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Sophia Smith, a star is born

Par Quentin Ballue
5 minutes

Sa vitesse, sa vivacité et son efficacité ont fait mouche contre le Vietnam. Sophia Smith découvre la Coupe du monde sans aucun complexe. Dans le radar depuis un bon moment aux États-Unis, l'attaquante de 22 ans est prête à choquer la planète.

Sophia Smith, a star is born

Composée de trois trentenaires en 2019, la ligne d’attaque des États-Unis s’est considérablement rajeunie. Si Alex Morgan tient toujours la barre à 34 ans, la star est désormais épaulée par la génération Z. À sa droite, Trinity Rodman, 21 printemps. À sa gauche, Sophia Smith, une bougie de plus. L’ailière de Portland est parfois gentiment rappelée à la réalité de cette différence d’âge, chambrée car elle n’a jamais utilisé de lecteur CD ou parce qu’elle ne reconnaît pas les chansons de Tupac. Elle s’était déjà retrouvée au milieu de Morgan, Rapinoe ou Lavelle en 2017, quand Jill Ellis l’avait convoquée en renfort pour compléter le groupe. Elle n’avait alors que 16 piges. Depuis, Smith est devenu internationale en novembre 2020 et s’est bien installée (31 sélections, 14 buts). Au point d’éclipser le reste de l’équipe contre le Vietnam avec un doublé et une passe décisive pour sa première apparition en Coupe du monde, logiquement récompensée du trophée de joueuse du match – et d’un bisou de son papa, Kenny. Ça va vite. Très vite.

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Les gènes, Marta et le dog-sitting

Née dans le Colorado, Sophia a imité ses grandes sœurs Gabrielle et Savannah en chaussant les crampons. « C’était terrible d’être au but contre elle. J’étais toujours en train d’esquiver, parce qu’à chaque fois que je tendais le bras ou la main, je finissais par me blesser », racontait sa mère, Mollie, à Just Women’s Sports. Elle grandit en s’inspirant de Mia Hamm, dont un poster orne sa chambre, d’Abby Wambach, dont elle garde précieusement une photo prise quand elle était gamine, et de Marta. « C’était la joueuse sur laquelle j’essayais de calquer mon jeu. J’aime son flair. C’est comme assister à un spectacle. Quand elle reçoit le ballon, on se demande toujours ce qu’elle va faire cette fois-ci. Je veux être comme ça. » Smith mène une scolarité digne des success stories dont raffolent les séries US. Elle est évidemment capitaine de l’équipe du lycée de Fossil Ridge. En parallèle, elle joue aussi au Real Colorado, le meilleur club de la région, à 1h30 de la maison. Sa mère a carrément changé de job pour avoir plus de flexibilité dans son emploi du temps et ainsi faire les trajets quasi quotidiens.

Quand nous aurons des enfants, j’espère qu’ils auront ses gènes athlétiques.

Michael Wilson, son boyfriend

Diplômée en 2018, elle a rejoint la prestigieuse université de Stanford. Sa saison inaugurale est écourtée par une fracture de la cheville. Les ligaments sont touchés et elle passe neuf mois loin des terrains. La seconde est couronnée du prestigieux titre universitaire et, associée à l’actuelle Lyonnaise Catarina Macario, Smith plante un triplé en demies. Tout le monde se l’arrache. Première teenager à être draftée, elle est choisie en numéro 1 par Portland. À 2000 bornes de chez elle, la jeune athlète s’en remet à la compagnie des animaux en s’inscrivant sur une plateforme de dog-sitting pour promener des chiens. « Si j’ai besoin de sourire, de rire ou juste de me sentir bien, je regarde des vidéos d’animaux ou je vais chercher un animal, expliquait-elle sur NBC. Ils sont tellement innocents et purs, parfois, c’est ce dont j’ai besoin. »

Derrière elle depuis toujours, son père, joueur de basket à l’université, continue de la conseiller à distance. « Il en sait plus que moi sur la Premier League, souligne-t-elle. Chaque fois que quelqu’un marque un but incroyable, il m’envoie la vidéo et me dit : “Tu dois ajouter ça à ton jeu.” Il veut tout décortiquer. » La menace Smith, buteuse dès ses débuts en NWSL, de la tête, trois minutes seulement après son entrée en jeu, est clairement identifiée par le reste du pays. En septembre dernier, elle ironisait sur Twitter en annonçant son intention de « s’entraîner à frapper » sans ses jambes face au nombre de fautes qu’elle subit. « Quand nous aurons des enfants, j’espère qu’ils auront ses gènes athlétiques », riait son boyfriend Michael Wilson, pourtant pas trop mal loti puisqu’il représente les Arizona Cardinals en NFL. « Soph » a illuminé la NWSL en 2022 avec 14 buts – seule Morgan a fait mieux. Dans le paquet, le premier but de la finale du championnat, remportée 2-0 contre Kansas City. Elle a évidemment été élue MVP du match et de la saison. Cool as you like.

Sophia d’après

« Depuis le premier jour, je suis une gagnante, confiait Smith à FOX Sports. Je dois gagner. Cela me rend malade de perdre, aux cartes ou à quoi que ce soit. » Un appétit parfois difficile à manager. Lors d’un tournoi U18, sortie à la mi-temps d’une rencontre où elle avait déjà marqué sept fois, elle avait ainsi pris la tête de son coach, qui voulait la préserver un autre match, prévu le lendemain. « Il m’a fallu toute la mi-temps pour lui expliquer que je n’allais pas la faire jouer, témoignait l’entraîneur en question, Lorne Donaldson, pour FOX. Je lui ai dit : “Je ne veux pas mettre l’autre équipe dans l’embarras.” Elle m’a regardé droit dans les yeux : “Alors pourquoi jouent-elles ? Ce n’est pas mon problème. Je suis ici pour jouer.” Elle a râlé pendant toute la deuxième période. À chaque fois que je la vois, elle me rappelle cette histoire. Elle ne comprend toujours pas pourquoi je l’ai sortie. »

Je n’aime pas qu’on parle de l’avenir, je sais que je suis jeune, mais je ne pense pas que l’âge ait vraiment quelque chose à voir là-dedans.

Sophia Smith

N’allez surtout pas lui dire qu’elle incarne le futur, vous risqueriez de la mettre en rogne. « J’ai l’impression d’avoir prouvé que je pouvais avoir un impact dès à présent, tant en club qu’en sélection, répondait-elle sur CBS au printemps. Je n’aime pas qu’on parle de l’avenir, je sais que je suis jeune, mais je ne pense pas que l’âge ait vraiment quelque chose à voir là-dedans. On voit des joueuses de plus en plus jeunes arriver en championnat et avoir un impact sur leur équipe. » Une assurance qui n’est pas sans rappeler un certain Kylian Mbappé. « Soph, tu pourrais vraiment faire quelque chose dans le basket », lui a dit son père quand elle avait 14 ans. Ce à quoi l’adolescente, qui avait décidé de quitter les parquets, répondit : « Je serai spéciale en football. » Les États-Unis sont déjà envoûtés, le monde entier devrait très vite succomber.

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