- Coupe du monde 2014
- Groupe B
- Cameroun/Croatie (0-4)
Croatie vide Cameroun
Comme lors de ses quatre participations précédentes, le Cameroun est officiellement éliminé dès le premier tour de la Coupe du monde, après sa défaite face à la Croatie. Cette dernière a marché sur un adversaire au mental friable, profitant du retour de Mandžukić et de l'état de grâce de Perišić pour gagner le droit d'y croire encore.
« I was caught / In the middle of a railroad track / I looked round / And I knew there was no turning back » Voilà comment débute le morceau Thunderstruck d’AC/DC, diffusé juste avant l’entrée des joueurs lors des matchs à l’Arena da Amazonia de Manaus. Ce soir, ces paroles avaient un sens particulier : coincées au milieu d’une voie de chemin de fer, elles ne pouvaient plus faire demi-tour. Après le match nul du Brésil face au Mexique, il fallait gagner ou mourir pour le Cameroun et la Croatie. Dos au mur, c’est cette dernière qui a le mieux su gérer la pression pour infliger aux Lions indomptables une belle branlée, leur sixième défaite d’affilée en Coupe du monde, et une nouvelle élimination au premier tour. La cinquième depuis le quart de finale de 1990. Et peut-être la plus triste.
Saut de cabri et coup de poing
Deux Poulidor sont alignés en pointe à l’occasion de ce match à élimination directe. Mario Mandžukić, deuxième meilleur buteur de Bundesliga avec 18 buts, suspendu contre le Brésil. Et Vincent Aboubakar, deuxième meilleur buteur de Ligue 1 avec 16 buts, remplaçant d’un Samuel Eto’o finalement pas remis de sa blessure au genou. Le duel semble tourner à l’avantage du Lorientais, se permettant des passements de jambe dans la surface pendant que Moukandjo fait flamber l’aile droite. La Team championnat de France est en place. De l’autre côté du terrain, l’attaquant du Bayern se fait bolosser par Nicolas Nkoulou sur un centre venu de la droite. Manque de bol pour les Lions, la Croatie a un effectif fourni, et Perišić délivre un amour de passe à Olić, qui ouvre le score dès la 11e minute.
Ce but précoce détruit complètement le mental des Camerounais. Un ballon surnuméraire est envoyé par erreur sur le terrain par un ramasseur de balle ? Nkoulou le dégage rageusement. Mandžukić tente de jouer une touche rapide ? Le même Nkoulou, pourtant capitaine, saute comme un cabri devant lui pour l’en empêcher. Stéphane M’Bia, de son côté, aligné exceptionnellement en tant qu’arrière droit, semble oublier les tâches défensives et passe son temps devant à dévisser ses frappes ou gêner ses partenaires. Conscient du problème, Finke lui redonnera son poste devant la défense en deuxième période. Mais la meilleure preuve du souci psychologique camerounais est donnée par Alexandre Song. Juste avant la pause, le Barcelonais met une beigne dans le dos de Mandžukić et se fait expulser sur le champ.
Une nouvelle retraite d’Eto’o ?
Face à un adversaire en décomposition, la Croatie n’a qu’à rester calme et attendre les failles. Dès la reprise, Charles Itandje en ouvre une en grand en relançant dans les pieds de Perišić. Déjà passeur décisif, le meilleur Croate de la rencontre fonce vers le but de l’ancien portier de Liverpool et le bat sans problème du plat du pied. À l’heure de jeu, c’est Mandžukić qui, devançant sur corner un Choupo-Moting tout mou, rajoute une banderille. Le petit carré de supporters croates s’enflamme. Ils ne sont pas au bout de leur kif. Sur une frappe peu dangereuse d’Eduardo repoussé par Itandje, Mandžukić est absolument seul pour inscrire son doublé. Kovač ne prend même pas la peine de faire tourner son duo magique Modrić-Rakitić. Trop facile.
Ce qui va se passer maintenant pour l’équipe du Cameroun est tristement prévisible. Samuel Eto’o (pas entré en jeu ce soir malgré les demandes du stade) va annoncer sa retraite internationale, donner des interviews dans lesquelles il dénoncera l’attitude de la Fédération et peut-être d’un ou deux de ses coéquipiers. Puis il reviendra pour disputer la Coupe d’Afrique des nations 2015, avant laquelle il y aura un problème de primes. Pour la Croatie, c’est un peu plus compliqué. Le dernier match de poule face au Mexique sera une finale dans laquelle seule la victoire sera qualificative pour les Vatreni. Le public de l’Arena da Amazonia, en très grande majorité brésilien, termine son match en enchaînant les « Sou brasileiro » et les « Brasil » . Car le plus satisfait du résultat de ce soir est sans doute le Brésil. Sauf gros dérapage et concours de circonstance, il est à peu près assuré de passer le premier tour de sa Coupe du monde malgré son nul contre le Mexique.
Par Thomas Pitrel à Manaus