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Croatie, l’heure de la digestion
Finaliste du Mondial 2018, la Croatie doit embrayer, dès ce soir en amical au Portugal, sans trois joueurs importants qui ont pris leur retraite internationale. Pas forcément simple quand il faut parallèlement digérer la meilleure performance sportive de son histoire.
« Il n’y a pas de moment idéal pour partir. Si nous le pouvions, je crois que nous jouerions avec la Croatie jusqu’à la fin de nos jours, car il n’y pas de plus grande fierté pour un joueur. Mais je sens que le moment est venu pour moi maintenant. J’ai fait de mon mieux pour contribuer au succès du football croate. » Mi-août, Mario Mandžukić annonçait sa retraite internationale. Comme Danijel Subašić (33 ans) et Vedran Ćorluka (32 ans). À seulement 32 ans pour l’attaquant de la Juventus, l’un des hommes forts du parcours croate au Mondial 2018. Certes, Zlatko Dalić pourra se réconforter en pensant à son ossature préservée – Luka Modrić (32 ans) et Ivan Rakitić (30 ans) continueront à maîtriser au milieu de terrain jusqu’à l’Euro 2020 –, mais il sait très bien que pour son équipe, le plus dur s’annonce. Et tant pis pour la Ligue des nations. « Nous avons besoin de trouver trois ou quatre nouveaux joueurs pour apporter une nouvelle énergie, estime le technicien, pour qui l’objectif réel se trouve dans les qualifications pour l’Euro au mois de mars, plutôt que les prochains matchs contre le Portugal ou l’Espagne. Pour moi, la question n’est pas de savoir si nous perdrons contre le Portugal, l’Espagne ou l’Angleterre. Les attentes sont souvent irréalistes et nous ont coûté cher dans le passé. C’est important d’avoir un objectif clair et de s’y tenir. »
Le repos du guerrier Mandžukić
Pour pouvoir passer cette première étape, le sélectionneur a dû accepter l’inéluctable concernant le départ de ses cadres, notamment celui d’un Mandžukić qui s’y est repris à deux fois par téléphone pour cracher le morceau. « Je n’ai même pas essayé de persuader Mario de rester, je sais comment il est. Il m’a appelé un soir et a posé des questions sur des sujets sans importance, on a parlé comme des amis. Puis il m’a rappelé le lendemain matin, expliquait récemment Dalić. Ce grand guerrier, ce combattant, n’avait pas trouvé la force de me dire qu’il arrêtait, il a dû s’y reprendre à deux fois. » Le sélectionneur s’est alors contenté de remercier son joueur, même si « Mandžukić va être difficile à remplacer » car « il faut regarder devant » . Plus qu’un objectif, la Ligue des nations devrait donc être un laboratoire pour Zlatko Dalić, qui doit trouver un nouveau point de fixation devant, et un nouveau taulier dans ses cages, Danijel Subašić ayant lui aussi tiré sa révérence mi-août, après un Mondial d’excellente facture.
Luka Modrić et l’horizon 2020
Pour son avant-centre, Dalić aurait quelques atouts dans sa manche, soit une promotion pour Andrej Kramarić, un changement de poste – et d’approche tactique – avec Ivan Perišić en pointe, ou un grand pardon pour Nikola Kalinić, exclu du groupe pendant le Mondial, mais à qui Dalić a récemment ouvert la porte pour un retour. En revanche dans les buts, il faudra composer avec un déficit d’expérience, Subašić et ses 44 sélections – il était titulaire depuis 2014 – devant être remplacé par Lovre Kalinić, le gardien de La Gantoise, 28 ans et 11 capes. Pour vivre deux prochaines années aussi belles que sa campagne en Russie, la sélection croate aura bien besoin de son capitaine Luka Modrić, « avec qui nous n’avons eu aucune discussion sur une possible retraite internationale » , a affirmé Dalić, qui voit l’Euro 2020 comme « l’échéance idéale » pour son meneur de jeu. Mais plus qu’un homme, c’est un état d’esprit que va devoir entretenir le technicien, car pendant le Mondial, la sélection croate était plus qu’une équipe : « On était une famille. » Une famille qui doit maintenant se recomposer.
Par Nicolas Jucha
Propos de Mario Mandžukić extraits de son communiqué officiel, ceux de Zlato Dalić extraits de conférence de presse