football très dynamique, mais qui manque parfois de science tactique. C’est ce qui le rend intéressant aussi, car c’est assez imprévisible. En Italie, par exemple, tu sais comment joue ton adversaire, ici tout peut changer du jour au lendemain. Au sein du championnat mexicain, il y a beaucoup de très bons joueurs qui ont les capacités pour réussir en Europe.

But de Cufré avec l’Atlas :

Avant de rejoindre l’Atlas, tu as évolué au Dinamo Zagreb, un choix qui peut paraître surprenant…Après mon passage au Hertha Berlin, où Monaco m’avait prêté, j’ai reçu une proposition avec un objectif clair du Dinamo. Cela faisait quinze ans que l’équipe ne s’était pas qualifiée pour la Ligue des champions et elle voulait y faire son retour. Ça m’a enthousiasmé. En deux ans et demi, on a gagné cinq titres, et on a fini par faire notre retour en LDC, en 2011. Ce fut une expérience merveilleuse.

À quoi ressemble la vie de joueur professionnel en Croatie ?Ils commencent leur transition vers le football moderne. Cette année, le pays entre dans l’UE, et cela va sûrement aider ce championnat. Sur le terrain, c’est très agressif, il faut être solide. Ceux qui ne connaissent pas la Croatie pensent qu’il s’agit d’un trou perdu, mais c’est un pays qui se situe au cœur de l’Europe, un pays merveilleux. Les villes sont très bien entretenues, les plages sont magnifiques. Dès que j’ai un moment, on y retourne en famille.

À l’Atlas, au Dinamo, ou à la Roma, tu as évolué dans des club escortés par une grande passion populaire. Comment t’es-tu adapté à l’ambiance cosy de Monaco ?Le contraste est brutal. Il y a vraiment peu de fans, mais j’ai apprécié mes deux saisons à Monaco. Je n’ai pas connu de problème de motivation. La motivation doit venir de l’intérieur, de toi-même, pour donner ton maximum quelles que soient les circonstances. Pour certains joueurs, c’est plus compliqué. Ils ont besoin d’un stimulus extérieur.

Comment définirais-tu le style de jeu prédominant en Ligue 1 ?En ce moment, le niveau monte grâce aux investissements faits au PSG et à Monaco. À mon époque, c’était un jeu très vertical. Il y a beaucoup de joueurs africains en France, et leurs caractéristiques inclinent à opter pour ce style de jeu. À Monaco, j’ai notamment connu Yaya Touré. On voyait que c’était un joueur pour une équipe d’un autre calibre. Mais j’en ai vu, des joueurs de classe qui n’ont jamais confirmé, lui s’est efforcé, et on voit où il en est maintenant.

Tu as aussi côtoyé Jérémy Ménez à Monaco. En France, c’est un joueur souvent stigmatisé pour son comportement individualiste…Avec nous, ça se passait bien. Je le rapproche un peu d’un Cassano. Ce sont des joueurs qui font des immenses différences sur un terrain, et dont le comportement n’entre pas dans la norme. Quand la Roma l’a contacté, il m’a demandé des informations sur le club, et il a fini par accepter l’offre. Ça a plutôt bien marché pour lui.

Pourquoi es-tu parti de Monaco ?J’ai eu un problème avec mon passeport européen. On m’a privé de ma citoyenneté italienne. J’occupais donc une place d’extra-communautaire. En fait, une filière de faux passeports a été démantelée en Argentine, et j’ai été une victime collatérale de cette affaire. Enfin, j’ai fini par prouver que mon passeport était valide : ma mère est née en Italie. Ma famille est d’ailleurs fan de la Roma depuis toujours.

Avec l’Argentine, tu as été champion du monde moins de 20 ans en 1997. L’équipe était dirigée par José Pékerman…(Il coupe) C’est le meilleur souvenir de ma carrière. J’ai franchi un cap avec Pékerman. Je jouais au Gimnasia y Esgrima la Plata, un petit club, quand il m’a appelé avec les U17. Il m’a vraiment fait sentir que j’étais important pour la sélection. Il a cru en moi, et cela m’a donné davantage confiance en moi. Au total, j’ai travaillé près de douze ans avec lui, jusqu’à la Coupe du monde 2006.

