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Coupe du monde 2019 : ce qu’il faut savoir du groupe C
Deux grosses cylindrées (Australie et Brésil), un solide outsider (Italie) et un néophyte (Jamaïque), ce groupe C n'est certainement pas le plus relevé, mais il apporte quelques garanties en matière de spectacle.
Le gros morceau : l’Australie
Des tambours battants, un rythme exalté, une énergie furieuse et des pieds au plancher. C’est avec une philosophie à la Mad Max que les Australiennes se lancent dans leur quête de succès mondial, elles qui restent sur trois quarts de finale consécutifs. Car c’est ainsi que le coach Ante Milićic, arrivé en janvier 2019 et prenant la suite d’un Alen Stajcic accusé de faire régner une ambiance délétère, compte animer le jeu des Matildas. En quelques mois, le nouveau sélectionneur a réussi à façonner une équipe ultraoffensive, disposée en 4-2-4 ou en 3-3-4, construite autour du phénomène Sam Kerr, recordwoman de buts dans les ligues australienne et américaine. « Il est vraiment fantastique, quand un nouveau coach arrive, il peut être un peu nerveux. Lui, non et il est très intense et passionné, assure l’attaquante de 25 ans. Tout est calculé et préparé et les filles adorent cela. » Et lors d’une saison qui a vu le football explosif de Liverpool ou de l’Ajax triompher, il ne serait pas étonnant de voir cette tendance se confirmer chez les filles.
Le cadeau surprise : la Jamaïque
La 53e nation mondiale a le privilège d’être la première équipe caribéenne à participer à une Coupe du monde. Pour voir la France, les Reggae Girlz ont réussi la prouesse de ne s’incliner que face aux mastondontes nord-américains (2-0 contre le Canada et 6-0 contre les États-Unis). Et si la marche risque d’être haute lors de ce mois de juin, les Jamaïcaines placent beaucoup d’espoirs dans leur talisman Khadija « Bunny » Shaw, attaquante d’1,80m auteur de 22 buts en 31 sélections. La sélection de Hue Menzies devrait débarquer avec quelques repères, puisque de nombreuses joueuses évoluent dans la ligue américaine et le groupe est un savant mélange entre des natives de l’île, mais aussi des filles ayant grandi en Angleterre et aux États-Unis. Les Reggae Girlz ont donc toutes les cartes en main pour faire mieux que les Boyz, qui avaient disputé leur premier (et seul) Mondial en France en 1998. Et elles risquent surtout de laisser un tout autre souvenir que les dernières Jamaïcaines s’étant déplacées dans un stade de l’Hexagone il y a 21 ans de ça.
La joueuse frisson : Barbara Bonansea
Oui, il faut savoir tourner la page Marta. Car toute sextuple meilleure joueuse FIFA (de 2006 à 2010 et 2018) qu’elle est, la Brésilienne va se faire piquer la vedette par Barbara Bonsansea, de cinq ans sa cadette. Guitariste émérite et fan des livres de Dan Brown, elle est surtout la star de la Juventus et des réseaux sociaux. Surtout, ce milieu offensif porte sur ses épaules Le Azzurre par sa qualité technique, si bien que le site de la FIFA compare sa manière de dribbler à celle du slalomeur Alberto Tomba, et ses coups francs directs, avec sa spéciale « feuille morte » , à ceux d’Andrea Pirlo. Et si on tient absolument à tisser des liens avec des pairs masculins, on peut aussi lui trouver une accointance avec Giorgio Chellini. Comme le défenseur bianconero, Barbara a étudié les sciences de l’économie à l’université de Turin, alors qu’elle a validé son diplôme en macroéconomie et en stratégie entrepreneuriale quelques jours après avoir qualifié la Nazionale pour sa troisième phase finale.
