Parce que Pepe ne sera pas là pour stopper le cerbère offensif
Tadić-Vlahović-Mitrović. Avec un trio offensif pareil et le jeu d’attaque prôné par
Piksi, la Serbie a tout pour lier la parole aux actes face à de
tristes champions d’Europe 2016. Le premier nommé est le meilleur passeur d’Europe sur l’année civile en cours (34) et son influence en sélection n’est plus à prouver. Un mauvais Tadić, et c’est toute l’animation qui peut piquer du nez. L’autre Dušan, le puissant et adroit Vlahović, a lui passé un palier en Serie A, éclipsant au passage Luka Jović en sélection. Courtisé du côté de Turin, Londres ou Madrid, la pépite fait désormais partie des meilleurs artilleurs en Italie, alors que sa complémentarité avec le Golgoth Mitrović monte en flèche. Le buteur de Fulham, non content de ne plus être le seul insaisissable avec les
Orlovi, vit une saison de maboul en Championship (20 pions en 17 matchs) et compte bien manger
le meilleur joueur de Premier League en titre comme on déguste une pizza pepperoni.
Parce que Nemanja Radonjić va sortir de cryogénisation
La Ligue 1 a-t-elle oublié NR7 ? Pas d’inquiétude, après un prêt non concluant au Hertha BSC, il a réussi à disputer cinq petits matchs avec Benfica, dont deux titularisations. Il a même célébré
son unique caramel face au Vitória SC d’une presque aussi belle manière que celui inscrit à Toulouse, signe que tout roule pour le playboy de Niš, malgré un peu de poussière sur les épaules. À l’aller, au Marakana, son entrée après l’entracte avait renversé le Portugal : en 24 secondes, son centre avait trouvé la tête de bélier de Mitrović ; en un quart d’heure, la Serbie était de retour à hauteur (2-2) après que Radonjić a mystifié João Cancelo et Rúben Dias derrière sa jambe d’appui pour lancer Kostić. Les Aigles ont glané un point qui, à l’époque, valait double. En bon Benfiquiste de passage, le meilleur ami de Rudi Garcia jouera même « à domicile » en l’absence de Lazović côté droit. Qui a dit que la foudre ne frappait pas deux fois au même endroit ?
Parce que Stefan Mitrović va capturer la dignité de Cristiano Ronaldo
Le 8 octobre 2020, la Norvège ultra-favorite était éliminée en demi-finales des barrages de qualification à l’Euro 2020 par la Serbie, à Oslo. Un grand blond habituellement bionique prénommé Erling avait passé 120 minutes à se briser les molaires sur le capitaine strasbourgeois d’alors, Stefan Mitrović. Oui, le même qui vous a fait cauchemarder chaque lundi de 2020-2021, au moment de découvrir ses notes Mon Petit Gazon. À croire que le maillot rouge sang frappé de la
srpski krst (croix serbe) transcende le deuxième « Mitro » , même en période de moins bien. Cette fois, dans le viseur du taulier de Getafe, bon dernier de Liga, André Silva et surtout Cristiano Ronaldo, lequel sauve tant bien que mal les meubles à Old Trafford. En mars dernier, déjà,
le défenseur central serbe interdisait à CR7 le but de la victoire, avec un coup de pouce du destin. Sans faire de vagues, Stefan le discret pourrait bien retrouver, au moment de quitter l’Estádio da Luz, la trace du quintuple Ballon d’or au fond de la poche arrière de son jean Levi’s.
Parce que le président Vučić est venu rappeler l’importance du match… à sa façon
On le sait, quand un politicien s’invite dans un vestiaire, ça commence à
« puire messire ». En l’occurrence, le président de la République serbe Aleksandar Vučić a tapé la pose avec Dragan Stojković et ses souriants hommes dans l’avion, avant le départ des 23
Orlovi pour Lisbonne. Mais tout n’était pas que courtoisie pour celui qui a promis un stade national futuriste de 50 000 places à Surčin, en banlieue de Belgrade, et compte bien accumuler les arguments pour le mener à bien. En effet, une prime consistante d’un million d’euros attend les joueurs et le staff serbes en cas de triomphe au Portugal. Vučić, le fan de l’Étoile rouge au physique de basketteur, en poste depuis 2017, espère tirer profit d’une qualification qui serait retentissante… en s’en octroyant les mérites, pour mieux noyer – encore – les accusations constantes de dérive autoritaire à son encontre, et celles de corruption à l’encontre de la Fédération (FSS), qu’il aurait à sa botte.
Parce que la Serbie n’a pas peur des gros morceaux
Sans participation à un Euro en tant que nation indépendante et sans joueur dans la compétition depuis l’an 2000 (Yougoslavie oblige), la Serbie se transforme quand il s’agit de jouer pour une place au Mondial. Une histoire de plus belle vitrine ? Quoi qu’il en soit, avec trois participations depuis 2006, la première en tant que Serbie-et-Monténégro, la patrie d’Emir Kusturica est une habituée de la Coupe du monde. Et un succès, tout en révélation et paradoxe, témoignerait de la force de caractère de la Serbie quand on l’érige en victime expiatoire. En 2010, en Afrique du Sud, Milan Jovanović manque de s’abîmer un membre en célébrant l’unique but du deuxième match de poule face au futur demi-finaliste allemand, qui sort d’une démonstration contre l’Australie. Forts contre les forts, faibles contre les faibles. Une histoire balkanique récurrente, qui ne demande qu’à être ratifiée. Pourtant, cette fois, Lisbonne ne sera pas une terre de traité.
Cristiano Ronaldo assure ne pas être obnubilé par la barre des 1000 buts