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Cristian Ganea, un Roumain à Bilbao
Recruté en janvier au Viitorul Constanța, avant d'y rester six mois en prêt, Cristian Ganea est officiellement devenu un joueur de l'Athletic Club. Et ce, malgré un passeport roumain et un arbre généalogique sur lequel la mention Pays basque est absente. Et pourtant, la légitimité de Ganea à jouer pour Bilbao n'a jamais semblé autant évidente, tant l'international roumain a un fort attachement au club.
Lundi 28 mai, 12h. Alors que les joueurs de l’Athletic Club profitent de leurs vacances pour faire bronzette sous le soleil d’Ibiza, des dizaines de journalistes s’entassent dans la salle de presse José Iragorri de San Mamés. La raison ? La présentation de Cristian Ganea. Mais alors pourquoi les premiers mots d’un latéral gauche de 26 ans acheté un million d’euros en janvier dernier avant d’être prêté six mois à son ancien employeur rameutent-ils autant de monde ? Tout simplement parce que Cristian Ganea est d’origine roumaine et va devenir le sixième joueur étranger – seulement – de l’ère moderne à porter le maillot de Bilbao. Mais, contrairement à Bixente Lizarazu qui est né dans le Pays basque français ou Aymeric Laporte, dont le grand-père est basque, Cristian Ganea n’a aucune trace de sang basque qui coule dans ses veines.
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— Athletic Club (@Athletic_fr) 28 mai 2018
La volonté du père, l’abnégation du fils
Et pourtant, le Pays basque n’a pas vraiment de secrets pour Cristian Ganea. Né à Bistrița, en Roumanie, le nouveau latéral gauche de Bilbao quitte le pays qui a enfanté Adrian Mutu à l’âge de onze ans, pour s’installer avec ses parents et sa sœur à Basauri, à sept petits kilomètres de Bilbao. Conscient que son fiston a du talent ballon au pied, le père Ganea a alors une petite idée derrière la tête, comme le racontera des années plus tard la mère Ganea à Marca : « Son père a toujours voulu l’emmener faire des tests avec l’Athletic, mais ici on lui a dit : « Comment va-t-il jouer pour l’Ahtletic s’il est roumain ? » »
Simple. Afin de prouver son attachement à la région basque et au club de Bilbao, Cristian prend une licence au CD Baskonia, club filial de l’Athletic, et participe même à des tournois U18 des sélections des communautés autonomes dans les rangs du Pays basque. Une participation qui lui permet de rejoindre une équipe alors en première division : le RCD Majorque. Le début d’une carrière pro ? Pas vraiment, puisque celui qui joue alors comme attaquant ne dispute aucun match avec le club des Baléares, qui le prête au CD Santanyí, avant de quitter son pays d’adoption pour aller taper dans le ballon en Roumanie où il recule au poste de latéral, tel Bouna Sarr. Un retour aux sources de cinq ans salvateur puisque l’Athletic remarque ses belles prestations au Viitorul Constanța et passe à l’attaque pour permettre à Ganea de répondre au désir de son père. Basique.
Le début d’une nouvelle ère ?
À peine revenu sur le sol basque, où il a pu retrouver sa maman restée à Basauri où elle gère un bar nommé le Kanela Kafe, l’international roumain (cinq sélections) doit faire face à la colère de certains supporters pour qui l’obtention du passeport espagnol n’est pas suffisant pour évoluer sous le maillot de l’Athletic. Des critiques que Ganea avait déjà anticipé en y répondant dès janvier dans les colonnes de Marca : « Beaucoup de gens disent que je n’ai pas le droit de jouer pour Bilbao, mais j’ai des liens pour pouvoir jouer à l’Athlétic puisque je me suis entraîné dans des équipes locales quand j’étais gamin. On n’a pas seulement besoin d’être né là-bas pour pouvoir y jouer. Le club est venu à moi, je ne me suis pas présenté à eux, ce qui signifie que je rentre dans la politique. »
Si le jour de sa présentation, Cristian Ganea a préféré insister sur « son rêve qui s’est réalisé » , le président des Leones, Josu Urrutia, est venu à sa rescousse pour affirmer la légitimité de l’international roumain à porter le maillot de l’Athletic : « Il s’est intégré à onze ans à notre société, il a joué dans les équipes de jeunes et a toujours eu comme objectif de jouer pour l’Athletic. Il a grandi à Basauri et par conséquent, il ne nous est pas inconnu. » Si le lien entre Cristian Ganea et le Pays basque est indéniable, il n’en reste pas moins que l’arrivée du latéral gauche roumain marque un petit pas dans l’histoire de l’Athletic Bilbao qui vient de terminer le championnat à une vilaine seizième place. Mais, que les fervents supporters de la cause basque se rassurent, il va falloir encore un peu de temps avant qu’un Erasmus de six mois à Bilbao ne suffise à intégrer les rangs de l’Athletic Club.
Par Steven Oliveira