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Cristiano bat Lionel (3-4)
Ce matin, Narcisso 7 a encore pris une petite revanche sur son beau miroir qui le chambrait depuis quelques années : « Alors, la glace ? C'est qui le plus grand ? C'est toujours le nain de Patalogne ou bien c'est moi ? Hmmm ? » Et le miroir de se fissurer soudainement en son milieu…
Réalisme…
Les anti-Ronaldo ont déconné. Pour le voir perdre, c’est Arjen Robben qu’il aurait fallu soutenir. Robben, c’est le meilleur attaquant au monde depuis deux ans, comme on l’a encore vu lors de la dernière Coupe du monde qu’il a survolée haut la main. On précise : meilleur « attaquant » au monde. Pas meilleur « buteur » : là était son seul handicap, par rapport à Narcisso 7. Mais le coup était jouable. Robben, c’est Bernd Schuster qui en parle le mieux : « Arjen est le seul joueur qui fait reculer d’un coup tout un bloc adverse à chacune de ses prises de balles. » Accessoirement, c’est aussi lui qui a lancé le Mondial brésilien. Contre l’Espagne. Sergio Ramos peut en témoigner… Un duel contre l’Exo 7 aurait fait flipper CR7. En plus, Arjen est devenu plus souriant depuis que ses muscles ont vaincu sa malédiction en finale de C1 contre Dortmund. Tant pis pour la Flèche Flamande… Et le nain de Patalogne ? L’affaire était déjà pliée pour lui au soir de la finale de cette même Coupe du monde Allemagne-Argentine ! Il reçut le Prix du meilleur joueur du tournoi. Sur le coup, on avait souri (Arjen aussi ? Mascherano aussi ?). Mais il fallait bien un lot de consolation préventif en vue du sacre de Narcisso hier soir. Et Neuer ? Ça va pas, non ! Depuis quand les centristes remportent-ils une présidentielle ? Dans sa compétition avec les deux autres melons d’Or, son humilité à deux balles n’a eu d’égal que son charisme de rempailleur de chaises. « Oui, je suis peut-être bon, mais Hummels est quand même bien meilleur que moi en libéro. Et puis, j’ai toutes ces chaises à finir. C’est pour ça que j’ai la main ferme. Et j’entends bien la garder. » Hey, Manu ! Tu descends ? Oui, oui : j’me descends. L’abruti prend le métro de Munich pour se rendre à l’Oktoberfest organisée par son club (authentique). CR7 y serait allé en hélico piloté par Jorge Mendes himself, et Messi aurait loué une Limousine escortée de motards…
Et puis, au Bayern on n’a pas trop le sens du lobbying. Alors qu’à Madrid, on sait faire. Au Real, un Ballon d’or est considéré à la fois comme une récompense individuelle et comme un titre remporté par le club. Au musée du Real figurent les Ballons d’or gagnés par les joueurs qui ont porté la tunique meringuée. Même celui de ZZ décroché en 1998, alors qu’il jouait encore à la Juve cette année-là ! Du coup, à la Casa Blanca, on lance toujours très tôt dans la saison la campagne de soutien au futur lauréat qui joue forcément chez elle. Pour l’édition du Ballon 2014, on a attendu l’après Coupe du monde pour faire mousser Narcisso, vu qu’il y avait été fantomatique. Ensuite, le marketing madridiste s’est remorqué aux wagons de buts que Cristiano a plantés. Normal… Robben (beaucoup) et Neuer (un peu) auraient pu soulever le Golden Globe de la FIFA. Mais au Bayern, c’est bien connu, on ne soutient les siens que quand ils ont des problème avec : le fisc / Zahia / les maisons qui brûlent. Au Real, Florentino Pérez serait capable de vous faire croire que les dernières volontés de feu Di Stéfano exprimées sur son lit de mort étaient adressées aux jurés du monde entier : « Rendez ma fin heureuse, donnez le Ballon d’or à Cristiano » …
Décimeur
Et CR 7, ça valait quoi en 2014 ? Ben, son poids en or mesuré à coups de stats pas possibles. On ne va pas refaire les comptes : les chiffres parlent d’eux-mêmes. On va juste insister encore un peu sur le mano a mano stratosphérique auquel il se livre avec Messi depuis quelques années. En 1999, Gerd Müller, le Maître, se lamentait : « Bien sûr qu’on peut encore marquer 30 à 40 buts par saison. Actuellement, la plupart des équipes alignent une défense à quatre. Or, ce système offre beaucoup plus d’espaces aux attaquants que lorsque vous avez un stoppeur sur le dos. » À cette époque, en 1999, envisager 40 pions en championnat relevait de l’exception décennale (une fois tous les 10 ans). Et puis Messi et CR7 ont fait exploser les compteurs… Bien aidés, il est vrai, par des collectifs taillés à la mesure de leur démesure. Leur rivalité a nourri leurs stats incroyables au point de les rendre irremplaçables. D’ailleurs, les deux ne veulent jamais se faire remplacer… En 2014, c’est le Portugais qui l’a emporté. Réduisant l’écart creusé par l’Argentin, le Barça et son foot des souris. 777 est déjà en course pour égaliser à 4-4 et c’est plutôt bien parti, car du côté des buts marqués, le nain de Patalogne va devoir cravacher. La saison 2014-2015, exempte de Coupe du monde et d’Euro, n’obligera Cristiano qu’à qualifier le Portugal pour l’Euro 2016. Pas évident… Mais le foot de sélection ne pèse plus trop pour la course au Ballon d’or. Attention toutefois à la Copa América en juin-juillet ! Si l’Albiceleste brille des mille feux de Messi, CR7 devra reprendre la main dès les matchs amicaux estivaux du Real… Mais c’est la Ligue des champions qui reste le juge de paix encore crédible et incontestable. Elle couronne ses vainqueurs et les futurs lauréats du Globe doré de la FIFA. Si le Real l’emporte, CR7 l’emportera encore.
La Décima a fait de lui le Décimeur. Un footballeur admiré. Mais un type toujours pas vraiment sympathique, au rendement hyper travaillé quand l’autre moitié de la planète foot lui préfère l’instinct, le génie improvisé du nain de Patalogne. Narcisso pue l’effort et ses 3000 pompes quotidiennes ne soulèvent plus que les sarcasmes (vous la connaissez, celle-là, aperçue sur un tweet : « La question n’est pas de savoir si Ronaldo fait 3000 pompes par jour, mais sur qui il les fait » ). Footballeur 2.0 et machine à marquer qu’il programme lui-même, Cristiano est un « nouveau Portugais » . Moderne, comme José Manuel Barroso. Les deux se ressemblent : Manu est le roi de l’Europe d’un pays ruiné, et Narcisso est le roi du monde d’une sélection en ruines… Cristiano est aussi une réussite américaine, du genre édifiant, prescripteur. À quand les DVD de perfectionnement personnel ( « Le talent sans le travail n’est rien. Comme moi, apprenez à atteindre les 100 % de vos 70 % » ). En foot, jamais le mot « efficacité » n’a autant affiché avec CR7 sa glaçante réalité. Sauf blessure, Cristiano Ronaldo Dos Santos Aveiro (30 ans le 5 février prochain) devrait encore tabasser quelques records. Et comme le Grand Sept ne se blesse jamais…
Cristiano Ronaldo remporte son 3e Ballon d’or
Le onze FIFA de l’année 2014 !
Par Chérif Ghemmour