- Mondial 2023
Mondial 2023 : où sont les stars ?
Alors que la Coupe du monde est entrée dans son dernier carré, le tournoi n'a pas vraiment mis en avant d'individualités fortes, comme avait par exemple pu l'être Megan Rapinoe il y a quatre ans en France. Mais où sont donc passées les stars ?
Comme un symbole, la première équipe qualifiée pour la finale de cette Coupe du monde est l’Espagne, son identité collective forte et son style de jeu bien cadré. La Roja a pourtant dans ses rangs l’une des joueuses les plus talentueuses et scrutées de sa génération. Mais la double Ballon d’or en titre Alexia Putellas s’est envolée pour l’Australie pas encore pleinement remise de sa rupture des ligaments croisés, n’a été titulaire qu’à trois reprises et le tournoi ne portera pas vraiment le sceau de ses coups d’éclats. La joueuse qui sort du lot au sein de la sélection de Jorge Vilda se nomme plutôt Aitana Bonmatí, maître à jouer et co-meilleure buteuse de son équipe. Récente vainqueure de la Ligue des champions avec le Barça, la milieu de terrain est en train de constituer un dossier bien solide pour tenter de conserver le petit ballon doré de l’autre côté des Pyrénées. Et pourtant, l’emballement n’est pas vraiment au rendez-vous.
Petits anges partis trop tôt
Il y a quatre ans dans l’Hexagone, les Américaines guidées par Megan Rapinoe ou Alex Morgan avaient attiré presque toute la lumière, laissant quelques bribes pour la finaliste malheureuse Lieke Martens ou les Bleues Amandine Henry ou Eugénie Le Sommer. Cet été encore, les doubles tenantes du titre avaient tout pour capter l’attention, malgré un statut moins affirmé pour les deux vedettes du football outre-Atlantique. Qui allait prendre la relève ? Sophia Smith ? Lindsey Horan ? Personne, à vrai dire, la faute à l’élimination précoce des Stars and Stripes. Même constat pour l’Allemagne d’Alexandra Popp ou le Brésil d’Ary Borges, dont le récital face au Panama sera resté sans lendemain.
Et quand ce n’est pas une sortie de route prématurée, ce sont les (très) nombreuses blessures qui sont venues empêcher les grands noms du football mondial de conquérir le sixième continent. Beth Mead (sensation de l’Euro il y a tout juste un an), Marie-Antoinette Katoto, Vivianne Miedema, Leah Williamson, Delphine Cascarino ou encore Catarina Macario n’ont pas eu la chance de participer. Très attendue devant son public, Sam Kerr a elle aussi été frappée par la malédiction à la veille du tournoi, se contentant jusqu’à présent d’entrées en jeu. Alors, les collectifs ont pris le dessus, à l’image d’une équipe de Suède ultra-solide et portée – en partie – par les coups de casque de la défenseure Amanda Illestedt. Ou encore d’une Australie qui a su s’appuyer sur Hayley Raso ou Caitlin Foord pour se frayer un chemin jusqu’au dernier carré. Reste à déterminer quels seront les nouveaux visages du football féminin, à l’heure d’un Mondial qui résonne comme la dernière danse de joueuses emblématiques.
Crépuscule d’une génération
Rapinoe, Marta, Christine Sinclair… En attendant de savoir si d’autres stars seront encore là en 2027, trois icônes du football féminin ont fait leurs adieux à leur sélection. En espérant qu’une nouvelle génération puisse reprendre le flambeau. « Nous sommes très fières de ce que nous avons accompli et nous demandons aux nouvelles générations de continuer, pour inspirer plus de petites filles et de petits garçons », espérait Marta, du haut de ses six Coupes du monde et de son record de buts dans le tournoi (17), après l’élimination de son Brésil dès la phase de poules. L’heure de regarder en arrière et ressasser les souvenirs a également sonné pour une Rapinoe au cœur de nombreux combats depuis le début de sa carrière. « Je garde en mémoire les chants pour l’égalité salariale après la finale, déroulait-elle à propos du succès américain à Lyon, en 2019. Savoir qu’on a utilisé notre talent pour faire quelque chose qui a changé le monde pour toujours, c’est ce qui compte le plus pour moi. »
Des luttes qui ont sans doute tracé la voie pour de nouvelles icônes. « On sait que Marta dans son pays, c’est une légende. Je la regardais à la télé quand j’étais petite, elle gagnait déjà des titres de meilleure joueuse, j’avais à peine six ans », lâchait Maëlle Lakrar à la veille de défier la Seleçao. Finaliste ce dimanche, Irene Paredes a également été marquée par le parcours de l’attaquante brésilienne : « Je pense que nous devons la féliciter et la remercier pour toutes les portes qu’elle a ouvertes. J’ai toujours dit que je n’avais pas eu de modèle féminin dans le football, mais quand j’ai commencé à entendre parler de quelqu’un, c’était elle. » Et les petites filles d’aujourd’hui, la première fois qu’elles auront rêvé devant les exploits d’une joueuse, ce sera qui ?
Par Tom Binet