- Mondial 2022
- 8es
- Portugal-Suisse (6-1)
Cristiano Ronaldo, frère et fier
Remplaçant face à la Suisse, Cristiano Ronaldo n’en a pas pour autant oublié son rôle de capitaine. Le symbole d’une prise de conscience.
À l’annonce de la composition d’équipe du Portugal face à la Suisse ce mardi soir, l’absence de Cristiano Ronaldo dans le onze aurait très bien pu se transformer en énième machine à rumeurs. Pourtant, le feu d’artifice signé Gonçalo Ramos, João Félix et consorts a détourné les projecteurs vers un scénario beaucoup plus important : l’écrasante victoire de la Seleção pour rallier les quarts (6-1). Et derrière ces lumières, un CR7 attentif à la bonne progression de ses protégés.
Big Brother
« Faire commencer Cristiano sur le banc est une option que nous avons longtemps étudiée, et qui reste envisageable pour la suite de la compétition,lançait Fernando Santos en conférence de presse, quelques heures avant de défier la Nati. […] J’ai revu les images de sa sortie contre la Corée du Sud et je n’ai pas aimé(frustré d’être remplacé, Cristiano Ronaldo avait également quitté la pelouse en s’écharpant avec Cho Gue-sung, NDLR), mais cet incident est clos, et sa mise sur le banc n’y est absolument pas liée. » Diplomate, le sélectionneur lusitanien s’est en effet empressé d’achever un feuilleton naissant, afin de laisser les siens se préparer au festival. C’est donc dans une attitude de grand frère que Cristiano Ronaldo a abordé ce huitième de finale. À l’image de sa Coupe du monde, finalement.
Serein, voire souriant, derrière la ligne de touche contre les Suisses, l’attaquant a ainsi assuré son rôle d’adjoint, distillant quelques conseils à Félix en première période, puis se muant en ambianceur, au moment de fêter le missile de Ramos ou le coup de tête de Pepe. Si l’on s’attendait donc à voir l’habituel air bougon du Madérois, scrutant l’écran géant afin de mettre en scène sa frustration, force est de constater qu’il n’en a rien été. Il faut dire qu’une victoire avec cinq buts d’écart, en Coupe du monde qui plus est, adoucit le caractère et l’égo. Même quand on est la personnification incarnée.
Le Portugal d’abord
Pris dans un étau complet depuis cet été, le numéro 7 semble en effet s’être évertué à faire de ce Mondial une réussite collective. Légèrement à court de rythme (problème à la cuisse gauche notamment), Ronaldo n’a ainsi disputé aucune des quatre rencontres (Ghana, Uruguay, Corée du Sud et Suisse) dans son intégralité. Une mise en retrait volontaire, pour un bonhomme de 37 ans désormais conscient de ses propres lacunes, mais surtout du plein potentiel des talents qui l’entourent. En témoignent ses debriefs express réalisés au terme de chaque rencontre, avec Félix ou Leão entre autres, symboles d’un Ronaldo n’hésitant plus à déléguer les responsabilités et à assumer une sélection capable de fonctionner sans sa personne.
Loin des pelouses, le capitaine a également su transmettre sa confiance légendaire à des coéquipiers en manque. Au sortir du succès obtenu face au Ghana (3-2), Diogo Costa s’était ainsi montré particulièrement marqué par son erreur en fin de match, ayant failli coûter les trois points à la Seleção. Un aveu de faiblesse, auquel Cristiano Ronaldo a remédié en remobilisant son portier. « Tu viens de gagner un match de Coupe du monde et tu fais la tête ?! Tu as fait une erreur, d’accord, mais est-ce que l’attaquant a marqué ? Non ! Donc relève la tête, Diogo, et savoure le moment, c’est aussi ta victoire ! » La victoire avant tout donc, pour un CR7 prêt à donner de sa personne afin de voir son pays accrocher une première étoile à sa tunique rouge. « Je m’en fiche de savoir combien de buts je vais marquer pendant le tournoi,annonçait-il au micro de TalkTV. Tout ce que je veux voir, c’est le Portugal qui gagne. Et si on prend la Coupe du monde, croyez-moi que je prends ma retraite dans la foulée ! » Le Ronaldo nouveau est bel et bien arrivé.
Par Adel Bentaha