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- Portugal-Maroc (1-0)
Cristiano… et c’est tout
Malgré sa victoire contre le Maroc (1-0), le Portugal n'a pas vraiment rassuré pour son deuxième match dans cette Coupe du monde. Amorphes face à des Marocains plus vifs et moins efficaces, les Portugais ont laissé Cristiano Ronaldo inscrire le seul but du match, puis l'ont un peu abandonné en attaque.
Mark Geiger, l’arbitre américain, vient à peine de faire retentir le coup de sifflet indiquant la mi-temps du match Portugal-Maroc que Cristiano Ronaldo fonce déjà vers le tunnel menant aux vestiaires. Alors que ses coéquipiers marchent tranquillement, celui qui vient de battre le record de Puskás en devenant le meilleur buteur d’une sélection européenne dans l’histoire est déjà en plein conciliabule avec Fernando Santos, le sélectionneur de la Seleção. Après la rencontre, ce dernier s’énervait du trop grand nombre de questions posées par les journalistes sur Cristiano Ronaldo : « Il y avait 78 000 personnes dans le stade, je ne crois pas que Cristiano se soit senti trop seul. On n’a jamais vu un joueur gagner tout seul. » Pourtant, aujourd’hui comme contre l’Espagne, les Portugais ont semblé se reposer entièrement sur la performance de leur capitaine.
Au stade Loujniki, le public marocain ne s’y est d’ailleurs pas trompé, réservant ses plus beaux sifflets et huées au quintuple Ballon d’or, pourtant amoureux de leur pays, dès son apparition sur écrans géants à dix minutes du coup d’envoi. Pendant la rencontre, chaque action de Ronaldo est saluée par des « Messi ! Messi ! » descendant des tribunes. C’est que le Maroc n’a pas beaucoup de buteurs à mettre en avant dans son effectif. Avec leur jeu tout en tricotage, en prises de risque inutiles et (donc) en pertes de balle, les Marocains ont tendance à réclamer des penaltys plutôt qu’à tenter de marquer des buts. Et malgré cela, le Portugal parvient à se faire peur, laissant son adversaire prendre le contrôle de la partie et se procurer de nombreuses occasions, généralement vendangées.
Santos : « Un problème d’anxiété »
À peine accordera-t-on un point à Pepe, auteur d’une belle faute vicieuse et discrète comme il les aime sur Boutaïb au moment du centre amenant le but, puis d’un sauvetage héroïque sur la frappe de Ziyech à dix mètres du but en toute fin de match. Mais cette performance n’aura servi qu’à compenser celle de Raphael Guerreiro, catastrophique de bout en bout. À part ça donc, il n’y eut que Cristiano Ronaldo, duquel cette équipe du Portugal semble encore plus dépendante qu’en 2016. Si bien qu’après la victoire, la plupart des questions posées au sélectionneur portugais concernaient paradoxalement la baisse de tension de son équipe après l’ouverture du score. « C’est vrai, a admis Fernando Santos, à l’image du match contre l’Espagne, nous avons mis la pression pendant 10-15 minutes, puis nous n’avions plus de poumons. Il y a peut-être un problème d’anxiété, c’est quand même la Coupe du monde. Mais il va falloir sans doute changer de stratégie pour continuer à pousser et avoir plus de possession du ballon. »
D’autant que malgré son but – son quatrième dans cette compétition –, CR7 n’a pas été étincelant ce mercredi après-midi. Victime des choix tactiques de son coach, il a fini le match bien esseulé sur le front de l’attaque. « Nous avons commencé en 4-4-2, notre formation normale, mais j’avais l’impression que nous perdions le contrôle de la partie centrale du terrain, où les Marocains nous posaient des problèmes, explique Fernando Santos. Nous sommes donc passés à un 4-3-3 dont nous n’avons pas l’habitude, pour rétablir l’équilibre numérique au milieu de terrain. Ronaldo s’est alors retrouvé plus isolé, dans une situation qui n’est pas la meilleure pour lui. » Mais malgré cette victoire bof-bof, le sélectionneur portugais n’a pas l’intention de rendre son équipe moins dépendante à son Christian Ronaldo d’amour. « Contrairement aux joueurs normaux, il évolue constamment à tous les niveaux, sourit-il. Cristiano est comme le porto, il s’améliore avec l’âge. » Pas de raison d’imaginer une montée en puissance sur la compétition, donc : lors du prochain match du Portugal, Cristiano Ronaldo aura toujours 33 ans.
Par Thomas Pitrel, au stade Loujniki (Moscou)