Quel type d’entraîneur est Pékerman ?Il est très patient, il aime travailler avec les jeunes. Ce qui m’a vraiment marqué, c’est sa capacité à décrypter le jeu des adversaires. Il se rendait compte de tout en un éclair et cela lui faisait prendre des décisions radicales. Il pouvait faire des changements après vingt-cinq ou trente minutes, et pas des moindres. Il pouvait sortir Riquelme, Aimar ou Cambiasso, nos joueurs les plus importants, s’il estimait que le match n’était finalement pas fait pour eux. C’était surprenant, mais pour lui, il n’y avait pas à attendre la deuxième période pour faire des changements.

Humainement, comment se comporte-t-il avec son groupe ?De manière excellente. Je ne l’ai pas connu en club, seulement en sélection, où il choisissait les joueurs, mais il nous a tous fait progresser. Il n’est pas loquace, mais est très accessible. Il veut que tu repartes de ses séances avec les idées claires, et pour cela il est prêt à dialoguer un long moment avec le joueur si cela est nécessaire.

En règle générale, les équipes de Pékerman proposent un football offensif. On le voit avec la Colombie. Comment parvient-il à imposer ses principes de jeu ?Il a un grand pouvoir de conviction. Le joueur comprend très rapidement ce que veut Pékerman. Quand il a repris la Colombie, leurs éliminatoires étaient mal engagés et, en quelques mois, cette sélection a commencé à tutoyer les sommets. La Colombie joue très bien, ce sera une des équipes à surveiller lors du Mondial. On sent que Pékerman est parvenu à faire régner une harmonie au sein du groupe et à en tirer un rendement maximal.

En 2006, lors du quart de finale face à l’Allemagne, la décision de Pékerman de remplacer Riquelme alors que l’Argentine menait a été vivement critiquée. Tu te trouvais sur le banc, qu’as-tu pensé de ce choix ?Pour Pékerman, c’était la meilleure des décisions. Nous, on n’a jamais contesté ses choix. On croyait vraiment en lui. Au final, on est éliminé du Mondial sans avoir perdu un match. Cela génère forcément des regrets. On était amers. En Argentine, on se sent tous entraîneurs, mais la décision appartenait à Pékerman.

Au terme de ce quart finale face à l’Allemagne, une bagarre générale éclate et tu deviens le premier joueur de l’histoire de la Coupe du monde à être expulsé d’une rencontre sans y avoir pris part. Que s’est-il passé ?Ce fut un match très tendu. On n’a pas apprécié la manière de célébrer des Allemands. On trouvait cela excessif, même si, avec le recul, on comprend qu’il y avait énormément de pression sur cette équipe qui évoluait à domicile.

En 2006, l’Argentine avait réalisé une grande phase de poules. Étiez-vous la meilleure sélection de cette Coupe du monde ?On se sentait très fort, en tout cas. Physiquement, on était très bien, et la qualité du groupe sautait aux yeux. Derrière, c’était impressionnant, avec un Ayala au top, Sorín, Coloccini, Burdisso. Au milieu : Cambiasso, Mascherano, Riquelme, Aymar. Devant : Crespo, Cruz, Messi… Le but de Cambiasso inscrit après plus de vingt touches de balle face à la Serbie reflétait la qualité de ce groupe. On était vraiment confiants.

But de Cambiasso :

En huitième de finale, vous aviez toutefois éprouvé des difficultés face au Mexique. Cette sélection dirigée par ton compatriote, Ricardo La Volpe, vous a-t-elle surpris ?Pas vraiment, mais vu du banc, c’était impressionnant. Tu sentais qu’ils étaient vraiment sûrs de leur style. Un style qui était similaire au nôtre d’ailleurs, avec ce soin attaché à une relance propre depuis les lignes arrières. Devant, on se retrouvait toujours en nombre à attaquer. Au final, c’est l’extraordinaire but de Maxi qui nous a sauvés.

Tu as connu Riquelme avant même ses vingt ans, et tu as aussi connu le jeune Messi en sélection. Lequel t’as le plus impressionné ?Riquelme, c’est un joueur extraordinaire, il te fait des gestes que personne d’autre ou presque ne peut faire. Messi est différent, plus explosif et rapide. Riquelme gère le tempo de l’équipe. Il peut ralentir le jeu si l’équipe le nécessite. Messi est, lui, celui qui fait la différence dans la zone de décision, mais il a besoin d’un joueur qui l’alimente, comme Xavi ou Iniesta. Après, une fois qu’il a la balle, il suffit de le laisser faire.

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Propos recueillis par Thomas Goubin, à Guadalajara

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