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Dembélé-Mbappé, une connexion perturbée
En forme internationale avec leurs clubs respectifs, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé se sont très peu trouvés ce jeudi soir lors du naufrage bleu en Croatie (2-0). Autopsie de ce qui n’a pas marché et de ce qui peut fonctionner pour que ce duo cinq étoiles parvienne à renverser la vapeur dimanche au stade de France.

Le duo était attendu au tournant, prêt à faire des étincelles. En grande forme au Real Madrid et au PSG, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé devaient former un tandem d’attaque capable de rendre cette équipe de France un peu plus sexy offensivement. Mais dans le Pojlud de Split ce jeudi soir, la magie portait un maillot à damier, et s’appelait Luka Modrić, Ivan Perišić (sur lesquels les affres du temps n’agissent toujours pas) ou encore Ante Budimir. Les Croates, par leur combativité et leur pragmatisme, ont non seulement pris une option sur les demi-finales de Ligue des nations (2-0), mais ont complètement éclipsé un duo composé des deux meilleurs buteurs d’Europe de l’année civile en cours (22 pour le Parisien, 17 pour le Madrilène).
Beaucoup de libertés, peu de soutien
La faute à une première période complètement ratée par la bande de Didier Deschamps, durant laquelle le lien entre Mbappé et Dembélé a été inexistant. Le premier est davantage resté en pointe, filant dans le couloir gauche par intermittence (un domaine qu’il cède à Vinícius et Rodrygo en club) et se procurant au passage deux occasions franches après des services de Lucas Digne (16e et 23e, arrêtées par Dominik Livaković). Le second a conservé sa liberté parisienne, en décrochant systématiquement dans le cœur du jeu et en se repositionnant à droite en fonction des différentes phases. « Offensivement comme défensivement, ils avaient énormément de libertés », constate Didier Domi, formateur de la PSG Academy à Doha et ancien international espoir.
On pourrait ajouter un joueur capable de donner beaucoup plus de liant entre le milieu et l’attaque, un profil à la Désiré Doué, qui a une facilité à sortir de la pression et à prendre des risques.
Un plan de jeu réduit à néant par une Croatie qui a complètement verrouillé l’axe, un secteur de jeu où les Bleus avaient choisi de mettre beaucoup de densité, les forçant à passer par les ailes avec très peu de succès. Les deux flèches ont beaucoup osé, sans pour autant réussir à combiner, et en laissant la troisième roue du carrosse Randal Kolo Muani (14 ballons touchés en première période) donner l’impression d’être resté sur la touche avant même sa sortie à la 64e. Pour ce sabotage de ligne à grande vitesse, les rugueux défenseurs croates ont été bien aidés par les milieux de l’équipe de France (Adrien Rabiot, Mattéo Guendouzi et Aurélien Tchouaméni), dont la projection vers l’avant et les prises de risques ont été complètement nulles. « Comme on a été très faibles offensivement et surtout défensivement, on n’a pas eu l’assise qui nous a permis de bien attaquer. Donc on n’a pas vu beaucoup de combinaisons entre les deux », poursuit Didier Domi.
Un chaînon manquant
En l’absence de sel dans l’entrejeu français, l’équipe de France est revenue à ses fondamentaux, le duo aussi. Mbappé s’est davantage montré en restant sur la gauche et en repiquant systématiquement dans l’axe, quand Dembélé s’est attelé au flanc droit en jouant constamment le duel face au roc Joško Gvardiol. « On a les qualités d’une équipe de transition, qui doit beaucoup écarter et jouer sur ses forces, les un-contre-un. C’est pour ça qu’en seconde période, c’était un tout petit peu mieux parce qu’ils ont été trouvés sur les côtés », constate Didier Domi. Le tandem Mbappé-Dembélé s’est en effet mieux trouvé, échangeant quatorze passes sur l’intégralité de la rencontre (contre une seule entre Mbappé et Kolo Muani par exemple). Avec un pic de connexion à l’heure de jeu et trois combinaisons successives aboutissant sur des occasions (57e, 59e, 61e), puis la plus grosse alerte française du match à la 79e, avec un bon service du Parisien pour le néo-Madrilène, dont la frappe contrée a failli tromper l’impassable Livaković.
Pour autant, la France n’aura pas réussi à réduire l’écart en vue du match retour à Saint-Denis, dimanche. Pour mieux accompagner ce duo toujours balbutiant, Domi, ex-défenseur du PSG des années 1990-2000, milite forcément pour voir le petit nouveau : « On pourrait ajouter un joueur capable de donner beaucoup plus de liant entre le milieu et l’attaque, un profil à la Désiré Doué, qui a une facilité à sortir de la pression et à prendre des risques. » Un profil qui ne colle pas vraiment à ce qu’aime proposer Deschamps, même si les Bleus auront deux buts à remonter pour espérer se frayer un chemin vers les demi-finales de la Ligue des nations, et donc devront montrer plus de culot et faire moins de calculs au moment de se présenter sur le terrain. L’association Mbappé-Dembélé sera encore scrutée, avec l’espoir de voir les meilleurs copains du monde le devenir sur le terrain.
France-Croatie : A Real PainPar Théo Juvenet
Propos de Didier Domi recueillis par TJ