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Crash d’avion, l’affreuse malédiction
La nuit dernière, le club brésilien de Chapecoense a été très durement touché par le crash de l’avion qui transportait son équipe première en Colombie pour y disputer le match aller de la finale de la Copa Sudamericana face à l’Atlético Nacional. Ce n’est pas le premier accident aérien lié au monde du football.
4 mai 1949 – Torino
Après-guerre, le Torino est LA grande équipe d’Italie, certainement aussi la meilleure d’Europe. Elle cumule les titres de champion au niveau national et est invitée à montrer ses talents à l’étranger. De retour d’un match de gala disputé au Portugal face au Benfica, le vol spécial Avio-Linee Italiane, qui transporte dix-huit joueurs (dont huit internationaux) et le staff (dont l’entraîneur Egri Erbstein), percute la basilique de Superga, une colline qui surplombe la plaine du Pô, à quelques kilomètres de Turin où le Fiat G212 devait atterrir. Il n’y a pas de survivant à ce crash dû à des conditions météo difficiles, un défaut radio et une erreur de pilotage. Parmi les trente et une victimes au total, l’une d’elles est française : l’attaquant international Émile Bongiorni.
6 février 1958 – Manchester United
Avec celui qui a touché le Torino, c’est l’autre accident d’avion qui a le plus traumatisé le monde du football. Le vol 609 de la British European Airways transportait les « Busby Babes » de Manchester United ce 6 février 1958, la fameuse génération en or des Red Devils, alors en quête d’un titre continental. L’équipe venait tout juste d’obtenir sa qualification pour les demi-finales de la Coupe des clubs champions sur la pelouse de l’Étoile rouge de Belgrade. Le Airspeed AS.57 Ambassador 2 spécialement affrété était en escale ravitaillement à Munich. À la troisième tentative de redécoller vers Manchester, l’appareil s’écrase en bout de piste et par un temps glacial. Parmi les vingt-trois victimes, huit joueurs de MU, dont la pépite Duncan Edwards, qui finit par succomber à ses blessures. Et parmi les vingt et un survivants, le manager Matt Busby et une poignée de membres des Busby Babes, dont Bobby Charlton.
16 juillet 1960 – Équipe olympique danoise
En cet été 1960, la sélection danoise se prépare à disputer les Jeux olympiques. Un ultime test match est prévu à Herning, au nord du pays. Parmi les joueurs convoqués, huit viennent de Copenhague et empruntent un petit avion, le De Havilland Dragon Rapide de construction britannique, en contreplaqué bois. Dans le Sund, le détroit qui sépare le Danemark de la Suède, l’appareil s’écrase et tue ses huit passagers, âgés de dix-neuf à vingt-neuf ans, dont le gardien Per Funch Jensen, d’abord survivant du crash, mais qui meurt sur la route l’emmenant à l’hôpital. Seul vrai survivant : le pilote, qui doit tout de même subir une amputation.
3 avril 1961 – CD Green Cross (Chili)
Il est 23h57 ce 3 avril 1961 lorsque le Douglas DC-3 transportant l’équipe première de Green Cross s’écrase en pleine cordillère, dans la région du Maule au Chili, à 3 200 mètres d’altitude. Le crash ne fait aucun survivant parmi les vingt passagers, dont une majorité de joueurs et de membres du staff, et quatre membres d’équipage. L’avion effectuait un vol intérieur au Chili entre la ville de Castro et la capitale Santiago, d’où est originaire la formation de Green Cross. Le drame est revenu à l’actualité en 2015 lorsque des alpinistes ont redécouvert des restes du fuselage de l’avion, ainsi que des ossements et des lambeaux de vêtements.
