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Créteil, l’avenir par la formation
Après un intermède de six saisons en National, l'US Créteil-Lusitanos a retrouvé la Ligue 2 à l'été 2013. Il s'agit désormais de pérenniser le club à cet échelon. Dans cette optique, le club souhaite bâtir dans trois ans son centre de formation.
Metz mène 2-1 à Duvauchelle. Le temps réglementaire est écoulé, le gardien de Créteil est monté. Pour la première fois de la soirée, ce vendredi, tout le stade pousse derrière les Béliers. Dans la surface de réparation, par deux fois, Gaoussou Sackho est tout près d’égaliser. « La première frappe est bien déviée par le gardien, et après je ne décroise pas assez ma tête » , grince le jeune attaquant de 20 ans. L’histoire aurait été belle pour l’un des deux seuls jeunes du cru à avoir signé en pro au sein de l’effectif actuel. Un quart d’heure auparavant, il remplace Florent Mollet et réalise ses grands débuts en Ligue 2. À part un intermède d’un an au Stade Malherbe de Caen, Gaoussou Sackho a fait toutes ses classes à l’USCL. « C’est le club de ma ville. Je suis né à Créteil, j’ai signé ma première licence ici à 11 ans. » L’entraîneur qui l’a lancé chez les pros, c’est Thierry Froger, débarqué dans le Val-de-Marne en janvier dernier – à la suite de Philippe Hinschberger. « On me présente souvent comme un entraîneur-formateur. Ici, on m’a choisi pour ça justement » , note celui qui a débuté sa carrière de coach à la direction du centre de formation du Mans, au début des années 1990.
« Le centre de formation ? Une nécessité pour rester en L2 »
La formation, c’est devenu le maître mot du président, Armand Lopes, dans son projet pour le club francilien, qui compte plus de 1000 licenciés. Car à part une poignée de clubs comme le Red Star et le Paris FC, Créteil fait exception en Ligue 2 en ne possédant pas encore de centre de formation. « C’est une nécessité pour rester en L2 » , appuie Thierry Froger, passé notamment par Reims, Nîmes ou encore Châteauroux. Et il va plus loin : « Former des jeunes, c’est une chose. Mais en région parisienne, c’est le top. Il n’y a rien derrière le PSG, même pour aller chercher des joueurs de deuxième ou troisième choix. Donc celui qui mettra en place un centre le plus vite possible [entre le Red Star, le PFC et Créteil] aura des retombées positives très vite. » Vrai : un footballeur maison est plus facile à garder, et au contraire, la situation d’échec augmente lorsque le joueur est déraciné de sa région natale. « À l’heure actuelle, on n’est pas protégés par le centre de formation, les jeunes partent à tous les âges, pose le coordinateur technique du club, Stéphane Calegari. Mais là, nous sommes en train de tout structurer à la fois au niveau de l’association et de la structure professionnelle pour leur donner des perspectives. »
En 2016, Créteil se dotera d’une académie (section sportive améliorée). Une étape de plus avant la mise en place du centre de formation à l’horizon 2018. Loin du prix du nouveau centre de formation de l’OL (estimé à un montant global de 14 millions d’euros sur un terrain de 68 000 m2, pour 2016), une telle structure aura tout de même un coût important à l’échelle cristolienne. « On n’a pas encore établi de business plan ; c’est sûr que c’est un investissement, mais ça doit permettre de pérenniser le club » , soutient le directeur général, Luis de Sousa. Tant chez les pros que dans les catégories de jeunes. À l’instar de l’équipe réserve, cette saison, les U15, U17 et U19 évoluent seulement en Division d’Honneur. « Ce qui fait la différence ? Il y a le projet professionnel sur le long terme, l’avis de notre entourage, et oui, on aimerait tous évoluer dans des centres de formation bien structurés, jouer avec des catégories de National… » , reconnaît Gaoussou Sackho, qui a vu partir un de ses amis à Rennes, un autre au Havre. À 11 ans, il a aussi côtoyé un certain Adrien Rabiot, recruté alors par Manchester City.
« Il faut toujours qu’on gagne »
Lancer des jeunes est une chose, la patience des dirigeants et des supporters en est une autre. « Il faut toujours qu’on gagne, atteste Thierry Froger. Le jeune, les gens attendent qu’il soit aussi productif que les autres. » Évidemment, une descente en National entraverait le projet du club. Au contraire, des bons résultats en L2 faciliteraient l’intégration des jeunes et amélioreraient l’attractivité de l’USCL avec « des répercussions par ricochets à tous les niveaux » , note Stéphane Calegari. Plus haut, c’est la Ligue 1. Pas dans les plans de Créteil. « On doit maîtriser ce qu’on fait. Ça se passe progressivement, poursuit le coordinateur technique. La L2 doit faire rêver les jeunes Cristoliens… et aussi leur faire comprendre que c’est un travail de tous les jours qui se construit dès le plus jeune âge. » Pour que les futurs Adrien Rabiot portent haut le maillot jaune et bleu.
Par Florian Lefèvre, à Créteil
Tous propos recueillis par FL