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Courtois, fort contre les forts
Auteur d’une prestation majuscule face au PSG lors du huitième de finale aller de la Ligue des champions, Thibaut Courtois se prépare à livrer une prestation aussi solide pour la manche retour, ce mercredi soir à Madrid. De quoi confirmer son statut de gardien du temple à Santiago Bernabéu et creuser son appétit de croqueur d’ogres.
Le 15 mars 2018, la une de Marca est sans équivoque : « Eurotúnel » . La cible ? Thibaut Courtois. La veille, le goal belge s’est en effet paré du costume de protagoniste malheureux dans la déroute de Chelsea au Camp Nou (3-0), en huitièmes de finale retour de C1. Coupable sur les trois réalisations barcelonaises, dont deux frappes entre les jambes signées Lionel Messi, Courtois entamait alors une longue pente descendante. Sa réputation est ternie, puis assombrie par son arrivée au Real Madrid l’été suivant. « Petr Čech l’a toujours bien accueilli. C’est le premier à être venu l’accueillir lors de son premier entraînement, confiait Thierry Courtois, son père, à L’Équipe. Il lui a toujours donné des conseils, l’a aidé à s’intégrer. C’était un vrai collègue, sur qui il a toujours pu compter. On ne peut pas dire que ça a été le cas avec Keylor. » Implicitement (et de manière incompréhensible) accusé de la mise au ban de Keylor Navas, le transfuge a ainsi subi les foudres de ses nouveaux supporters, point d’orgue d’une saison bien poussive. Mais depuis, force est de constater que la donne a changé. De retour au sommet, l’enfant de Brée est désormais indispensable, au point de devenir l’homme des grands rendez-vous.
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— MARCA (@marca) March 14, 2018
Valdebebas, terre de tous les possibles
Difficile de savoir si l’absence de public post-confinement a facilité le retour de Thibaut Courtois au premier plan. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, plus personne ne conteste sa légitimité dans les cages madrilènes. Loin des sifflets, loin de la pression et oubliant l’ombre du Costaricien parti pour Paris, l’ancien des Blues a ainsi été l’un des principaux artisans du titre de champion en 2020, avant de définitivement faire pencher la balance la saison suivante. Une nette différence que les supporters madrilènes ont pu constater à l’occasion des rencontres décisives, devenues une véritable signature : « Pour les réflexes, je pense qu’Oblak est le numéro 1, pour les un-contre-un, Alisson, et à la relance, Ter Stegen. Mais en ce qui concerne le mental, je me mets en tête. Malgré tout ce que j’ai traversé durant un an et demi, j’ai réussi à me ressaisir et à montrer à tout le monde que l’on pouvait me faire confiance dans les moments qui comptent », narrait-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
En illustration, lors de cette campagne 2020-2021, achevée en deuxième position des meilleures défenses de Liga (28 buts encaissés, trois de plus que Jan Oblak), Courtois n’aura perdu aucune de ses six oppositions face au top 3 espagnol. Face à l’Atlético, au Barça et à Séville, sa vigilance n’aura, de fait, été trompée qu’à cinq reprises par Ansu Fati, Luis Suárez ou encore Ivan Rakitić. Une valeur établie sur le plan national, que l’intéressé ne tarde pas à (re)mettre sur le devant de la scène européenne. Demi-finaliste de C1, il s’illustre notamment en quarts, au terme d’une double confrontation rondement menée face à Liverpool. Bilan : 22 tirs subis, 21 parades, pour un seul but concédé et une performance d’autant plus remarquée à Anfield (0-0).
L’homme qui tombe à pic
Cette dynamique, Thibaut Courtois ne va dès lors que rarement la relâcher. Toujours dauphin au classement des défenses en championnat (21 buts encaissés, devancé de trois pions, cette fois par Yassine Bounou), le géant a encore su résister aux assauts barcelonais, colchoneros et sévillans durant la phase aller. Trompé à seulement deux reprises par Sergio Agüero et Rafa Mir. Une fiabilité imperturbable, en témoigne sa performance lors du Derby de Madrid remporté à Santiago Bernabéu (2-0), durant lequel il a su se mettre en évidence sur des tentatives de Luis Suárez, un coup franc d’Antoine Griezmann ou même en sortant un arrêt décisif, du visage, devant João Félix en fin de partie. Le symbole d’une chance et d’une concentration omniprésentes dans ces joutes d’envergure.
Car si l’assurance de Courtois a placé le Real Madrid sur la route d’un titre de champion d’Espagne qui ne devrait vraisemblablement pas lui échapper, elle a surtout permis à la Maison-Blanche de vivoter en C1. Écartant l’Inter sans grand mal de la course à la première place du groupe D, le talent du portier a surtout été d’une aide primordiale dans la piètre représentation des siens au Parc des Princes en huitièmes de finale aller. Dans une optique défensive totale, les hommes de Carlo Ancelotti ont éminemment dû s’appuyer sur l’envergure de leur dernier rempart, auteur de sept arrêts sur huit frappes parisiennes. Présent sur trois face-à-face avec Kylian Mbappé, sur le penalty manqué de Messi ou sur une tentative de Neymar à peine entré en jeu, « Jirafa » (la Girafe) n’a eu de cesse de repousser l’échéance. Jusqu’à logiquement craquer dans le temps additionnel, légèrement abandonné par la défense approximative d’Éder Militão et de Lucas Vázquez.
Briller malgré la défaite, Thibaut Courtois est donc parvenu à le faire. Le symbole d’un roc inébranlable, dont les soirées de gala font office de révélateur. Cela tombe bien : attendu pour cette manche retour contre le PSG, nul doute désormais que le Flamand rouge emploiera ses deux mètres à bon escient.
Par Adel Bentaha