- Euro 2016
- Finale
- France-Portugal (0-1 ap)
CR7 personnellement maudit, collectivement heureux
Il a rapidement dû céder sa place sur blessure, mais il a vu son Portugal s'imposer sans lui. Une victoire finale à laquelle il n'a donc pas participé, mais qu'il a rendu possible en maintenant la Seleção en vie contre la Hongrie, puis en l'envoyant en finale. Ronaldo n'a pas été le héros du match, mais il est champion d'Europe.
Il se déplace sur la touche, harangue ses joueurs, se permet de marcher hors de la zone technique. Il a confiance, il semble résolu, sûr de son fait et du titre qui va tomber dans son escarcelle. Pourtant, un peu plus d’une heure plus tôt, son visage n’était pas le même. À ce moment-là, il est sur la pelouse, jette son brassard de dépit. Il sait que c’est fini pour lui. Cette finale qu’il percevait comme son ultime moment de gloire se termine dès la 25e minute. Voire dès la huitième, quand à la suite d’un duel avec Dimitri Payet, il perd le ballon et l’intégrité physique de son genou gauche, percuté par le milieu offensif français. Après ça, Cristiano Ronaldo a essayé. Il a boité, tenté de courir, mais il a finalement renoncé malgré les encouragements du kop portugais. Sur ses 25 minutes de jeu, la star du Real Madrid aura peu pesé, avec peu de ballons à se mettre sous la dent et aucune chevauchée qu’il affectionne tant. La meilleure action lusitanienne dans ce laps de temps est à l’actif de Nani, lancé dans le dos de Laurent Koscielny par une lumineuse passe de Cédric, mais qui a frappé nettement au-dessus. Que dire de Ronaldo ? Cette finale écourtée ne l’empêchera peut-être pas de décrocher un nouveau Ballon d’or en janvier. Mais elle ne lui aura pas permis d’embellir sa position au panthéon du football avec un dixième but en championnat d’Europe ou un chef-d’œuvre personnel pour offrir un premier titre au Portugal, comme il l’avait promis en conférence de presse. Et pourtant, il a tenté de rester : un strapping, quelques manipulations, les dents serrées…
Coach Ronaldo
CR7 est-il maudit ? Il se blesse si peu souvent que l’on peut vraiment s’étonner qu’il soit foudroyé pour le match qu’il ne voulait absolument pas manquer. Sans lui, les Portugais ont été plus solides et cohérents collectivement avec l’apport de Quaresma, comme pour mieux souligner que ce 10 juillet n’était pas le jour de Ronaldo. Cela atténue sa gloire ? Pas forcément, l’attaquant portugais payant au pire des moments l’addition de plus de douze années au plus haut niveau. Avec quasiment autant de saisons terminées avec des statistiques folles, mais un organisme au bord de la rupture, voire blessé pendant une Coupe du monde. À partir de la prolongation, il est venu sur le bord du terrain, pour parler à ses coéquipiers, et les encourager depuis le banc. Et aussi leur rappeler que dans le parcours laborieux de la Seleção, c’est lui qui a permis de rester en vie via un doublé contre la Hongrie, ou d’apercevoir la finale avec une tête rageuse contre le pays de Galles. Donc cette victoire grâce à une frappe d’Éder, c’est aussi grandement la sienne. Et son probable Ballon d’or l’hiver venu, forcément le plus évident aussi.
Par Nicolas Jucha, au Stade de France (Saint-Denis)