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Coupe du monde 2018 : la fiche du Japon
Par Mathieu Rollinger
Les Samouraïs bleus ont posé en Russie leurs valises lestées de doutes à la suite du licenciement tardif de Vahid Halilhodžić. Leur chance ? Être tombés dans une poule assez homogène, compter sur le retour de valeurs sûres comme Shinji Kagawa ou Keisuke Honda, et avoir accumulé une petite expérience dans les compétitions internationales.
La liste des 23
Gardiens : Masaaki Higashiguchi (Gamba Osaka), Eiji Kawashima (Metz), Kosuke Nakamura (Kashiwa)Défenseurs : Wataru Endo (Urawa), Tomoaki Makino (Urawa), Yuto Nagatomo (Galatasaray), Gotoku Sakai (Hambourg), Hiroki Sakai (Marseille), Gen Shoji (Urawa), Naomichi Ueda (Kashima), Maya Yoshida (Southampton)Milieux de terrain : Makoto Hasebe (Francfort), Genki Haraguchi (Hanovre), Keisuke Honda (Pachuca), Takashi Inui (Eibar), Shinji Kagawa (Dortmund), Ryota Oshima (Kawasaki), Gaku Shibasaki (Getafe), Takashi Usami (Düsseldorf), Hotaru Yamaguchi (Cerezo Osaka)Attaquants : Yoshinori Muto (Mayence), Shinji Okazaki (Leicester), Yuya Osako (Brême)
Le onze type
Kawashima – Ueda, Yoshida, Makino – H. Sakai, Hasebe, Yamagushi, Nagatomo – Honda, Kagawa – Osako
L’analyse tactique
« Pays du Soleil Levant » certes, mais surtout pays des matins brumeux. Car le Japon nage en plein brouillard à quelques jours d’aborder la sixième phase finale de Coupe du monde (consécutive) de son histoire. Vahid Halilhodžić bazardé en avril à cause de méthodes qui ne passaient plus dans le vestiaire et les bureaux de la Fédération, c’est Akira Nishino qui a récupéré le dossier. Pas le temps de faire mille essais, il a fallu parer au plus pressé. À savoir s’appuyer sur Honda, Kagawa et Okazaki, des cadres et cautions techniques en délicatesse avec le Bosnien. Derrière, les tauliers Hasebe et Yoshida seront quant à eux chargés d’assurer l’assise défensive. Tout ce petit monde n’a eu que trois matchs amicaux pour tenter de se rassurer. Après deux défaites nettes et inquiétantes face au Ghana (0-2), puis contre la Suisse (0-2), les Samouraïs bleus se sont légèrement rassurés face au Paraguay (4-2). C’est donc en mode commando que les Japonais se rendent en Russie. En espérant que cela ne se transforme pas en une mission kamikaze.
La stat à la con : 4
Comme le nombre de joueurs dans cette équipe à avoir écrit un livre. Le capitaine Hasabe a vendu des millions de copies de son essai intitulé Kokoro o totonoeru (soit « Entretenir l’esprit » en VF) qu’il avait commencé en 2012, un an après le tsunami et la catastrophe de Fukushima, dont il a reversé 1,8 million d’euros des recettes à l’UNICEF. Plus egocentré, Maya Yoshida a de son côté récemment sorti son autobiographie sobrement titrée Esprit imbattable, où on peut se délecter d’une prose telle que : « La résilience peut vous donner la force de continuer à avancer lorsque vous êtes pris sous la pluie ou la tempête, continuez votre voyage dans la vie. Et c’est une force qui réside en chacun d’entre nous. » Autre gratte-papier, l’attaquant de Leicester Shinji Okazaki a signé, pour dépasser ses peurs du quotidien, un bouquin de développement personnel. Enfin, Yuto Nagatomo a pour sa part publié plusieurs manuels pratiques sur les bases du yoga. À défaut de la Coupe du monde, donnez-leur le Goncourt, qu’on n’en parle plus.
