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Cousin : « Je n’ai pas hésité une seconde »

Propos recueillis par Alexis Billebault
6 minutes
Cousin : « Je n’ai pas hésité une seconde »

Daniel Cousin (41 ans) devait être l’adjoint de Pierre Aubame, que la Fédération gabonaise avait présenté un peu trop vite comme le nouveau sélectionneur des Panthères. Finalement, l’ancien attaquant de Lens se retrouve en première ligne, pour sa première expérience sur un banc. Avec, entre autres, à gérer les cas Aubameyang et Ndong, des résultats décevants et deux matchs importants contre le Soudan du Sud en qualifications pour la CAN 2019. On lui souhaite bien du plaisir...

Après le limogeage de José Antonio Camacho, Pierre Aubame avait été nommé sélectionneur, alors qu’il n’avait pas donné sa réponse définitive. Il a finalement refusé le poste, et c’est vous qui en avez hérité…Je devais être son adjoint. J’étais manager général de la sélection depuis trois ans, et pour moi, travailler avec Pierre, qui fut le capitaine du Gabon, c’était un honneur. Mais on a finalement appris que Pierre, qui était un peu souffrant, avait demandé un délai de réflexion, alors que la Fédération avait annoncé sa nomination. Il y a eu un problème de communication et finalement, il n’a pas donné suite. On m’a alors proposé d’être sélectionneur, et j’ai bien sûr accepté.

Sans hésiter ?Sans hésiter une seule seconde ! Je ne m’imaginais pas entraîner aussi rapidement. Pas avant deux ou trois ans. Je viens juste d’obtenir le BEF, et je vais passer tous les autres diplômes. Mais comme on dit, le train ne peut passer qu’une fois, et j’ai accepté tout de suite. On me fait confiance alors que je n’ai pas d’expérience. Je ne pouvais pas refuser cette opportunité d’entraîner la sélection nationale de mon pays. Nous avons deux matchs très importants contre le Soudan du Sud ce mois-ci. On ne compte qu’un seul point après deux journées, et moi, j’aborde ces deux rencontres avec comme objectif de les gagner. Je n’imagine pas le Gabon manquer la CAN 2019. Malgré tout le respect que j’ai pour le Burundi, qui est venu faire match nul à Libreville (1-1) en septembre dernier, je pense que nous avons le potentiel pour nous qualifier, avec le Mali. Mais commençons par prendre un maximum de points contre le Soudan du Sud…

Vous avez communiqué votre liste lundi 1er octobre. Pierre-Emerick Aubameyang y figure, alors que l’attaquant d’Arsenal laisse planer le doute sur sa présence depuis l’épisode de la vraie-fausse nomination de son père… Après le match contre le Burundi, il m’avait dit qu’il serait là pour les deux matchs d’octobre, car il veut aider le Gabon à se qualifier.

Pierre-Emerick (Aubameyang) a des relations tendues avec la Fédération depuis un certain temps. C’est un problème de communication qu’il faudrait régler, par exemple en s’asseyant autour d’une table.

Depuis, il y a eu l’affaire dont vous parlez. Pierre-Emerick a communiqué sur les réseaux sociaux, en expliquant que son père n’avait pas donné sa réponse. Il a des relations tendues avec la Fédération depuis un certain temps. C’est un problème de communication qu’il faudrait régler, par exemple en s’asseyant autour d’une table. Le Gabon a besoin d’un joueur de sa dimension. Moi, je l’ai convoqué car je compte sur lui. Je vais l’appeler très vite pour discuter avec lui.

Et s’il ne vient pas ?On demandera des explications, y compris à son club, en fonction des raisons qui pourraient le pousser à refuser de venir en sélection.

Aubemayang a pris l’habitude depuis de longs mois de ne disputer aucun match amical…Je ne sais pas quel accord il avait avec Camacho ! Mais en ce qui me concerne, j’estime qu’il doit participer aux matchs amicaux. Ces rencontres comptent non seulement pour le classement FIFA, mais elles permettent de travailler la cohésion de l’équipe. Pierre-Emerick est le capitaine, c’est notre meilleur joueur, il joue dans un des plus grands clubs européens. Il faut qu’il assume un peu plus son statut en sélection, qu’il soit un vrai leader, sur et en dehors du terrain. À mes yeux, il doit être ce que Drogba ou Eto’o ont été pour la Côte d’Ivoire ou le Cameroun !

En revanche, Didier Ndong est absent de votre liste. Il est vrai qu’il n’a pas de club actuellement…Concernant Didier, je vais être très clair : c’est un bon joueur, mais à l’heure actuelle, il ne fait pas partie de mon projet.

Pourquoi ?Il a eu lors de ses derniers passages en sélection un comportement inadapté, vis-à-vis de ses coéquipiers, de la Fédération. Et on a vu qu’à Sunderland, les choses se sont mal terminées. Ce n’est pas un hasard. D’abord, il faut qu’il retrouve un club, qu’il joue et qu’il soit performant. Et également que son attitude change. La porte de la sélection n’est pas fermée, mais je veux des joueurs avec une attitude professionnelle et qui s’inscrivent totalement dans mon projet.

On a l’impression que tout part un peu en sucette dans cette sélection. On raconte que l’ambiance au sein de la sélection est tendue, qu’il y a des clans…Non, ce n’est pas vrai. Il y a des joueurs qui ont plus d’affinités avec certains qu’avec d’autres, mais l’ambiance est bonne. En revanche, il est vrai que les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que le Gabon peut espérer.

Il y a un peu moins de deux ans, l’Espagnol Camacho avait été nommé sélectionneur. Aviez-vous compris ce choix ?Pas vraiment. Ce n’était pas l’homme de la situation. Il ne venait que pour les matchs, ne suivait pas particulièrement le championnat gabonais. Il ne parlait pas français, et était toujours assisté d’un traducteur, ce qui n’est pas l’idéal pour travailler avec un effectif. Il laissait faire trop de choses, il manquait de poigne, d’autorité. Certains joueurs faisaient un peu ce qu’ils voulaient. Quand j’en parlais avec lui, il me répondait que c’était à la Fédération de prendre des mesures. Je pense que c’était plutôt à lui de le faire.

On aurait eu besoin d’un mec de la trempe de Claude Le Roy, d’Alain Giresse ou d’Hervé Renard. Des gens qui connaissent l’Afrique, qui vivent sur place, qui sont pleinement investis.

De l’extérieur, on avait l’impression qu’il était un peu détaché, limite je-m’en-foutiste…Je me suis posé plusieurs fois la question moi aussi… On aurait eu besoin d’un mec de la trempe de Claude Le Roy, d’Alain Giresse ou d’Hervé Renard. Des gens qui connaissent l’Afrique, qui vivent sur place, qui sont pleinement investis.

Allez-vous mettre en place une discipline stricte ?J’ai une certaine proximité avec les joueurs. J’ai joué avec certains d’entre eux, mais il va falloir évidemment mettre quelques barrières. J’ai joué en Europe, je vais donc appliquer ce que j’ai vécu dans les différents clubs. Si on veut réussir, il faut de la rigueur, de la discipline, du professionnalisme. La Gabon ne peut pas passer à côté d’une qualification pour la CAN 2019. Et cela passe par les résultats et une implication totale. Sur le terrain, et en dehors. Et ça commence dès maintenant !

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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