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Coupe du monde : la fiche de la Suisse
Principal adversaire de la France (à part elle-même), la Nati s'amène au Brésil avec un général allemand prônant l'asphyxie à la tête d'une bande d'ex-Yougos. Autant dire que la légendaire neutralité helvétique est très loin dans le rétro.
* Le onze typeBenaglio – Lichtsteiner, Senderos, Djourou (ou Schär), Rodriguez – Inler, Dzemaili (ou Behrami), Xhaka – Shaqiri, Stocker, Drmić. Sélectionneur : Ottmar Hittzfeld
* Comment ils devraient jouerLe général Ottmar Hitzfeld est un homme de domination, surtout dans l’axe. Alors sa Nati s’organise en 4-2-3-1 et presse à tout va (le fameux Gegenpressing) dès l’attaquant, Josip Drmić, troisième meilleur buteur de Bundesliga cette saison et auteur d’un doublé face à la Croatie récemment. Le but étant de forcer les dégagements foireux dans l’axe, où deux des Trois Suisses du Napoli (Inler, Behrami et Dzemaili) les attendent. Après cela, on va vite devant, que ce soit avec les ailiers Shaqiri et Stocker ou les latéraux Lichtsteiner et Rodriguez, ou on regarde Inler et Xhaka mettre des transversales. Et le reste du temps, on essaye de garder cette légendaire solidarité défensive.
* Le portrait-robot– 20% Bundesliga
– 10% petit-suisse- 35% Yougoslavie
– 10% coffre-fort- 15% Napoli
– 5% Stéphane Eicher- 5% Ricola
* La stat à la con1, comme le nombre de buts encaissés par le coffre suisse sur l’ensemble des deux dernières éditions de la Coupe du monde.
* Trois bonnes raisons de les supporter– Parce que quitte à choisir un voisin francophone, autant éviter la fausse hype belge. – Parce qu’eux, au moins, sont capables de battre l’Espagne. – Parce que la Suisse, naturellement.
* Trois bonnes raisons de les détester– Parce que la Suisse doit logiquement disputer la première place du groupe E à la France. Alors forcément…
– Parce que le passif de la Suisse en Coupe du monde contre ses adversaires de poule n’incite guère à l’optimisme : 0-0 contre la France en 2006, 0-0 contre le Honduras il y a quatre ans (rien contre l’Équateur). Wouhou.- Parce que la dernière fois que la Suisse a passé le premier tour, c’était en 2006 pour finalement se faire sortir par l’Ukraine en 8es à l’issue d’une abominable purge (0-0, 0-3 tab).
* Ce que Pelé dirait de l’équipe « La Suisse est un mystère pour moi. Pourquoi jouer au foot quand on a déjà tant d’argent de côté ? C’est quelque part merveilleux que des personnes à l’abri du besoin consacrent autant de leur temps à ce qui ne reste pour eux finalement qu’un jeu. Le peuple helvète est celui qui finalement a su garder son âme d’enfant devant un ballon, incarner le véritable esprit de ce sport, bien plus qu’aujourd’hui dans nos favelas où tous ne rêvent que de devenir millionnaires. Et ils ne font pas grève eux au moins. C’est pour cela que la FIFA y a installé son siège – n’y voyez aucune malice fiscale. C’est par pur amour de la chose footballistique. Et je suis contre l’interdiction des tenues tyroliennes sur les terrains de foot. »
* Il aurait pu être brésilien, mais il est né à BâleGranit Xhaka est suisse, ses parents kosovars, mais son jeu mérite le soleil. Granit, c’est de l’or en barre, même s’il ne rayonne pas encore dans la grisaille de Gladbach. Hitzfeld dit de lui qu’il « respire la classe » . Surtout, en véritable esthète, il cherche souvent à faire beau quand il faut faire simple. Et ça, c’est le Brésil.
* Mais pourquoi il n’est pas venu… Eren DerdiyokIl n’y avait qu’une incertitude concernant la liste du sélectionneur Ottmar Hittzfeld : qui de Haris Seferović de la Real Sociedad, Pajtim Kasami de Fulham et Eren Derdiyok du Bayer Leverkusen allait être le vingt-troisième appelé ? Le premier nommé a finalement été préféré aux deux autres, qui ne sont que suppléants. Des trois, c’est Eren Derdiyok le plus expérimenté (46 capes pour 8 buts avec la Nati, à seulement 25 ans), mais il paie son faible temps de jeu en Allemagne cette saison (18 apparitions en Bundesliga dont 4 titularisations, pour 1 but). Seferović n’est pas un indiscutable non plus à la Real Sociedad, mais Hittzfeld a certainement considéré qu’il constituait un recours offensif plus intéressant. Derdiyok a déjà choisi une destination pour essayer de relancer sa carrière la saison prochaine : Kasımpaşa, en Turquie.
* Pourquoi ils vont se ramasser en 8esParce qu’en face, ce sera soit l’Argentine, que les Suisses n’ont jamais battue (3 défaites, 2 nuls dans l’historique des confrontations), soit le Nigeria, qu’ils n’ont jamais battu non plus (1 défaite en amical à Zurich en 2007), soit la Bosnie-Herzégovine, qui entretient trop de bonnes relations diplomatiques avec la Suisse pour que celle-ci ne se risque à bousculer cet état de fait (la fameuse neutralité helvète, tout ça), soit l’Iran, mais franchement, qui croit l’Iran capable de se hisser jusqu’en 8es ?
* Coefficient de résistance à la vie en favela : 100% Les types ont réussi à rester neutres alors que le monde entier se foutait sur la gueule autour d’eux. Et surtout, leur équipe est composée aux trois quarts de Yougos, des mecs qui en ont vu d’autres.
* S’ils étaient un tube de l’été
Sacrés Français de Dimitri from Paris
À l’instar de la Belgique , le Suisse moyen n’en peut plus de l’éternel sentiment de supériorité de ce grand voisin d’ogre hexagonal. Au point de voter des référendums contre « nos frontaliers » , histoire de bien nous rappeler que le Français est un immigré comme un autre. Éternel sujet de moquerie de l’autre coté des Alpes, dans ce pays qui ne vit que pour la ponctualité et la précision des chiffres, l’arrogance tricolore excède d’autant plus nos voisins qu’ils ne comprennent toujours pas pour quelle étrange raison tout le monde semble leur refuser le statut de favori dans leur groupe, malgré un parcours qualificatif et un classement FIFA qui devrait conduire les Bleus a beaucoup plus d’humilité. Même un simple survol de l’effectif qui brillent en Serie A ou en Bundesliga paraît lui promettre la première place. Sans compter qu’eux ont réussi à battre l’Espagne en compétition internationale (certes en 2010). Et puis il y a déjà tellement de Français qui de fait préfèrent Le Cantique suisse à la Marseillaise.
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Par Régis Delanoë, Nicolas Kssis-Martov et Charles Alf Lafon