- Euro 2016
- Quarts
- Pologne-Portugal (1-1, 3 tab 5)
Cristiano Renato
Il a une tête à rapper avec Lil Jon, et accessoirement un peu de magie dans les pieds. Renato Sanches a enfin été lancé dans le grand bain ce soir, en jouant le match face à la Pologne d'un bout à l'autre, et force est de constater qu'il s'en est tiré avec mention.
Il était l’une des attractions de la soirée. Dans la chaleur marseillaise, Renato Sanches est devenu le plus jeune joueur à devenir titulaire dans l’histoire de la sélection portugaise dans une grande compétition. Pour un quart de finale d’Euro, c’est ce qu’on appelle un dépucelage de luxe. En égalisant une demi-heure après le but de Lewandowski, il est aussi devenu le troisième plus jeune buteur de l’histoire de l’Euro, derrière Johan Voulanthen et Wayne Rooney. Un démarrage plutôt remarqué en somme, pour ce jeune fantasme qui a surnagé ce jeudi soir derrière deux attaquants en panne, en particulier Cristiano Ronaldo, passé complètement à côté de son match.
La probable titularisation du crack de 18 ans faisait déjà frissonner une partie de la planète football depuis le début de la journée, et après la confirmation de sa place dans le 11, les langues se sont vite déliées. « C’est le meilleur joueur de cet Euro 2016. C’est un phénomène » , n’hésitait pas à fanfaronner l’habituellement lucide Carlo Ancelotti, tout excité de pouvoir observer le nouveau jouet du Bayern, qu’il va pouvoir utiliser dès la rentrée. Et peu importe s’il n’a fait que des entrées en cours de match depuis le début de la compétition, et même pas à chaque rencontre. Mais ses apparitions avaient déjà mis l’eau à la bouche. Très en vue lors de la deuxième mi-temps qu’il a pu jouer contre la Hongrie, et ayant donné un réel coup de fouet au jeu de son équipe après avoir débarqué à la 50e face à la Croatie, il avait poussé une grande partie du public et des journalistes à demander sa titularisation.
Le conte
Fernando Santos a donc fait au monde le plaisir d’un Sanches dès le coup d’envoi. Et au-delà de son but, essentiel dans un match au scénario qui aurait pu virer à la catastrophe pour le Portugal, les statistiques du jeune dreadeux ont crevé les plafonds. 94% de passes réussies, 2 tirs, 2 cadrés, 2 interceptions et un but à la fin de la première mi-temps. Le même pourcentage aux passes, 7 tirs, 3 cadrés, et une occasion créée en plus à la fin des 90 minutes. Une performance plus que soignée, conclue par un péno réussi lors de la séance de TAB, et une réputation qu’il arrive pour l’instant à tenir. « Selon moi, du haut de ses 18 ans, il est de très loin le meilleur joueur européen de son âge. J’ai un énorme respect pour lui » , confiait Pep Guardiola il y a peu, en connaisseur des jeunes qui promettent.
Et pourtant, jusqu’au dernier moment, la présence de Renato Sanches en France n’était pas acquise. Dernier joueur à avoir été testé par Santos, en concurrence avec des pointures au milieu de terrain, il n’a joué ses premières minutes avec la sélection qu’en avril dernier, en entrant en jeu pour le dernier quart d’heure lors d’un match amical face à la Bulgarie. Signe qui ne trompe pas sur sa cote d’amour, moins de dix minutes plus tard un adolescent courait sur le terrain, en interrompant le match, pour le prendre dans ses bras. Car au-delà de – très – bien jouer, Renato Sanches raconte une histoire. Celle d’un type qui a été transféré un jour contre des ballons de foot, dont on a souvent douté de l’âge, ou qui jouait encore en équipe réserve avec le Benfica il y a un an. Un conte qui aura droit à un nouveau chapitre dès mercredi prochain.
Par Alexandre Doskov