- Mondial 2022
- Quarts
- Pays-Bas-Argentine (2-2, 3-4 TAB)
Coupe du monde : Emiliano Martínez, sauveur de l’Argentine contre les Pays-Bas
Emiliano Martínez a dominé les tireurs néerlandais, dans la tête et à l'horizontale, pour offrir le confort nécessaire à ses copains argentins, qui ont fini par plomber l'édifice Van Gaalien. « Dibu » le timbré est en train d'en faire sa marque de fabrique.
« J’ai beaucoup souffert après le match face à l’Arabie saoudite. J’ai parlé avec un psychologue, parce qu’ils ont eu deux tirs, et que j’ai été incapable d’en arrêter un. J’ai 45 millions d’Argentins derrière moi, et j’aurais dû faire plus », avait déballé Emiliano Martínez à la presse, quelques jours seulement après le premier choc de ce Mondial 2022 : l’envol des Faucons verts saoudiens sur la carcasse d’une Albiceleste en rodage, retombée dans une forme de naïveté émotionnelle oppressante. À peine deux semaines plus tard, ce sont des Argentins remobilisés qui se présentent aux portes du dernier acte qatari. Une issue inimaginable sans Lionel Messi, évidemment, mais aussi sans le grain de folie de leur gardien « Dibu ».
Martínez, fouet multiple
Lorsque Wout Weghorst s’en est allé égaliser sur le gong, à la suite d’une astucieuse combinaison avec Teun Koopmeiners sur coup franc, l’interrogation était grande autour de la capacité de rebond de la bande à Messi, pourtant presque à l’abri dix minutes plus tôt après le penalty de La Pulga. Mais les hommes de Lionel Scaloni ont mieux fini la prolongation, et auraient peut-être même dû éviter l’angoissante séance des tirs au but si Lautaro Martínez ou Enzo Fernández avaient eu un petit coup de pouce de là-haut. C’était presque écrit en filigrane : comme en 2014, Néerlandais et Argentins devaient se départager dans le stress et les larmes. À l’instar de Sergio Romero face à Ron Vlaar puis Wesley Sneijder, Dibu Martínez a brisé les rêves de Virgil van Dijk et Steven Berghuis, tout en infusant une vague de confiance chez ses coéquipiers.
En haranguant une foule bleu ciel et blanc tétanisée par l’idée d’assister à la dernière danse de son homme providentiel, le portier d’Aston Villa a aussi fait le spectacle. En miroir de cette séance de TAB déjà légendaire face à la Colombie lors de la Copa América soulevée par l’Albiceleste en juillet 2021, au cours de laquelle il avait « mangé », pour reprendre ses propres dires, Yerry Mina ou encore Edwin Cardona. À vrai dire, le drapeau argentin teint sur son cuir chevelu témoigne de ce qui anime cet être déluré, longtemps coupeur de citrons à Arsenal, qui incarne aujourd’hui le mieux les excès touchants du peuple dont il défend haut et fort les couleurs. En zone mixte, l’entrant Germán Pezzella ne s’y trompe pas : « On lui doit une fière chandelle, on sait qu’on a eu chaud. » Un torse contre torse électrisant avec Messi comme gage d’unité, des ballons qui peinent à être lâchés pour déconcentrer les tireurs restants, un regard mêlant relâchement et intimidation, et cette bouche toujours ouverte qui lui a fait prendre deux fois plus de place qu’Andries Noppert, à qui il rend au moins 8 centimètres. Le roi de l’embrouille a gagné sa place au temple des grands monuments argentins. Seul le Graal pourra le sustenter, lui et ses 45 millions de dévoués.
¿Condones? No señor, la mejor protección la da San Emiliano Martínez pic.twitter.com/zWfF4PeZGL
— Barça Boy™ (@BarcaBoy1899_) December 9, 2022
Par Alexandre Lazar
Propos de Germán Pezzella recueillis par MR au Lusail Stadium.