Trois bonnes raisons de suivre ce groupe :
Parce que Miraildes Maciel Mota, plus connue sous le nom de « Formiga » (Fourmi, en VF), défie les lois du temps. À 41 ans, la capitaine du PSG va rehausser le record de participations à une phase finale (6 et bientôt 7) et peut aussi améliorer son record de buteuse la plus âgée, qu’elle a établi en 2015 à 37 ans et 98 jours au compteur. Roger Milla, buteur à 42 ans en 1994, peut tout de même dormir tranquille. Parce que l’Italie dans un Mondial, ça nous avait manqué. Parce que l’esprit de Bob plane sur ce groupe : il y a huit ans, les programmes féminins ont été dissous par la Fédération jamaïcaine de football (JFF) en raison d’un manque de financement. C’est Cedella Marley, fille de, qui en 2014 a collecté les fonds pour redonner des couleurs aux Reggae Girlz.Trois bonnes raisons de n’en avoir rien à cogner :
Parce que ce plateau ressemble plus à un dernier carré de tournoi de beach volley. Parce qu’avant de voir la Seleção débarquer au stade du Hainaut, Valenciennes n’a accueilli que trois Brésiliens dans son histoire : Jeovânio, Rafael Schmitz et Thiago Xavier… Pas forcément les plus grands artistes issus du pays. Parce que le 18 juin à 21 heures, créneau du dernier match de ce groupe, les Bleuets commencent leur Euro espoirs face à l’Angleterre. Et l’avenir, c’est important.La stat (pas si) à la con : 17
Comme le nombre de « femmes inspirantes » choisies en mars 2018 par Mattel, dans le cadre de la campagne #MoreRoleModels, pour devenir les modèles d’une collection de poupées Barbie. Parmi elles, la tenniswoman Naomi Osaka, l’artiste Frida Kahlo, la chef Hélène Darroze, la mathématicienne Katherine Johnson, la cinéaste Patty Jenkins, la danseuse étoile Yuan Yuan Tanla, l’escrimeuse américaine Ibtihaj Muhammad — première athlète voilée à représenter les USA –, mais aussi Sara Gama, capitaine de l’Italie et de la Juve.
En l’honneur de la journée des droits de la femme, la capitaine de la Juve et de la Nazionale Sara Gama a désormais une barbie à son effigie en tant que modèle féminin d’inspiration pour les futures générations de filles #InternationalWomensDay pic.twitter.com/8guiVA7njT
— Juventus FR (@Juve_France) 8 mars 2018
Mais pourquoi elle a failli ne pas venir ?
Doyenne du groupe jamaïcain, Christina Chang a dû négocier sur tous les fronts pour pouvoir participer à ce Mondial. La défenseure d’origine américaine de 33 ans est dans le civil contrôleuse aérienne à l’aéroport international de Miami, mais elle a également dû repousser à plus tard sa lune de miel et son projet de fonder une famille. Pas de panique, elle devrait être libre dès le 18 juin, date du dernier match de poule face à l’Australie.
L’inexpertise de Dominique, percussionniste et manager de Sambatuc :
« Le Brésil avec cinq étoiles, ils ont le statut de favoris. Ah, on parle des femmes ? Là, je ne sais pas trop, mais le football est un sport culturel. Au Brésil, tout le monde aime ça, même si les hommes sont favorisés dans ce milieu assez machiste. Le fait qu’on les surnomme lesSamba Queens, même si j’adore le samba – oui parce que le samba est un nom masculin qu’on a faussement féminisé -, je trouve ça assez péjoratif. Ça suppose que les femmes sont meilleures pour danser que pour jouer au foot. En plus, ça fait presque« Drag Queens ». Certes, au football comme pour danser, il faut avoir une certaine habileté pour bouger ses jambes, avoir le sens du rythme. Cela dit, je crois que le foot est plus associé à la capoeira. D’illustres footballeurs la pratiquaient, et la légende dit que ça aide à éviter les défenseurs. Si la France était amenée à croiser le Brésil pendant la compétition, je pense qu’il y a des soucis à se faire : là-bas, il se dit que les Français ont plus une réputation de dragueurs que de danseurs… C’est vrai que certains sont assez ridicules. »
Si ce groupe était un tube de l’été :
Une artiste australienne d’origine sicilienne qui chante en français, difficile d’être plus pertinent. Surtout qu’ « aller plus haut » reste bien le credo des quatre sélections dans ce tournoi.
Par Mathieu Rollinger