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  • FC Barcelone-Real Madrid (1-2)

Cristiano Ronaldo gâche l’hommage du Camp Nou

Par Maxime Brigand
5 minutes
Cristiano Ronaldo gâche l’hommage du Camp Nou

C'était le soir où il fallait assurer. Reste que Barcelone a refusé de jouer, a longtemps buté sur un Real défensif et s'est finalement incliné (1-2) dans un Clásico peu spectaculaire. Zidane remporte logiquement son premier choc face au Barça grâce à un but de Cristiano Ronaldo en fin de match, à dix et avec des tripes. La fin d'une longue invincibilité catalane.

FC Barcelone 1-2 Real Madrid

Buts : Piqué (56e) pour le Barça ; Benzema (63e) et Ronaldo (85e) pour le Real

Il y a l’art et la manière de se dire au revoir. Johan Cruyff ne jurait que par le jeu. Ce dimanche soir, dans un ultime instant, le Camp Nou lui avait rendu un hommage magnifique, dans ce sens. Ce qu’il avait laissé derrière lui, son Barça, devait livrer une nouvelle partition dans l’une de ses plus belles saisons et asseoir définitivement sa domination annuelle sur son rival madrilène. Mais Barcelone est reparti la tête basse, car il a déjoué. En butant, longtemps, sur un Real regroupé d’abord, avant de craquer en fin de match sur un but de Cristiano Ronaldo (1-2). Le jeu n’aura pas été là, le pragmatisme aura pris le dessus. L’histoire retiendra donc que Barcelone a dit au revoir à Cruyff sur une leçon de réalisme.

Les briques de Casemiro, le rouleau catalan

C’est la cour des grands. Le cœur d’un quartier, le poumon d’une ville, l’histoire du football d’un pays. Un bal pour les artistes où les légendes ont leur place, toujours, dans un coin de la pelouse, sur la couleur d’un carton. Ce Clásico est différent, il restera à jamais celui du jour d’après. L’histoire se souviendra que, le 2 avril 2016, le quartier de Les Corts et son Camp Nou ont dit au revoir à leur repère. Sur un tifo géant magnifique dessinant à travers les tribunes le numéro 14 de Johan Cruyff, la mention « Gràcies Johan » et un Cant del Barça entonné a cappella. L’atmosphère est particulière, la tension est pourtant réelle au-delà de l’émotion, car le Real joue gros. Largué à dix points du Barça, Zidane joue son premier Clásico costumé et sait que son avenir passe par ce rendez-vous. Sur le tableau, on retrouve du classique : la BBC devant, un milieu Casemiro-Kroos-Modrić, et Carvajal préféré à Danilo au poste de latéral droit. Côté Barça, aucune surprise non plus. Comme une répétition grandeur nature à quelques jours d’un quart de finale de Ligue des champions contre l’Atlético.

La physionomie est, elle aussi, sans surprise. Les premières minutes sont à l’avantage des hommes de Luis Enrique qui contrôlent la rencontre, imposent leur rythme, face à un Real frileux. Le choc est physique, les fautes sont nombreuses, alors que Karim Benzema joue très bas, cantonné à sa propre moitié de terrain. Le Barça actionne alors le rouleau, Luis Suárez prend le meilleur sur Ramos, laisse Neymar lui offrir l’ouverture du score, mais l’attaquant uruguayen est trop court. On se tabasse au milieu, Casemiro pose les briques, alors que Rakitić est omniprésent et est même tout proche d’ouvrir le score au quart d’heure de jeu, mais Navas est bien placé. La tactique madrilène tue la rencontre, lui donne un faux rythme, défensif et un peu frustrant avec un milieu blanc incapable de tenir le ballon. Restent les décisions arbitrales pour faire bouger l’histoire et cette faute non sifflée de Ramos sur Messi qui aurait pu avoir de grosses conséquences. Le dernier quart d’heure laisse craquer quelques sourires, Marcelo prend ses responsabilités, joue plus haut, pète l’organisation de son équipe pour déséquilibrer le plan catalan, mais ni Cristiano Ronaldo sur coup franc, ni Benzema de volée n’inquiètent Bravo. Comme une fête sans musique.

Le sourire de Cristiano

Il suffit alors d’un espace, d’une inattention. Car le Barça repart sur le même rythme, Suárez continue de peser sur Ramos, Bale et Ronaldo jouent le plus souvent en position défensive. Modrić alerte Navas, mais le jeu est de l’autre côté, Neymar prend de l’épaisseur et sur une nouvelle attaque construite par la MSN, Messi oblige Navas à l’envolée. La soirée s’ambiance, paradoxalement, c’est aussi sur les phases arrêtées que Barcelone marche sur le Real. Et peu avant l’heure de jeu, Piqué laisse Pepe sur place pour faire craquer le Camp Nou (56e, 1-0). On se dit que la troupe catalane vient de lancer sa partition, mais Marcelo augmente de nouveau son activité offensive pour décaler le bloc barcelonais, et sur l’action suivante, Benzema remet son groupe sur pied d’un beau ciseau (63e, 1-1). Loin d’être en vue, l’attaquant français se rend utile dans le décalage, l’appui et dans la finition, enfin, avec un huitième but personnel au cours d’un Clásico. Les hommes de Zidane, frénétique derrière sa ligne, reprennent le goût de l’espoir, et Bale couche Bravo sur l’action suivante.

Luis Enrique veut assurer la fin de soirée et tente. Rakitić, chargé de couvrir les décrochages incessants de Messi, est sorti pour Arda Turan, pour un nouveau souffle ou, au contraire, gérer tranquillement une fin de rencontre à quelques jours d’un rendez-vous européen. On ne pensait pas ça autorisé pour un Clásico. Résultat, Barcelone recule, Busquets n’est plus en place, Kroos se montre enfin, et à dix minutes de la fin, Bale ira même glisser près du poteau de corner. Le Gallois pense alors avoir donné la victoire aux siens, mais le but est refusé pour une faute peu évidente sur Jordi Alba. Le Real pousse, et Ronaldo tape même la barre dans la foulée. Le Barça semble avoir lâché malgré les quelques frissons offerts par le trio offensif, Suárez en tête. Ramos est expulsé, mais sur le ballon suivant, sur un superbe service de Bale, Ronaldo efface Alves de la poitrine et fait tomber Bravo (85e, 1-2). Définitivement. La tension grimpe, Pepe décoche un coude sur Suárez, histoire d’assurer le tableau. Comme une leçon de pragmatisme sur le jeu avec une victoire aux tripes en fin de match du Real qui revient à sept points du Barça ce soir.

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