26 septembre 1969 – The Strongest (Bolivie)
Amérique du Sud, encore, avec cette fois un accident qui a touché le football bolivien et plus particulièrement le club de The Strongest. Seize de ses joueurs, un masseur et deux dirigeants se trouvaient dans cet avion qui revenait de Santa Cruz, où l’équipe venait de disputer un tournoi amical, direction La Paz. Une heure après le décollage, l’appareil s’écrase à 4 500 mètres d’altitude. Pendant les heures qui suivent, la confusion règne. Et pour cause : ce même jour, en Bolivie, a lieu un coup d’État militaire. Des rumeurs font d’abord état d’une prise d’otages, mais c’est bien un accident qui a décimé une majorité de l’effectif de ce club de la capitale. L’équipe va pourtant très vite se reconstruire autour de son capitaine Rolando Vargas, absent du tournoi, et conquérir le titre national seulement un an plus tard.
11 août 1979 – FC Pakhtakor Tachkent (URSS)
Une collision aérienne entre deux appareils, c’est rare. C’est ce qu’il s’est produit le 11 août 1979 dans le ciel au-dessus de Kourylivka, en République socialiste soviétique d’Ukraine. La catastrophe fait 178 victimes, soit la totalité des passagers et membres d’équipage des deux appareils Tupolev de la compagnie Aeroflot. L’enquête révèle qu’un des avions a suivi à tort les instructions de la tour de contrôle qui étaient destinées à l’autre. L’un des avions allait de Donetsk jusqu’à Minsk, où l’équipe du Pakhtakor Tachkent (actuellement en Ouzbékistan), tout juste promue en D1 soviétique, devait disputer un match face au Dinamo Minsk. Le crash tue dix-sept joueurs et membres du staff.
8 décembre 1987 – Alianza Lima (Pérou)
C’est la fin de saison au Pérou en ce mois de décembre 1987, et l’Alianza Lima s’apprête à conquérir un nouveau titre national. De retour d’un déplacement, l’équipe est transportée par un Fokker F27, affrété par la marine nationale. Juste avant l’atterrissage à Lima, l’avion s’abîme en mer. Un problème de train d’atterrissage avait été signalé quelques minutes auparavant à la tour de contrôle, mais c’est bien une erreur humaine qui aurait conduit au crash, l’appareil volant trop bas. Sur les quarante-trois morts, on recense seize joueurs, dont Alfredo Tomassini, un survivant de l’accident, mais qui meurt noyé avant l’arrivée des secours. Le seul survivant est un chef pilote.
7 juin 1989 – Kleurrijk Elftal (Surinam)
Le « Kleurrijk Elftal » , onze coloré en version française, était une sélection de joueurs d’origine surinamaise évoluant aux Pays-Bas, créée au milieu des années 80 pour renforcer les liens entre ces deux pays. Le 7 juin 1989, cette sélection part d’Amsterdam, direction Paramaribo pour y disputer une série de matchs. À quelques kilomètres de la capitale du Surinam, l’avion se crashe avec 187 personnes à bord, a priori en raison d’une erreur humaine. Quinze joueurs meurent dans cet accident, sur les dix-huit membres de la sélection. Parmi les quinze survivants au total, il y a Sigi Lens, le père de Jeremain Lens, qui devra cependant mettre un terme prématuré à sa carrière. L’accident tue également la sœur et la mère de Romeo Castelen, le futur international néerlandais, qui avaient fait le déplacement.
27 avril 1993 – Équipe nationale zambienne
Les qualifications pour le Mondial 1994 battaient leur plein en ce mois d’avril 1993 en Afrique. L’équipe nationale de Zambie devait affronter le Sénégal, avec pour cela le vol 319 de la Zambian Air Force qui avait été spécialement affrété par la Fédération. Trois arrêts ravitaillement étaient prévus. Juste après le second à Libreville au Gabon, l’appareil s’écrase en mer, à 500 mètres de la côte. Les causes : un moteur défectueux et la fatigue des pilotes. Parmi les trente victimes à déplorer, il y a dix-huit joueurs. Une bonne partie des forces vives du football zambien, à l’exception notable de sa star Kalusha Bwalya, alors joueur du PSV aux Pays-Bas, qui était à la fois le sélectionneur et le capitaine de l’équipe. Il devait se rendre au Sénégal par ses propres moyens. La sélection sera reconstruite autour de lui et parviendra miraculeusement jusqu’en finale de la CAN seulement quelques mois plus tard.
Par Régis Delanoë