Ce que Poutine dirait de cette équipe
« Vous savez, le judo, ce n’est pas seulement un sport. C’est une philosophie. C’est le respect des aînés, de l’adversaire, il n’y a pas de faibles dans ce sport » , déclarait le président russe dans le livre d’entretien Première personne paru en 2000, en hommage à ce sport d’origine nippone qu’il aime tant. Plus récemment, il aurait ajouté dans un rire gras : « Pour le football, c’est autre chose. S’il y a des faibles, ce sont bien ces nullards du Japon. »
Il aurait pu être russe, mais il est né à… Settsu
Une gueule qui lui permettrait de jouer un rôle de mafieux dans les blockbusters, des cheveux blonds comme les blés, un vrai sens de la démesure, mais aussi de l’échec. Si Keisuke Honda avait vu le jour du côté de l’autre côté de la mer du Japon, il aurait été le même. C’est d’ailleurs en Russie, plus exactement au CSKA Moscou, qu’il s’est fait remarquer en 2010 et 2013. Aujourd’hui exilé au Mexique tel un vulgaire Léon Trotsky, l’homme qui porte une montre à chaque poignet ne veut absolument pas manquer son retour au pays.
Le joueur frisson : Hiroki Sakai
Ok, Shinji Kagawa est beaucoup plus soyeux balle au pied. D’accord, Keisuke Honda est plus fantasque. On le concède, le petit Ryota Oshima ressemble à une bonne pioche. Mais celui que tout le monde veut voir, du moins de ce côté-ci du globe, est l’increvable Hiroki Sakai. Bien que latéral, le Japonais est une des meilleures garanties des Japonais. Sobre, combatif, dévoué, dénué de tout ego mal placé, le « Sushi » d’Adil Rami encaisse avec le sourire les quolibets un brin clichés de ses partenaires marseillais sans pour autant se défiler quand il s’agit d’assurer sur le pré. Et puisqu’on est en Russie, on ne peut que s’attendre à ce que Sakai.
Le joueur qu’on n’a pas du tout envie de voir : Eiji Kawashima
35 balais, trois Mondiaux au compteur, huit ans à rouler sa bosse en Europe, sept langues parlées, des réflexes incroyables, mais incapable de porter le FC Metz sur ses épaules pour éviter aux Grenats la relégation. L’imposture a assez duré et il est temps d’arrêter les frais, Monsieur Eiji.
Le grand absent : Vahid Halilhodžić
Coach Vahid s’était juré ne pas avoir à revivre l’expérience de 2006, quand il avait qualifié la Côte d’Ivoire pour sa première Coupe du monde, mais avait été remercié avant les derniers hectomètres. Entre-temps, la sensation qu’il avait réussie à créer avec l’Algérie au Brésil n’aura pas été retenue comme un argument de poids du côté des Samouraïs bleus, dont il a pris la tête en 2015. Et c’est à quelques longueurs du Mondial que le Bosnien a été fauché par ses dirigeants, pas mal de joueurs et les médias. L’ancien Canari a beau clamer « ne pas mériter ça » , son licenciement s’est soldé par un retour aux affaires courantes, comme celles consistant à gérer les rumeurs d’une collaboration avec Waldemar Kita. Coquin de sort.
S’ils étaient un tube de l’été…
On ne donne pas de grandes chances à ce titre d’AKB48 pour faire péter les charts. Mais en 2010, il avait accompagné le Japon jusqu’en huitièmes. Sur un malentendu, ça pourrait repasser…
Pourquoi ils vont… repartir rapidement en laissant la place nette
Sans toujours marquer les esprits sur le terrain, les Japonais ont coutume de se faire remarquer pour leur civisme. Il y a quatre ans au Brésil, les supporters se donnaient pour mission de nettoyer leur tribune après les matchs, sac poubelle en main. Mais le gros du travail sera à faire par les joueurs eux-mêmes qui devront chercher plusieurs fois le ballon que Radamel Falcao aura balancé dans leurs filets, ramasser leurs reins après le passage de Sadio Mané, et récurer la vanité de Robert Lewandowski. Sûrement les taches les plus tenaces.
Le programme
Colombie-Japon
Mardi 19 juin, 14 heures, à Saransk
Japon-Sénégal
Dimanche 24 juin, 17 heures, à Iekaterinbourg
Japon-Pologne
Jeudi 28 juin, 16 heures, à Volgograd
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