- Mondial 2022
- Gr. H
- Corée du Sud-Portugal (2-1)
Coupe du monde 2022 : Pour la Corée du Sud, une juste récompense
Victorieuse du Portugal en fin de match, la Corée du Sud a arraché son billet pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde au buzzer. Une place loin d’être volée.
Le premier tour de ce Mondial 2022 a une nouvelle fois réservé un scénario de folie. Et ce vendredi soir, c’est la Corée du Sud qui en a bénéficié, en battant le Portugal (2-1). Pour bondir au second rang du groupe H, filer en phase finale et s’asseoir à la table des grands. Le symbole d’une sélection séduisante et talentueuse, programmée pour faire bien plus que de la figuration dans cette compétition.
Son et les autres
La Corée du Sud ne payait pourtant pas de mine en arrivant au Qatar. Emmenée par Son Heung-min, leader incontesté d’un jeune effectif, le contingent rouge débarquait en effet dans un rôle de poil à gratter pour les épouvantails portugais et uruguayens. Bien plus que dans celui de véritable outsider, costume alors légèrement trop grand. Derrière Son, des individualités déjà connues ont alors fini par se mettre au diapason. « Je ne suis pas bon depuis le début de la compétition, mais quand je vois le travail que font les autres pour m’aider et prendre le relais, je ne peux que les remercier. Ces mecs sont extraordinaires », clamait d’ailleurs le capitaine national, ému aux larmes, en zone mixte.
À l’image de Lee Kang-in, passeur décisif contre le Ghana, de Cho Gue-sung, double buteur face aux Black Stars, de Hwang Hee-chan, sauveur contre le Portugal, ou de Kim Min-jae, intraitable en défense – malgré les pépins physiques -, tous ont joué un rôle primordial dans le processus concocté par Paulo Bento. Le Lusitanien, adossé à son inflexible 4-2-3-1, s’est d’ailleurs appuyé sur cette jeune colonne vertébrale (26 ans de moyenne d’âge), derrière son meneur « Sonny » , afin de bâtir un collectif solide. Et en regardant le CV des quelques noms énumérés plus haut, la logique semble aujourd’hui respectée : Kang-in, figure incontournable en Liga, Min-jae, indiscutable en Serie A, ou Gue-sung, meilleur artificier de K-League, ont en effet démontré qu’ils n’avaient plus grand-chose à envier à leurs homologues africains et sud-américains.
Le processus Bento
À ce titre, Bento avait demandé du temps pour voir cette génération atteindre sa plénitude, lui qui fut longuement critiqué en raison du manque de progression supposé de ses joueurs depuis l’édition 2018. Le voilà récompensé. Car au-delà des résultats intrinsèques, la gouaille affichée par cette équipe sud-coréenne force le respect. Un style de jeu offensif, rarement renié, peu importe le scénario. Bilan sur ces trois matchs : 42 frappes tentées (dont 22 face au Ghana), soit le plus haut total du groupe, et dix fautes ou corners obtenus en moyenne par match. Des données abstraites, résumant néanmoins un allant offensif criant.
De plus, à l’instar du Japon, les Coréens se sont sublimés dans la résilience. Menés face au Ghana – en dépit de la défaite finale –, les Guerriers Taeguk avaient, par exemple, su revenir dans la partie grâce au monstrueux Cho, avant de faire plier leur adversaire jusqu’à l’extrême limite. Scénario reproduit contre le Portugal, renversé aussi sec par onze joueurs n’ayant jamais lâché leur objectif de qualification. Attractive et séduisante, la Corée du Sud s’apprête donc à embellir ce parcours déjà fou, en entrant dans la série des matchs à élimination directe. Pour rêver à des choses plus grandes encore.
Par Adel Bentaha