- Euro 2012
- Groupe B
- Portugal/Pays Bas
Cristiano Ronaldo a-t-il déjà foiré son Euro 2012 ?
Avec le Real Madrid, il plante un pion par match en moyenne, délivre des passe décisives à gogo et régale les supporters merengues. En sélection, il est encore et toujours à la ramasse, comme en atteste son début d’Euro. Lui, c’est CR7. Et il n’a plus, au minimum, qu’un match pour rattraper le coup.
Le miracle n’a toujours pas eu lieu au Portugal. C’est avec un mince espoir teinté de pessimisme que les supporters de la Selecção attendent leur messie. Ou plutôt leur Ronaldo. Car, à voir les matchs qu’a disputés l’insatiable attaquant du Real Madrid en Ukraine, on pourrait croire à une imposture. C’est à se demander où est passé le cyborg merengue, lui qui est porté disparu des troupes de Paulo Bento depuis la fin de l’année 2011 et un certain barrage contre la Bosnie. Et même s’il réapparaît par magie ou par orgueil contre les Pays-Bas, CR7 n’a-t-il pas déjà grillé tous ses jokers lors des premières journées du groupe B, dit « de la mort » ?
– Oui, il a vraiment merdé comme un gros loser
La faille qu’il y a entre ses prestations en club et le niveau de jeu qu’il affiche en équipe nationale est énorme, tout comme la pluie de critiques qui s’abat sur lui depuis le début de la compétition. Si les supporters volatiles sont rarement pris au sérieux, ils s’avèrent être un excellent indicateur de qualité/nullité d’un joueur ou d’une équipe. Et là, la flèche pointe sur « nullard » , parce que certains parlent déjà d’un quatrième Ballon d’Or pour Lionel Messi. Parce que la majorité du peuple portugais est tombé amoureux de l’Argentin, qui a pris son pied en dépucelant une bande de jeunes Brésiliens en match amical, pendant que CR7 perdait la plupart de ses duels contre Hummels, Boateng et Neuer dans l’Est européen. Le facteur Messi est ici essentiel, car ne pas très bien jouer contre l’une des meilleures formations présentes à l’Euro n’est pas un crime en soi.
Si « la Pulga » était passée à côté de son match contre le Brésil, Ronaldo aurait pu dormir sur ses deux oreilles jusqu’à la deuxième journée et l’opposition face au Danemark. Grâce à cela, peut-être aurait-il évité de foirer deux occasions franches contre les Scandinaves, tellement banales qu’il les aurait transformées les yeux bandés s’il portait la tunique merengue. Des balles de but si évidentes qu’Hélder Postiga n’aurait eu aucun mal à mettre au fond des filets. Au passage, le buteur titulaire de la Selecção, lui, a marqué contre le Danemark malgré une exhibition dégueulasse face à la Mannschaft. Conclusion : Cristiano Ronaldo a non seulement prouvé qu’il pouvait être moins bon que Postiga, mais aussi qu’il avait moins de ressources mentales que le meilleur buteur de Saragosse. En plus de ça, Varela lui a piqué le costume de héros. La grosse lose en somme.
– Non, il a été bon, et il sera encore meilleur
Bonne nouvelle pour l’intéressé, les supporters qui le descendent en flammes aujourd’hui seront très certainement derrière lui s’il réalise des prouesses contre les Pays-Bas ce soir. C’est l’avantage du baromètre du footix : son aiguille peut facilement passer de « bof » à « génial, il a planté un triplé, c’est le meilleur joueur de tous les temps » . Et puis, à mieux regarder les deux parties disputées par l’ailier guesh, il y a pas mal de bonnes choses à retenir. Contre l’Allemagne, CR7 a démontré qu’en plus de posséder la plus grande vitesse de pointe de la planète football, il change de coiffure plus vite que n’importe qui. Il faut imaginer la scène dans les vestiaires portugais à la pause : Paulo Bento donne ses consignes pour la deuxième mi-temps pendant que Cristiano se tripote le poil. La grande classe. En dehors de son jeu de tête, il a tout de même fait taire ses détracteurs quant à sa supposée incapacité à se fondre dans un collectif et à oublier sa propre personne. Que ce soit face à l’Allemagne ou au Danemark, Ronaldo n’a pas tenté une seule fois de frapper du milieu de terrain comme un con ou de partir dribbler toute une défense sans solliciter l’appui de ses coéquipiers.
L’Europe découvre, depuis l’ouverture de la compétition, une version assagie, mûre et moins arrogante du Ballon d’Or 2008, signe que le lavage de cerveau que lui a imposé José Mourinho fonctionne à merveille. Cristiano apparaît plus altruiste que jamais. Peut-être même un peu trop. À plusieurs reprises, il aurait pu tenter de loin ; à chaque fois, il a préféré faire une passe. Certes, il a perdu de sa superbe dans le dernier geste, mais il ne faut pas négliger les progrès tactiques réalisés par le bonhomme, notamment dans le positionnement et l’engagement défensif, ni le redoutable tandem qu’il forme avec son pote Coentrão. CR7 est devenu un joueur complet. Il ne lui manque plus qu’à inscrire un ou deux pions face aux Pays-Bas pour que le monde s’en aperçoive. Et comme la rencontre s’annonce ouverte, ça devrait finir par entrer…
Par William Pereira