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Courage Cavani, fuis Paris !
Après quatorze matchs joués, cinq buts marqués et six premiers mois compliqués, Edinson Cavani souhaiterait quitter le PSG. Pourtant, à 32 ans et malgré des blessures un peu plus récurrentes, le meilleur buteur de l'histoire du club peut largement dépanner, et même plus que ça. Mais si Thomas Tuchel ne veut pas le faire jouer et que la direction s'attend à ce qu'il dégaine un sourire en fin de saison comme si de rien n'était, autant qu'il rejoigne dès maintenant l'Atlético de Diego Simeone.
Et si Edinson Cavani quittait la capitale, coincé à 198 buts au compteur ? Voilà la grande question hivernale du PSG, au moment où blessé, tourmenté, devancé par Mauro Icardi et peu considéré par Thomas Tuchel, l’attaquant veut rejoindre l’Atlético de Madrid de Diego Simeone. Les Matelassiers font la cour au Matador depuis les festivités de fin d’année, et auraient proposé dix millions d’euros pour racheter ses six derniers mois de contrat. Après la victoire du PSG à Lorient ce dimanche en Coupe de France (0-1), Leonardo n’a pas caché que cette proposition n’était pas « à la hauteur de la valeur du joueur » . Mais le Brésilien – qui l’avait fait venir à l’été 2013 telle une offrande divine après sa démission – doit laisser partir Edi.
Edinson ou les limbes du Parc des Princes
Le 18 décembre dernier, alors que le PSG se déplace sans Cavani au Mans en 8es de finale de Coupe de la Ligue (1-4), les ultras du Collectif Ultras Paris entonnent l’hymne de Cavani lors de l’entrée en jeu d’Icardi. Si certains considèrent cela comme un manque de respect vis-à-vis de l’Argentin, c’est en réalité une manière toute légitime de témoigner à l’Uruguayen l’amour et la considération que son entraîneur et sa direction ne daignent lui accorder depuis plusieurs semaines. Car fin décembre, quand les premières rumeurs d’un départ vers l’Espagne sortent, pas grand monde n’y croit. Après six ans et demi à Paris, Cavani ne peut pas partir comme ça, sans un pot de départ digne de ce nom. Surtout, le buteur parisien n’est pas bête, en terminant son contrat au PSG, il pourra prétendre à une juteuse prime à la signature en s’engageant libre. Mais Cavani n’est pas du genre à se laisser dicter son futur, encore moins quand son postérieur est sur le banc ou son canapé. Les blessures sont réelles, mais quand le meilleur buteur de l’histoire du PSG est disponible, Tuchel ne lui laisse presque que des miettes. Même en Ligue 1, y compris quand le club de la capitale se balade allègrement. Un manque de considération qui n’a pas échappé au CUP, ni à l’intéressé, qui a pourtant prouvé dès les deux premières journées de championnat qu’il pouvait encore rendre bien des services, et pas seulement en tant que remplaçant de luxe du clinquant Icardi. Mais maintenant, alors que le Matador aurait émis son souhait de partir cet hiver, le PSG se targue de lui montrer du respect en étant à l’écoute de ses tourments personnels. Rien que pour ce manque de délicatesse et de classe, Cavani se doit de filer à Madrid.
Le chef, le prof et le Matador
« Le sacrifice me permet d’avoir l’esprit tranquille, de dormir avec la sensation du devoir accompli. Ça vient de ma famille. Mes parents ont toujours lutté dans la vie. Ils ont essayé de nous inculquer le respect pour l’autre, peu importe qui il soit, le travail et le sacrifice pour faire face à la vie. » * Ces mots suffisent presque à eux-mêmes pour montrer le mariage si naturel entre Edinson Cavani et Diego Simeone. Ce dernier n’a jamais caché son amour pour ce buteur dur au mal et au volume de jeu monstrueux. Et si Tuchel préfère jouer avec une pointe plus statique et clinique que l’Uruguayen, l’entraîneur argentin se fera un plaisir de l’intégrer dans son 4-4-2 tout terrain. Surtout, pour remettre le Matador en selle, le Cholo pourra compter sur son préparateur physique Oscar Ortega. Véritable pierre angulaire de la méthode Simeone, le Profe est notamment réputé pour son suivi personnel auprès des joueurs. Et en tant qu’Uruguayen, nul doute qu’il permettra à Cavani de retrouver la plénitude physique qui était sienne jusqu’à la saison dernière. D’ailleurs, l’histoire d’amour récente entre les Colchoneros et les joueurs de la Celeste pousse à l’enthousiasme.
Cavani s’inscrit parfaitement dans la lignée de Diego Forlán, devenu dixième buteur de l’histoire du club en seulement trois saisons ; et celle de Diego Godín, dixième joueur le plus capé des Matelassiers et autre légende moderne des supporters de l’Atlético. Avec João Félix, Álvaro Morata et Diego Costa bientôt de retour, la concurrence à Madrid sera peut-être également rude, mais avec la Liga, la Ligue des champions et la Coupe du Roi, Cavani ne sera pas de trop. D’autant que Diego Simeone joue avec deux pointes, un système qui convient parfaitement à l’attaquant céleste, et qu’utilise également le sélectionneur national Óscar Tabárez. Car oui, à 32 ans, alors qu’il cire le banc du PSG, El Matador pense également à la Copa América 2020 qui se jouera au début de l’été en Argentine et en Colombie. Courage Cavani, fuis Paris !
* Propos recueillis par Pierre Boisson et Arthur Jeanne dans So Foot (n° 139 – Septembre 2016)
Par Maxime Renaudet