- Ligue des nations
- Finale
- Croatie-Espagne (0-0, 4-5 TAB)
Croatie : La quête inachevée
Régulièrement présente parmi le gratin mondial, mais jamais victorieuse, la Croatie avait l’occasion, ce dimanche, d’enfin inscrire une ligne à son palmarès en remportant la Ligue des nations. Au lieu de cela, les Vatreni ont entretenu leur image de perdants magnifiques.
Tel un marronnier, la question revient sur la table à chaque grand rendez-vous, ou presque : mais comment un pays de moins de quatre millions d’habitants fait-il pour être aussi bon en foot ? Il faut dire que la Croatie a pris un malin plaisir à faire parler d’elle en Coupe du monde, compétition dont elle a atteint le dernier carré à trois reprises en seulement six participations (troisième en 1998 et 2022, finaliste en 2018). S’ils n’ont jamais réussi à conclure au niveau planétaire, les joueurs au damier n’ont pas, non plus, remporté le moindre Euro (quart-de-finaliste en 1996 et 2008), même s’ils ont souvent dû assumer un statut de sérieux outsider. Alors, à défaut de passer par les voies traditionnelles, on pouvait penser que les Vatreni sauraient profiter de la nouvellement créée – et toujours dépréciée – Ligue des nations pour décrocher leur premier titre international, en ce mois de juin. Ça aurait été, pour l’ensemble de leur œuvre de ces cinq dernières années, amplement mérité. Une fois de plus, il n’y a cependant pas eu de happy end.
Le bonheur était à portée de mains
Les hommes de Zlatko Dalić avaient pourtant idéalement attaqué le Final Four, organisé cette année aux Pays-Bas. Leur goût immodéré pour l’entertainment les avait poussés à passer par la prolongation, mais ils avaient su calmer le pays hôte en demies (2-4 AP). De quoi en faire de réels favoris à la victoire finale, face à une équipe d’Espagne en reconstruction et moins mature, aussi. Faute d’avoir dominé son sujet – ce qu’elle réussit rarement, sinon jamais –, la Croatie a toutefois pu compter sur les fulgurances de Luka Modrić et les percées d’Ivan Perišić, intenable, pour mettre la Roja en danger. Et quand bien même ce match s’est révélé être le plus soporifique de la semaine, les vice-champions du monde 2018 semblaient en mesure de forcer la décision aux tirs au but, un exercice qui colle à la fois à leur image de maîtres du suspense et à leur mental d’acier dans les moments clés. Au Qatar, c’est justement lors de la séance fatidique que les partenaires de Marcelo Brožović avaient eu raison du Japon et du Brésil. La première balle de match espagnole a d’ailleurs été expédiée sur la transversale par Aymeric Laporte, ce qui laissait poindre l’espoir. Un espoir réduit à néant par Unai Simon (deux arrêts) et Dani Carvajal, qui a inscrit la tentative victorieuse pour la Roja (0-0, 4-5 TAB).
L'Espagne remporte la Ligue des nations 2023 !
Avec le tir décisif de Dani Carvajal, les Espagnols battent la Croatie aux tirs au but (5-4), au terme d'un match serré et fermé ! #lequipeFOOT #CROESP pic.twitter.com/lILsxXuJbN
— la chaine L'Équipe (@lachainelequipe) June 18, 2023
Jamais les Croates n’étaient passés aussi près de remporter un titre, ce qui explique sans doute en grande partie leurs mines déconfites au moment de monter sur l’estrade récupérer une nouvelle médaille honorifique. Mais ce rendez-vous manqué semble d’autant plus dur à digérer qu’il s’agissait vraisemblablement de la dernière apparition de Modrić en sélection nationale. Du haut de ses 37 ans, l’infatigable milieu a empilé quantité de trophées avec le Real Madrid (qu’il va peut-être quitter pour rejoindre l’Arabie saoudite). Il n’y en a eu aucun avec la Croatie, et cela suscite inévitablement un immense regret chez chaque amoureux du Mozart de Zadar. Bien sûr, la septième nation au classement FIFA a de la ressource et va très vite se remobiliser en pensant à l’Euro 2024. Cette occasion loupée d’offrir la meilleure des sorties au plus grand joueur de son histoire risque toutefois de la hanter pendant un bon moment.
Par Raphaël Brosse