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Croatie-Portugal, l’amour à la plage
C'est le huitième de finale qui nous rappelle qu'après avoir passé un mois à manger du football jusqu'à l'écœurement et s'être enfilé les 51 matchs de l'Euro, il va falloir prendre des vacances. Car ce Croatie-Portugal, c'est surtout cet éternel débat au moment de choisir où partir. Méditerranée ou Atlantique ? Dubrovnik ou Estoril ? Aller se faire des potes en -o ou en -ic ?
Les agences de voyage sont à cran, et il ne suffit que d’un rapide coup d’œil sur le site de Marmara pour être attaqué par leur « sélection du moment » . Au menu des destinations dont il faut profiter, aucune surprise : l’Italie du Sud, Ibiza, et bien sûr la Croatie et le Portugal. Thomas Cook agite le même drapeau, et Croatie et Portugal sont en tête de peloton des voyages les plus abordables, avec quelques réductions de 50% qui traînent par-ci par-là. Deux pays devenus des immenses classiques des vacances d’été un peu cheap, décidées après avoir laborieusement gratté deux semaines de congés et vérifié que le porte-monnaie allait mal. « Ce sont deux destinations de tourisme de masse, même si la Croatie n’est pas encore au niveau du Portugal » , confirme Florine, d’une grande agence de voyage parisienne. Et les côtes portugaises ont encore pris du galon depuis que les pays du Maghreb sont en difficulté sur le plan touristique, sur fond de tensions locales et de menace terroriste. Côté football, les plages du Portugal semblent également tenir la barre pour des raisons naturelles évidentes. L’immense majorité des plages croates est faite de cailloux, tandis que le sable de la côte Atlantique permet « à la plupart des grandes plages d’avoir des buts de foot, où on peut jouer. C’est un pays de football ! » se vante Amélie, dont beaucoup des 41 700 tweets regorgent d’amour pour Cristiano Ronaldo, et qui prend chaque été le temps de se reposer dans sa maison familiale de Lagos, dans l’Algarve, la région la plus au sud et la plus touristique du pays.
La honte du Seven
Des opportunistes ont d’ailleurs voulu profiter de la popularité des footballeurs dans les stations balnéaires hype du Portugal pour jouer les malins, comme le beau-frère de Cristiano Ronaldo, auteur d’un joli coup foireux à l’été 2012. José Pereira, mari de la sœur de CR7, avait affolé toute la côte en annonçant triomphalement l’ouverture fin juillet 2012 d’une boîte de nuit à Vilamoura, en Algarve, au cœur du Tivoli, un hôtel cinq étoiles en bord de mer. Ronaldo en personne aurait investi un million d’euros dans l’affaire, et le club est baptisé le Seven en son honneur. Les associations d’établissements de nuit locaux grincent des dents et hurlent à la concurrence déloyale, mais Pereira s’en moque et laisse courir le bruit en ville que Ronaldo sera présent à la soirée inaugurale. Un nombre incalculable de naïfs mordent à l’hameçon, et attendent encore leur Cricri qui ne s’est jamais pointé à la soirée en question. Vingt jours plus tard, la boîte doit fermer, car elle ne possède pas toutes les autorisations légales pour pouvoir exercer. Un bide monumental, et un José Pereira obligé de passer pour une trompette en avouant la vérité pour éloigner l’attaquant du Real Madrid de l’affaire : « Il n’est pas le propriétaire et n’a aucun lien avec la discothèque. Nous sommes juste amis. » Jouer sur la corde Ronaldo pour appâter le chaland, une stratégie que même les boutiques de plage utilisent au Portugal : « Cristiano Ronaldo, il est partout, enchaîne Amélie. Dans certaines boutiques de plage pour touristes, la moitié des articles sont en rapport avec le foot. »
Banana Split
Devan, ancien footballeur de clubs de la région nantaise, a lui galéré à trouver des traces du ballon rond lors de son séjour en Croatie. S’il se souvient vaguement en avoir aperçu « quelques-unes sur Luka Modrić » dans la presse locale, il a surtout l’impression d’avoir été piégé dans la grosse ville de la côte, Split, au milieu de milliers d’autres touristes venus de toute l’Europe. Entre la vue bétonnée et les baignades dans une mer « où ils avaient mis des lignes d’eau comme à la piscine » , Devan et ses amis tentent parfois de sortir leur ballon de football. « Mais on n’a pas trouvé de collègues, et la plage n’est pas devenue frénétique à la vue du ballon. » Une expérience mitigée, même s’il se rappelle avoir entendu la ville de Split vibrer jusqu’à 3h du matin après un match du Hajduk en barrage de Ligue Europa. La station balnéaire possède même deux clubs de première division, puisque le Hajduk, sextuple champion de Croatie, cotoie le RNK. Chez les Portugais, quelques grosses villes de plage offrent aussi du beau spectacle avec des clubs de première division, comme Estoril ou Vila do Conde, même si l’Algarve n’a rien à proposer à ce niveau-là. Florine de l’agence de voyage, elle, reste bloquée sur la composition des plages, et conseillerait à n’importe quel amateur de football de choisir les vacances au Portugal pour des raisons techniques : « C’est plus facile de projeter un match sur une plage en sable. Sur des plages de pierres, sans transats, c’est pas la peine. » La question de savoir qui a les plus belles plages semble réglée. Et en se faisant peur jusqu’au bout de la phase de poules, Ronaldo et ses coéquipiers ont failli les retrouver plus tôt que prévu.
Par Alexandre Doskov