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Cuba fait-il sa Révolution ?

par Thomas Goubin
Cuba fait-il sa Révolution ?

Longtemps confinée à une camaraderie virilo-révolutionnaire entre Fidel Castro et Diego Maradona, la relation de Cuba avec le football ne cesse de prendre de l'épaisseur au fur et à mesure des ans. En témoigne la participation de sa sélection U20 au Mondial turc. Une première qui en appelle d'autres ?

Loin d’être ridicule. Alors qu’une correction était à redouter, Cuba n’a pas été loin de créer la surprise pour le premier match de son histoire en Coupe du monde U20 (1). Vendredi, à Kayseri, les Lionceaux des Caraïbes ont toutefois payé leur manque d’expérience internationale en laissant la Corée du Sud prendre les devants en fin de match (2-1, 83e). Au terme d’un match qui aurait pu basculer en sa faveur, Cuba a confirmé son très bon tournoi pré-mondial de la CONCACAF, où les représentants de l’île des frères Castro avaient éliminé le Costa-Rica en quart de finale, avant de tomber face aux États-Unis en demies. Terre de base-ball, de boxe et d’athlétisme, Cuba se trouverait-il en voie de commencer à tirer son épingle sur les rectangles verts ?

À la Havane, Matanzas ou Guantanamo, la passion pour le football est réelle et croissante. Elle se cristallise au moment des grands tournois internationaux diffusés sur l’une des cinq chaînes d’État (Ligue des champions, Euro, Coupe du monde), et trouve un terrain d’expression improvisée dans les rues des quartiers populaires. Si le base-ball reste le sport numéro un, le football a indéniablement fait son trou dans ce bout de Caraïbe qui résiste toujours et encore aux États-Unis. La présence de Cuba lors de ce Mondial U20 témoigne d’ailleurs de l’engouement suscité par le ballon rond à l’intérieur de l’île, plus que d’une réelle politique de développement de ce sport. L’augmentation du nombre de pratiquants conduit logiquement à la production de davantage de talents.

Football et désertion

Lors du pré-Mondial U20 de la CONCACAF disputé au Mexique en février dernier, Cuba a signé un double succès. La sélection a validé son billet pour la Coupe du monde, et le groupe de joueurs est revenu au complet, phénomène assez rare pour mériter d’être signalé. Car, si pour les footballeurs cubains, disputer un tournoi international constitue une opportunité rare de se mesurer à des adversaires plus compétitifs, il s’agit aussi d’une occasion idéale pour fuir les privations du régime castriste. Depuis la Gold Cup 2005, les « désertions » , selon la terminologie militaire employée à La Havane, se sont multipliées, notamment lors des tournois organisés aux États-Unis. Près d’une vingtaine au total. Difficile dans ces conditions de progresser, de parvenir à former des ensembles compétitifs, quand l’on est régulièrement saigné de quelques-uns de ses meilleurs éléments.

À Cuba, le football, comme le reste des sports, est amateur. Son sort est évidemment étroitement lié aux décisions du régime socialiste et autoritaire. Si le statut d’athlète permet d’esquiver quelques limitations drastiques du carnet d’approvisionnement, les footballeurs ne jouissent pas des privilèges accordés aux boxeurs, volleyeuses ou cadors des tartans. Ces grands ambassadeurs qui servent, par leur excellence, la politique de rayonnement international de l’île. À Cuba, les footballeurs sont pris dans un cercle vicieux, avec la fuite à l’étranger comme unique porte de sortie, s’ils veulent vivre confortablement de leur talent. Plusieurs sont parvenus à faire leur trou aux États-Unis, en MLS, ou en deuxième division américaine. Milieu de terrain des Seattle Sounders, Osvaldo Alonso est ainsi aujourd’hui désiré par Jurgen Klinsmann pour intégrer la sélection américaine. Le Cubain avait pris la fuite lors de la Gold Cup 2007.

La Révolution ou l’exil?

En Turquie, la sélection cubaine a exhibé, face à la Corée du Sud, d’indéniables qualités athlétiques. Les footballeurs cubains sont puissants, rapides et endurants. En revanche, une science tactique fait clairement défaut aux représentants de l’île socialiste, et la plupart doivent encore se dégrossir techniquement. Autant que la rareté de leurs rendez-vous internationaux, les Cubains paient là l’accès restreint à la diffusion de rencontres d’élite, si nécessaire pour disposer de sources d’inspiration, d’exemples à suivre. Sauf pour une étroite caste de nantis, voir un match en streaming relève de la science-fiction sur l’île aux cigares.

Les Lionceaux des Caraïbes seront vraisemblablement éliminés de la Coupe du monde ce lundi soir en cas de défaite face au Nigeria. Poursuivront-ils ensuite leur œuvre avec la sélection A ou viendront-ils grossir les rangs du bataillon des déserteurs ? Buteur face à la Corée, Maykel Reyes a parfaitement défini le fossé existant entre ses aspirations de joueur de haut niveau et les limites posées par le régime castriste, tout en dessinant en creux le dilemme auquel il fait face. « J’aimerais jouer à Barcelone, partager le vestiaire avec Messi et Neymar, a déclaré l’avant-centre, mais je respecte avant tout les décisions de la Révolution. » Pour le moment…

(1)Toutes catégories confondues, Cuba avait participé à trois Coupes du monde, avant 2013 :
Mondial 1938 en France, Mondiaux U17 en 1989 et 1991.

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